Alors que la protestation commence à faire tâche d'huile dans plusieurs régions du pays et qu'une grande marche est annoncée pour ce jeudi afin de dénoncer l'humour déplacé d'Abdelmalek Sellal à l'encontre des Chaouis, le Premier ministre par intérim, M. Youcef Yousfi, considère qu'«il n'y a aucun problème» à ce propos. Répondant à une question relative à la bourde prononcée par son prédécesseur et ayant conduit à plusieurs marches à Batna, Khenchela, Oum El Bouaghi et Aïn Fekroun, M. Yousfi, qui se trouvait hier à Batna, a déclaré -cité par l'APS- que «connaissant l'homme, qui est un ami, je puis assurer qu'il n'y a vraiment pas lieu d'amplifier les choses, d'autant que M. Sellal a énormément de respect pour les habitants de cette région». Il a ajouté, à ce propos, que lui-même et les responsables qui l'accompagnent ne sont pas à Batna «pour calmer quoi que ce soit ou pour régler un problème, car nous considérons qu'il n'y a pas de problème». Si le Premier ministre par intérim considère qu'il n'y a pas de problème cela est loin d'être l'avis de plusieurs centaines, sinon milliers de citoyens qui n'ont guère apprécié la plaisanterie du directeur de campagne du candidat Bouteflika. Rappelons qu'Abdelmalek Sellal, et en marge de la cérémonie d'installation des directeurs de campagne au niveau des wilayas, avait lancé, vendredi dernier, une blague sur les Chaouis en disant : «Vous savez ce qu'on dit à Constantine : le Chaoui hacha rezk rabi.» Cette blague a enflammé les réseaux sociaux et provoqué la colère des Chaouis et de nombreux Algériens d'autres régions. De nombreuses manifestations ont eu lieu ces deux derniers jours dans plusieurs villes de l'Est et les habitants des Aurès s'organisent pour faire une marche qu'ils promettent grandiose ce jeudi. Le Premier ministre par intérim, qui a effectué hier une visite à Batna, la capitale des Aurès pour, officiellement, assister, et ce n'est pas courant pour un Premier ministre, à l'ouverture solennelle de la session de printemps de l'Assemblée populaire de wilaya (APW) et visiter le site du barrage de Koudiat Medouar, a nié formellement sa présence dans la région pour «calmer les esprits». Pourtant sa visite intervient à peine trois jours après la «bourde» de son prédécesseur. En déclarant «nous considérons qu'il n'y a pas de problème», le Premier ministre par intérim n'engage pas uniquement sa personne mais il engage l'ensemble de l'Etat algérien. Cela risque d'être à nouveau considéré comme un mépris par la population de toute une région qui, elle, estime qu'elle a été touchée dans son orgueil. Une situation qui rappelle fortement l'impair lancé par un ex-ministre de l'Intérieur après l'assassinat du jeune Guermah dans les locaux de la gendarmerie en Kabylie. Nourreddine Yazid Zerhouni avait jeté de l'huile sur le feu en déclarant à l'époque que la victime était «un vulgaire voyou». La suite, tout le monde s'en souvient. H. Y.