La crise politique en Ukraine prend sa dimension internationale et révèle l'éternelle confrontation Russie-Occident. La guerre froide ne s'est jamais arrêtée pour reprendre. Les luttes pour l'extension et le contrôle des zones d'influence ont toujours alimenté cette confrontation. Face à la crise politique en Ukraine, la Russie s'octroie le droit de réagir et d'intervenir comme l'ont fait les Occidentaux en Irak, en Afghanistan, en Libye... et partout à travers le monde au nom du droit d'ingérence. Samedi dernier, la Russie s'est donné le droit d'intervenir militairement en Ukraine pour protéger ses intérêts et ses citoyens, au grand dam des Occidentaux qui ont multiplié les mises en garde face au risque d'un éventuel conflit armé. Contrairement aux Occidentaux qui font de la démocratie et des droits de l'Homme leur Cheval de Troie, les Russes déclarent ouvertement qu'ils veulent défendre leurs intérêts en Ukraine et ne sont porteurs d'aucune valeur. Le message de Moscou est clair : «Protéger ses intérêts et les populations russophones» en cas de «violences» dans l'est de l'Ukraine et en Crimée, a indiqué un communiqué du Kremlin. Poutine a estimé que la vie des Russes résidant en Ukraine était menacée par les «actions criminelles des ultranationalistes soutenus par les actuelles autorités» ukrainiennes. Selon le Kremlin, le Président russe a demandé d'autoriser «le recours sur le territoire de l'Ukraine aux forces armées russes jusqu'à la normalisation de la situation politique dans ce pays». Les Occidentaux qui usent des mêmes précédés sans demander l'avis de quiconque, sont outrés par la réaction russe. L'Occident hausse le ton et l'Otan se mobilise en convoquant hier une réunion d'urgence alors que Washington exige de la Russie le retrait de ses forces déployées en Crimée, dans le sud de l'Ukraine, faute de quoi elle s'exposait à un isolement international et à un impact «profond» sur ses relations avec les Etats-Unis. Ces tensions entre la Russie et l'Occident ne sont pas nouvelles et ne seront pas les dernières. L'ordre mondial tel qu'il fonctionne porte en son sein les facteurs de toutes ces dérives guerrières, le bruit de bottes et l'odeur de la poudre. Mais les puissances mondiales, y compris les Russes, feront tout pour qu'une guerre n'éclate pas à leurs portes, mais loin de leurs frontières, comme c'est le cas en Syrie et comme ce fut le cas en Irak, en Afghanistan, en Libye, au Mali, en Centrafrique où ces guerres et ces violences entre puissances sont menées par procuration. Tant que l'ordre mondial reste en l'état, la logique de la guerre et de la violence reste de mise, mais ses victimes sont à chercher ailleurs, dans la périphérie des puissances économiques et militaires, en Afrique et en Asie. Le véritable risque d'un embrasement planétaire couve sous les effets de la crise économique et financière mondiale qui menace l'Occident en perte de vitesse, de marchés et d'influence. À ce propos, rien n'est fait pour rééquilibrer les rapports économiques mondiaux afin de permettre au Sud d'entamer son développement, sa croissance et son émancipation. A. G.