Les escadrons de la mort continuent de tuer à Ghaza. Au dix-septième jour de l'agression israélienne contre la population de la bande de Ghaza, rien n'a vraiment changé pour un peuple plus que jamais meurtri : une vingtaine de morts en une seule journée sont venus se joindre à ceux des journées précédentes ; en plus d'autres dizaines de blessés, dont beaucoup sont dans une situation critique. Le décompte macabre ne s'arrête donc plus et s'établit jusqu'à la fin de la journée d'hier à plus de 917 morts, dont 277 enfants et une centaine de femmes, et plus de 4 000 blessés. Sauf que, sur le terrain des combats, le nombre de raids israéliens a baissé, tout autant que les tirs de roquettes palestiniennes sur le sud de l'Etat hébreu. Mais la violence reste la même, puisque des dizaines de témoins ont rapporté aux agences de presse des témoignages accablants sur le caractère de crimes de guerre que commet Israël. Des images diffusées sur certaines chaînes satellitaires ont montré des enfants et des blessés palestiniens atteints par des bombes contenant de phosphore larguées par les avions du l'armée israélienne tout au long de la journée. Ce genre d'armement, interdit d'utilisation, notamment dans des endroits à forte concentration démographique, peut s'avérer fatal puisqu'il cause des dommages graves au niveau de certains organes vitaux, comme les poumons et les reins. Pendant ce temps, les troupes terrestres israéliennes ont tenté de pénétrer dans certains quartiers de la ville de Ghaza, notamment dans les quartiers populeux de cheikh Ajline, Touffah et Zeitoun, apparemment sans grand succès, puisqu'elles se sont heurtées à la résistance des combattants des factions palestiniennes, selon les témoignages recueillis par des agences de presse. Mais en l'absence de journalistes étrangers et face à la dangerosité de la situation sécuritaire, il est difficile d'établir un véritable état des lieux de la situation sur le terrain. La difficulté est plus grande en ce qui concerne le nombre de victimes israéliennes. Ainsi, aux chiffres jamais déterminés donnés par le Hamas -qui annonce chaque jour avoir tué un nombre de soldats- l'Etat hébreu donne toujours- une énigme- presque le même chiffre depuis le début de l'agression, à savoir dix militaires et trois civils tués. Sur le plan politique, le cabinet israélien est arrivé à une véritable impasse depuis quelque temps. Puisque en plus du manque de visibilité politique, due essentiellement à la difficulté d'atteindre les objectifs assignés à l'opération baptisée «Plomb durci», de graves divisions viennent d'apparaître au niveau du gouvernement de Ehud Olmert. Face à la pression de l'état-major de l'armée qui demande encore plus de moyens, notamment humains, et la hausse vertigineuse du nombre de victimes civiles, le gouvernement ne sait plus où donner de la tête. Pis, les trois principaux dirigeants du gouvernement, à savoir le Premier ministre Olmert, le ministre de la Défense, Barak, et la ministre des Affaires étrangères Livni, n'arrivent plus à accorder leur violon. Et pour cause, pendant que le premier veut poursuivre les attaques sur Ghaza, Ehoud Barak et Tzipi Livni (les deux sérieux postulants à la tête du gouvernement lors des législatives toujours maintenues au 10 février) veulent cesser les hostilités de manière unilatérale, une manière d'éviter de reconnaître Hamas comme partenaire politique. Mais la tendance actuelle est à l'arrêt de l'agression. Puisque en plus des difficultés internes, Israël est de plus en plus isolé sur la scène internationale. En plus de la résolution –très mitigée- du Conseil de sécurité de l'ONU, le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies a condamné, hier, «les crimes contre l'humanité» commis par les sionistes et demande une commission d'enquête internationale à Ghaza. Autant d'éléments qui constituent un revers pour l'Etat hébreu. Sauf que les bonnes paroles n'ont pas empêché, jusqu'à présent, les assassins de tuer les enfants ni n'ont redonné de l'espoir aux Palestiniens. A. B.