Kamel Amghar Le meeting électoral d'Abdelmalek Sellal, prévu pour la matinée d'hier à la maison de la culture, a été finalement annulé. De violents affrontements, opposant les services de l'ordre public et des groupes de jeunes manifestants dans l'enceinte même de l'établissement culturel avant de s'étaler aux ruelles adjacentes, ont amené les organisateurs à renoncer à cette escale béjaouie, évitant ainsi d'envenimer davantage la situation. Dès le départ, le faible dispositif policier mobilisé à l'occasion éprouvait visiblement du mal à maîtriser la colère de quelques dizaines de protestataires qui assiégeaient le lieu du rassemblement en brandissant des slogans hostiles à l'élection présidentielle. Craignant un éventuel débordement, l'arrivée du directeur de campagne du président sortant, Abdelaziz Bouteflika, est reportée d'heure en heure. La salle archicomble attendait en vain depuis 9h30 jusqu'aux alentours de 12h30, heure à laquelle la foule frondeuse se «déchaîne» soudainement, emportant sur son passage la barrière de sécurité plantée autour, et fonce droit vers l'entrée de la salle. Afin d'éviter le face-à-face entre les deux parties, la police fait usage de gaz lacrymogène pour éloigner les assaillants qui, à leur tour, ripostent avec des jets de pierres, faisant au moins cinq blessés parmi les policiers. Un cameraman d'une chaîne de télévision privée a été aussi touché dans la mêlée. Des vitres de la maison de la culture volent en éclats, donnant des sueurs froides à l'assistance. Dès lors, l'ordre a été finalement donné pour évacuer la salle, par petits groupes dans les fourgons cellulaires de la police. Aucun blessé parmi les manifestants n'a été cependant signalé. Pas d'arrestations, non plus, du moins jusqu'à présent. Aux alentours de 16h, la tension baisse et la circulation automobile reprend partiellement dans ce quartier d'Amriw. La veille un autre meeting électoral, en faveur du candidat Abdelaziz Bouteflika, a été pareillement «empêché» à Akbou. Moussa Benhamadi et ses accompagnateurs n'ont pas pu accéder à la salle de cinéma de la ville, préalablement investie par les contestataires. Réagissant à ces incidents, la section locale de la Ligue algérienne des droits de l'Homme (Laddh), à travers un communiqué de presse, a appelé la population à la vigilance et à la clairvoyance. Se positionnant pour un changement pacifique du système politique, la Laddh se démarque de ces actes de violence et exhorte les citoyens à s'autodéterminer dans la démocratie et la tolérance. À noter que les jeunes manifestants qui ont sabordé ces deux meetings, ne se reconnaissent d'aucun mouvement structuré et promettent de faire de même avec tout autre candidat qui s'aviserait à faire campagne à Béjaïa. K. A.