Après deux «sorties» pour recadrer tous les intervenants et acteurs animant le débat sur la scène politique, qui avait pris une direction et un ton consternants, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a opéré, jeudi dernier, un dernier recadrage, sous forme de directive cette fois, à l'adresse de l'administration et ses responsables, à tous les niveaux. Il est demandé au gouvernement et à tous les responsables de «veiller à prendre toutes les dispositions que commande une organisation parfaite» de l'élection présidentielle du 17 avril prochain, «sous tous ses aspects, dans le souci d'en garantir le bon déroulement, dans le respect de la loi et des principes de neutralité, de régularité, de transparence et de crédibilité» qui ne devraient «susciter le moindre doute», écrit le chef de l'Etat. L'instruction présidentielle explicite l'action et les missions des autorités publiques dans trois mesures. En premier lieu, il est demandé «le respect scrupuleux, par tous les commis de l'Etat mobilisés dans le cadre de l'organisation de cette élection, du principe d'équité et d'impartialité, tout en s'abstenant de tout acte susceptible de porter atteinte à tous les droits dont jouissent les électeurs et les candidats et que la Constitution et la loi garantissent. En conséquence, il faut veiller au strict respect de la loi organique relative au régime électoral, aussi bien dans ses aspects liés à la responsabilité de l'administration et l'impartialité de ses agents vis-à-vis des partis politiques et des candidats, que pour ce qui est des garanties inhérentes à la régularité du scrutin et à sa transparence». La deuxième mesure s'adresse aux walis et tous les responsables concernés desquels le Président attend qu'ils veillent «personnellement à réunir toutes les conditions et à mobiliser toutes les potentialités disponibles pour assurer au scrutin du 17 avril 2014 une organisation parfaite». «Il leur appartient de placer en tête de leurs priorités leur responsabilité pleine et entière de mettre en échec toute tentative visant à attenter au principe de neutralité ou à compromettre la crédibilité du scrutin», édicte la troisième et dernière mesure. «De telles pratiques sont à bannir et à châtier, qu'il s'agisse de l'utilisation des biens et des moyens de l'administration ou des biens publics au profit d'un parti ou d'un candidat donné, ou de tout comportement, position ou acte de nature à entamer la régularité et la crédibilité du scrutin», poursuit M. Bouteflika. À ce titre, le chef de l'Etat instruit «le gouvernement et les walis, chacun en ce qui le concerne, de veiller en personne à la stricte application du contenu de la présente directive par l'ensemble des agents de l'administration publique à quelque niveau de responsabilité qu'ils se trouvent et quelles que soient les missions dont ils sont investis dans la gestion des opérations électorales». Il est ainsi exigé des responsables concernés, «à compter de la promulgation de la présente directive et jusqu'à l'annonce officielle des résultats définitifs du scrutin» de prendre toutes les mesures nécessaires pour promouvoir et faciliter l'exercice par les électeurs de leur droit de vote, garantir à la campagne électorale une organisation sans faille et un bon déroulement, remettre aux représentants des candidats et des partis politiques participant à cette élection, et dans les délais prescrits par la loi, une copie de la liste électorale de chaque commune et une copie de la liste des membres des bureaux de vote, et permettre aux représentants des candidats d'exercer, de manière effective, leur plein droit de contrôler tout le processus de vote, de dépouillement et de comptage des voix dans tous les locaux où se déroule l'opération, y compris les bureaux de vote itinérants, et mettre à leur disposition des copies des différents procès-verbaux des résultats du scrutin. Il est enfin demandé aux responsables de faciliter le travail des commissions et sous-commissions de surveillance des élections. Et pour garantir un bon déroulement du processus électoral, M. Bouteflika donnera à la deuxième partie de sa directive la forme d'un appel à la presse publique et privée pour qu'elle apporte «sa contribution à la création d'un climat propice à la libre expression du choix des électeurs et des électrices, j'attends des médias publics qu'ils fassent preuve de rigueur professionnelle et de professionnalisme en vue de garantir un traitement équitable pour tous les candidats, tant lors de la campagne électorale que durant la phase qui la précède. Je souhaite, en outre, que les organes de presse privés observent le même sens du devoir professionnel en respectant l'éthique de la profession qui exige de faire prévaloir l'objectivité lors du traitement des informations relatives à cet important événement». H. G.