Le ministre du Commerce, Mustapha Benbada, s'est félicité, hier, de l'instauration de la norme alimentaire algérienne halal qu'il considère «indispensable» pour le consommateur algérien. «L'Algérie devait se doter de son propre label halal comme cela est fait par plusieurs pays qui sont de plus en plus nombreux à développer leurs propres normes», dira-t-il. Publiée fin mars 2014 au Journal officiel, cette norme halal qui entrera en vigueur dans une année, a été élaborée par les ministères du Commerce, de l'Industrie, des Affaires religieuses, de l'Agriculture et de la Santé sur la base du codex Alimentarius ou codex alimentaire, un programme commun de la FAO et de l'OMS qui établit normes, codes d'usages, directives et autres recommandations relatifs à la production et à la transformation agroalimentaires pour la sécurité sanitaire des aliments. Ainsi, les produits alimentaires importés comme ceux made in Algeria devront répondre à la norme halal. Au-delà de la «protection du consommateur», l'adoption de cette norme est aussi appréciée pour les perspectives commerciales qu'ouvre le label halal sur un marché international représentant 1,6 milliard de consommateurs, un potentiel de près de 500 milliards de dollars et une croissance de 10% par an. Et le ministre du Commerce nourrit l'espoir que ce label aidera les produits algériens à se faire une place sur ce marché. Mais le marché international, qu'il soit halal ou non, est codifié par une multitude de normes strictes auxquelles nos producteurs doivent se plier. Dès lors, il apparaît que le label halal algérien servira plus l'importation que l'exportation. D'autant plus qu'hormis cette norme et quelques autres, le marché national, phagocyté par l'économie souterraine et la contrefaçon généralisée, est plutôt dégarni, désorganisé et mal encadré, ce qui a ouvert la voie à l'importation de tout et n'importe quoi. Quant à évoquer le codex Alimentarius comme caution, il faut dire qu'il ne représente pas toujours la garantie de sécurité sanitaire des aliments qu'on veut nous faire croire. Des sommités scientifiques et des personnalités médicales sont d'ailleurs montées au créneau pour dénoncer ce codex Alimentarius qui, soutiennent-ils, sert plus les intérêts des grandes multinationales de l'industrie agroalimentaire, de la pharmacie, de la chimie ou de la biotechnologie qui ont leurs relais et lobbys jusqu'au sein de l'OMC, que les consommateurs. Ils en veulent pour preuve l'agrément par le codex de pas moins de huit pesticides interdits qu'il vient d'autoriser et sa recommandation pour le traitement du bétail aux antibiotiques et à l'hormone de croissance commercialisée par la tristement célèbre firme Monsanto. On a la norme halal garantissant le respect des règles religieuses, mais quelle assurance avons-nous que la viande halal n'est pas bourrée d'hormones ou que le maïs n'est pas transgénique, que Monsanto et ses compères n'ont pas trouvé en Algérie un autre marché à empoisonner ? H. G.