Mohamed Rahmani L'éviction de M. Vincent Le Gouic, Directeur général d'ArcelorMittal-Algérie et son remplacement par M. Mukund Kulkarni à compter du 13 mars courant sur décision du conseil d'administration, procède d'une nouvelle démarche visant à donner un nouveau souffle au complexe sidérurgique. Ce changement s'inscrit dans le cadre du plan général de redressement et d'extension de la capacité de production de la société appuyé par les pouvoirs publics à travers des mesures de soutien financier à l'investissement. Proposé par le Groupe ArcelorMittal en raison de son expertise professionnelle à travers différentes fonctions opérationnelles, Monsieur Mukund est ingénieur métallurgiste de formation, titulaire d'un MBA de l'université de Bombay en Inde. Son dernier poste occupé est celui de P-dg d'ArcelorMittal Zenica en Bosnie Herzégovine de 2009 à 2014, usine très similaire à celle d'El-Hadjar dans laquelle il a réussi à mettre en place une stratégie de croissance ayant permis d'augmenter les ventes, d'élargir la part de marché et d'améliorer la profitabilité. «Auparavant, Monsieur Kulkarni a mis en place dans d'autres sociétés des programmes de maintenance et des processus d'amélioration continue pour réduire les coûts de production», souligne le communiqué transmis à notre rédaction régionale d'Annaba. Un homme d'expérience donc, très au fait des problèmes en rapport avec la production, le management et le marketing dont on loue les mérites et les compétences, en revanche, le communiqué n'a consacré qu'une petite phrase, «le conseil d'administration remercie Monsieur Vincent Le Gouic pour sa contribution au sein d'ArcelorMittal Algérie et lui souhaite tous ses vœux de succès pour sa prochaine mission au sein du Groupe ArcelorMittal». Pas un mot sur les nouvelles fonctions de l'ex-directeur général resté sans poste et l'on parle juste de prochaine mission, sans plus. Le communiqué très parcimonieux s'agissant de la gestion du complexe sidérurgique par l'ancien directeur général ne donne pas d'explication à cette éviction qui ne dit pas son nom. Car dans la réalité la situation est devenue intenable au sein du complexe sidérurgique où le mécontentement des quelque 5 200 ouvriers est arrivé à son paroxysme à telle enseigne que le syndicat s'en est lavé les mains et ne répond plus de rien. «Nous avons à maintes reprises prévenu et avertit la DG du complexe sur les dépassements de la DRH, le non-respect du pacte de stabilité sociale par l'employeur, l'absence d'organigramme et de grille de salaires des postes mais on ne nous a pas écouté. Aujourd'hui, le complexe est à moitié paralysé, les travailleurs ne sont plus motivés et leur moral est au plus bas, c'est un refus de travailler auquel le syndicat n'a pas appelé et la situation perdure», nous a déclaré hier M. Kechichi, secrétaire général du syndicat ArcelorMittal Algérie Jeudi, au moment où le nouveau DG, M. Mukund Kulkarni allait être installé dans ses nouvelles fonctions le complexe était en ébullition, plus de 1 200 travailleurs ont assiégé la direction pour demander le départ de M. Frédéric Bayle le DRH, ils avaient interdit tout accès, entrée ou sortie des employés de la direction et ils promettent de revenir à la charge dimanche. «Nous avons demandé le départ du DRH qui est la cause de tous ces problèmes, on ne nous a pas écoutés, on a remplacé le Directeur général, les administrateurs d'ArcelorMittal André Bock, Jean Pierre Mullié et Jean Paul Ordioni, par Marc Vereecke, Dominique Vacher et Ramesh Kothari et on a gardé le DRH, cela veut dire qu'on ne fait aucunement attention à notre demande. La situation s'aggrave de jour en jour et des dérapages ne sont pas à exclure, il faudrait que les pouvoirs publics interviennent», conclut le SG du syndicat. M. R.