Au Forum du quotidien Liberté, où il était l'invité, hier, M. Hamrouche a fait plus que le constat «froid et pragmatique» sur la nature de la crise : il a ainsi indiqué où se trouverait la solution, par où et par qui passerait la sortie de l'impasse. L'ancien Chef du gouvernement, pour qui «la crise est dans une phase aiguë», trois hommes détiennent la solution : Abdelaziz Bouteflika, Ahmed Gaïd Salah et Mohamed Mediène. Estimant que «la crise est majeure» et que «le pays a besoin de sortir de l'impasse», Mouloud Hamrouche appelle les trois dirigeants à ce qu'ils «nous donnent les clefs de la crise» pour que le pays puisse s'engager dans «de nouvelles voies dans l'exercice du pouvoir». L'invité de Liberté soutient, dans ce sens, que le processus de résolution de la crise doit commencer par ces trois hommes, qui, en plus de détenir «les moyens» pour y contribuer, ont surtout «la responsabilité historique» d'aider le pays pour parvenir à une issue de crise. Dans ce qui s'apparente, à bien des égards, à un «plan de sortie de crise», Mouloud Hamrouche appelle ainsi les trois décideurs «à négocier un nouveau consensus avec la société», soulignant que «les trois hommes ont les moyens d'engager le pays dans la voie de la modernité et de la démocratisation». Mouloud Hamrouche, qui a insisté à dire qu'il «raisonne en dehors du système», explique qu'il n'est pas venu avec «une démarche détaillée», mais avec la conviction que «le début du processus passe par les trois hommes». Dans son argumentaire, Mouloud Hamrouche soutient qu'un seul homme ne peut pas résoudre cette crise, qui n'a que trop duré et qui, fait aggravant, n'a pas été évaluée. Raison pour lui, dès lors, de marteler que «le pays a besoin d'un saut qualitatif». Recommandant sagesse et réalisme dans le diagnostic, mais aussi dans l'élaboration des remèdes, il estime qu'il ne faut pas attendre l'effondrement. «Qu'on se donne une adresse et des noms pour se mettre d'accord afin d'agir dans le sens de l'Histoire», suggère l'ancien Chef de gouvernement, qui établira une comparaison avec l'œuvre du trio Krim Belkacem, Abdelhafid Boussouf et Lakhdar Bentobal en prenant «le risque d'accepter l'Indépendance» avec toutes les incertitudes devant accompagner une telle option. «J'espère que je n'ai pas choqué certains», dira le conférencier, une fois le parallèle exprimé, avant de soutenir que «la comparaison tient la route». Mouloud Hamrouche évoquera par la suite, une esquisse de l'aspect pratique relatif à l'élaboration du consensus qui devrait mener le processus. Il s'agit premièrement de voir les trois décideurs s'engager à exprimer leur volonté d'aller dans ce sens, en s'adressant à leurs hommes et à leurs structures. Par la suite, il sera question «d'agréger les avis de la société politique et de la société civile afin de définir les voies et de les communiquer aux Algériens». Pour l'intervenant, «le consensus se fera avec tout le monde», plaidant ainsi pour «un changement dans l'ordre et la sérénité», indiquant que «si on doit le faire (le changement) avec ceux qui sont en place, c'est tant mieux», suggérant par la même de ne pas s'encombrer par le bilan de la crise, qui devrait être laissé, dira-t-il, aux historiens. Mais pour le chef des réformateurs, «la crise a besoin d'une réponse maintenant», d'autant plus que «le temps n'est plus un allié». La préoccupation du conférencier réside dans «l'affaiblissement du pays» et dans l'amenuisement des capacités de maintenir le statu quo. Ce statu quo, qui sera, tranche l'ancien chef du gouvernement, même après la tenue de l'élection présidentielle du 17 avril prochain. «Il y aura des incertitudes d'ici le 17 avril, comme il y aura des incertitudes le jour d'après. Avec ou sans le 4e mandat, les incertitudes seront encore au rendez-vous. Avec ou sans les hommes en place, les incertitudes seront là», tranchera-t-il. Devant une telle «crise aiguë», Mouloud Hamrouche parie que «si le bon sens ne l'emporte pas, il y a un risque d'effondrement», indiquant que «le semblant de consensus de 1992 est rompu». Et pour accompagner l'appel avec un peu de pédagogie, nécessaire dans la confrontation des idées et des projets, Hamrouche déclare que «l'intelligence recommande de quitter ce terrain où tout le monde hait tout le monde». A. Y.