Des représentants du «Comité pour la sauvegarde de la plage de Madagh II», en l'occurrence, Amel Ait Kaci Ahmed et Sofiane Ould Taleb se sont présentés hier à notre rédaction, pour lancer un véritable SOS et tirer la sonnette d'alarme afin de sauvegarder une zone naturelle protégée où la faune et la flore endémiques seront mises en péril par le projet d'un abri de pêche lancé par le ministère des Travaux publics. Amel Ait Kaci Ahmed souligne que «les citoyens de la région ont été surpris de constater que des travaux de terrassement ont débuté au niveau de cette zone protégée, un microcosme endémique menacé d'extinction à cause de ces travaux. Ne pouvant rester insensibles à ce massacre écologique, des citoyens, dont des habitants de la région, des biologistes, des experts en environnement et même des pêcheurs, représentés par Abdelkader Sofiane Djebarri ont décidé de lancer une pétition, notamment sur les réseaux sociaux et en faisant du porte à porte afin de sensibiliser le plus grand nombre face à ce désastre écologique». Le comité de citoyens a également envoyé une lettre ouverte au ministère des Travaux publics et ministère de l'Environnement, avec en pièce jointe, la liste des signataires de la pétition opposés à ce projet qui a recueilli à ce jour plus de mille signataires. Dans cette lettre ouverte le comité souligne qu'«il est indéniable que ce projet représente un puissant levier économique, mais il n'en demeure pas moins qu'il sera la cause de la destruction d'une faune et d'une flore rares et endémiques, et voir ainsi leur disparition définitive et irréversible. En plus de la pollution qu'un tel projet peut engendrer causant un impact néfaste sur les écosystèmes marins et terrestres de cette région». Ainsi, les citoyens exhortent les responsables du secteur à revoir leurs positions en prenant en compte les conséquences qu'un tel projet peut avoir sur la nature et l'environnement de la région. Afin d'argumenter leurs démarches avec des preuves scientifiques, les membres du comité ont réalisé une vidéo avec un expert du domaine, en l'occurrence Abdel Kader Djebbari, mandataire de pêche à Bouzedjar, qui, à travers des cartographies et preuves scientifiques, démontre que «le projet de réalisation d'un abri pour bateaux de pêche par le ministère des Travaux publics, qui est en cours de réalisation, est un projet non seulement destructeur pour la nature et les écosystèmes locaux, mais aussi, non viable pour l'économie de la région». Dans cette vidéo, il est également souligné que la plage de Madagh qui est un site protégé par extension aux îles Habibas, est située entre le port de Bouzedjar existant depuis 1986 (7 km approximativement) et à 7 km de cap Blanc qui est un village de pêcheurs. Ainsi, les premiers concernés par ce projet, en l'occurrence les pêcheurs de la région, estiment qu'il «aurait été plus pertinent et rentable économiquement pour la région d'aménager et d'améliorer le port de Bouzedjar déjà existant, mais qui néanmoins manque d'aménagements essentiels tels que les sanitaires, douches...». Dans le même sillage, les pêcheurs du village de Cap Sigli ne comprennent pas la pertinence de la construction d'un abri pour bateaux de pêche, dans une région déjà possédant toutes les infrastructures nécessaires aux pêcheurs. Abdelkader Djebbari explique à ce propos que «le pêcheur qui travaille et habite au niveau de Bouzedjar ou Cap Sigli préférerait laisser son bateau, matériel de pêche dans un endroit où, déjà, il est installé, où il y a déjà le transport et n'irait en aucun cas dans un abri situé à 7 km de l'endroit où il vit, arrimer son bateau et ensuite faire le trajet vers son village pour rentrer». Il est souligné à cet effet, que la mairie de la région l'APC de Bouzedjar, daïra de Amria, wilaya de Aïn Témouchent s'est rapprochée des pêcheurs afin que ces derniers présentent les documents nécessaires à l'acquisition d'une cabane poste à quai, mais aucun pêcheur ne s'est à ce jour présenté, parce que tout simplement «le pêcheur à son entrée de mer a besoin de se retrouver dans une ville où, il pourra se détendre et se reposer, voir se soigner et ne comprend pas comment ont peut porter atteinte à la plage de Madagh, un endroit vierge et sauvage, qu'il est inadmissible de détruire». S. B.