La pression monte en Ukraine. Le nouveau pouvoir de Kiev a demandé l'aide de Washington et de Londres. Alors que des soldats russes ont été déployés en Crimée, les autorités ukrainiennes de transition estimant que 2 000 militaires russes ont été aérotransportés sur un aéroport militaire près de Simféropol, la capitale de cette région russophone, où mouille une importante flotte russe (Sébastopol), Barack Obama a haussé le ton, mettant en garde son homologue du Kremlin contre toute initiative malveillante. Climat de "guerre froide" : Le Pentagone a en même temps fait savoir qu'il suivait de près les mouvements des troupes russes le long de la frontière ukrainienne. La situation s'est détériorée en ce début de semaine alors que la semaine dernière, Vladimir Poutine était sorti de son long silence sur l'Ukraine par un bref communiqué dans lequel il s'efforçait de circonscrire cette crise à un problème purement économique. Le président russe s'était borné à demander à son gouvernement de tenir des consultations avec ses partenaires étrangers, FMI et G8, pour organiser une assistance financière à Kiev. Ce qui était loin des gesticulations de sirènes occidentales annonçant le retour à la confrontation est-ouest, sur fond de partition de l'Ukraine. Obama de son côté ne faisait pas montre d'enthousiasme pour la seconde révolution Orange de ce pays frontalier avec la Russie, ni menacé comme son prédécesseur George W. Bush, initiateur de Orange I en 2004, de favoriser l'entrée de l'Ukraine dans l'OTAN. Le président américain qui cherche à rapatrier tous ses GI's et Marines d'Afghanistan, répète sur tous les tons qu'il n'est pas question d'un retour à la guerre froide, privilégiant la stabilité, ce qui est aussi "dans l'intérêt de la Russie", insistait son secrétaire d'Etat John Kerry auprès de son homologue russe. Jusqu'ici Obama joue au funambule sur une corde raide. D'un côté, ne rien faire qui pourrait forcer Vladimir Poutine à un affrontement, de l'autre, montrer aux Ukrainiens, et à son opinion publique, qu'il est du bon côté de l'Histoire et soutient le combat pour la démocratie. Quoiqu'il en soit, les deux rivaux de la guerre froide devraient se voir fin juin à Sotchi, ville russe des Jeux Olympiques d'hiver dont les feux viennent à peine de s'éteindre. Cette année, le président russe est l'organisateur du G8. Il serait difficile à Obama de boycotter de nouveau le tête-à-tête avec l'hôte du sommet. En 2013, le président américain avait annulé sa rencontre avec Poutine, en signe de mécontentement envers la posture russe sur la Syrie. En outre, il semble que Moscou a fini par mettre de l'eau dans sa vodka. Après avoir bombé le torse en annonçant des manœuvres militaires près de la frontière ukrainienne, les Russes s'emploient désormais à dédramatiser pour ne pas nourrir l'escalade. C'est le message que le Kremlin a fait passer fin de semaine dernière, à plusieurs ambassades occidentales à Moscou, en soutenant que la Russie ne remettrait pas en cause l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Raison gardée, Poutine sait que la Russie n'a pas intérêt à ce que l'Ukraine lui claque entre les doigts. Les nouvelles autorités ukrainiennes, pro-européennes, sont elles aussi conscientes du poids de leur voisin. Un tiers de l'économie ukrainienne est entre les mains de Russes et presque la moitié des Ukrainiens sont de culture russe. Sans oublier que le pays dépend du pétrole et du gaz russes et tire des rentrées en devises par les gazoducs et oléoducs qui acheminent l'or noir à l'Union européenne. La Russie pourvoit à 60% du marché. D. B. Nom Adresse email