Les candidats sont unanimes à souhaiter que la neutralité de l'institution militaire soit suivie de l'impartialité de l'administration. La campagne électorale s'est achevée, hier, pour les six candidats à l'élection présidentielle par le face-à-face algérois Bouteflika - Benflis qui a enflammé, respectivement, la salle Harcha et le stade Bouazza de Bordj El Kiffan. Sur fond de suspicion de fraude électorale, notamment, après les «dépassements» signalés par les représentants de Saïd Sadi et d'Ali Benflis à Marseille, et lesquels sont imputés au comité de soutien au président-candidat et à certains «diplomates zélés», le scrutin de jeudi prochain pourrait, toutefois, réserver des surprises, tant d'aucuns considèrent que, contrairement à ce qui est affirmé, les dés sont loin d'être jetés et au vu de la campagne électorale menée par les prétendants à la magistrature suprême, en particulier le duo Benflis - Bouteflika qui ont pu drainer des foules compactes, une affluence pourrait être justifiée par le fait que les deux hommes jouissent du soutien de partis politiques, d'associations, de personnalités nationales, à l'image de l'alliance présidentielle (MSP, RND et du mouvement de redressement du FLN) côté Bouteflika et de Ahmed Taleb El Ibrahimi, Sid-Ahmed Ghozali, du FNA de Moussa Touati et du général à la retraite Rachid Benyellès qui ont opté pour Benflis. Sans compter, bien entendu, les organisations de masse (Unja, Unfa, Unpa, Unea...) écartelées entre les deux candidats, après la dislocation du FLN en deux ailes rivales. Le bras de fer entre les deux candidats par comités de soutien interposés et qui s'est manifesté par des incidents, au demeurant minimes, à Relizane, Tissemsilt, Aflou, Chlef , Aïn Témouchent...et Berrouaghia, c'est toute cette atmosphère électrique entre les deux candidats qui fait craindre des débordements le jour du scrutin, si jamais la volonté populaire venait à être confisquée en faveur d'un candidat. Par ailleurs, les sondages réalisés en pleine campagne électorale donnant le président-candidat gagnant au premier tour du scrutin ont été interprétés par les états-majors des autres candidats comme une préparation de l'opinion à un «forcing en faveur de Bouteflika» et une «orientation de l'électorat», ce qui, sous d'autres cieux, est interdit, notamment en période de campagne électorale. A quarante-huit heures du jour «J», les Algériens retiennent leur souffle craignant que les actes d'intolérance enregistrés durant la campagne électorale ne fassent tache d'huile en pleine opération électorale, qui s'annonce sous haute tension, d'autant plus qu'Ali Benflis avait menacé d'appeler ses partisans à descendre dans la rue en cas de bourrage avéré des urnes. Il est normal - car chat échaudé craint l'eau froide - sachant que les mêmes responsables en charge des élections, déjà, entachées de fraude sont ceux-là mêmes qui, aujourd'hui, promettent un scrutin «ouvert», le ton ne sied plus à la confiance chez les candidats, y compris Bouteflika, dont la direction de campagne craint une fraude aux dépens de son candidat. Reste que le rôle le plus déterminant le jour du scrutin revient en premier lieu aux agents de l'administration, aux magistrats et surtout aux scrutateurs des candidats qui doivent faire preuve de vigilance dans les bureaux et centres de vote. Enfin, les candidats sont unanimes à souhaiter que la neutralité de l'institution militaire soit suivie de l'impartialité de l'administration sur laquelle repose, désormais, le sort de la nation.