Mohamed Rahmani C'est Louisa Hanoune, secrétaire générale du Parti des travailleurs qui a ouvert le bal à Annaba en cette campagne pour l'élection présidentielle dont le signal de départ a été donné hier. Les «chauffeurs de salle», des jeunes pour la plupart, criaient son nom à gorges déployées et applaudissaient sous une musique du terroir en attendant l'arrivée de la passionaria. Celle-ci était arrivée avec un peu de retard et c'est devant une salle comble qu'elle prit la parole pour d'emblée rejeter les affirmations de ses détracteurs qui la qualifiaient de «lièvre» et de transfuge du pouvoir. «Je suis issue du peuple, j'ai toujours été parmi vous et vous le savez très bien ici, à Annaba. Si j'étais comme on le dit je ne me serais pas présentée à la magistrature suprême. Ma yhass bel djamra ghir elli aafessha» (Ne ressent l'effet de la braise que celui qui la foule de ses pieds). «Je suis là pour opérer le changement pour que la situation du pays s'améliore sur tous les plans, aujourd'hui, nous avons des institutions périmées et la corruption fait rage, nous ferons tout pour qu'il y ait un renouvellement, une sorte de renaissance. D'ailleurs nous avons l'audace de dire et d'œuvrer par nos actions pour la fondation de la IIe République, une République où tout citoyen aura droit de cité sans exclusion aucune et nous savons de quoi nous parlons parce que nous avons vécu celà. Je vous l'ai dit, je suis du peuple et je milite pour que tout change et ce changement se fera grâce à vous.» Changeant de registre, l'oratrice qui use d'un langage populaire simple aborde le volet économie en martelant ses mots. «Nous avons été contre le bradage de nos ressources et la privatisation tous azimuts, nous avons récupéré le complexe sidérurgique d'El Hadjar qui est revenu dans le giron de l'Etat avec 51% des actions, nous ferons de même pour Fertial (ex-Asmidal) que est gèrée aujourd'hui par une entreprise espagnole qui détient la majorité des actions. Cela se fera le dossier est ouvert.» Dehors les ouvriers licenciés du complexe sidérurgique d'El Hadjar manifestaient pacifiquement devant le Théâtre Azzeddine-Medjoubi où se tenait le meeting «9 000 travailleurs ont été mis au chômage par le Groupe Sider. Où sont nos droits ? Que sont devenues les promesses faites ?» Pouvait-on lire sur les pancartes et les banderoles fixées sur les barrières dressées par le service d'ordre. «Elle ne peut pas représenter les travailleurs, elle n'a rien fait pour nous», nous lance un travailleur au chômage. Louisa Hanoune qui était venue draguer l'électorat à Annaba développant un discours où les promesses sont légion n'a pas comme à l'accoutumée passionné les foules. La secrétaire générale du PT a tâté le terrain, elle en a fait une appréciation qui l'amènera à rectifier le tir et à modifier son discours pour ses prochains meetings. M. R.