Malik Boumati L'ancien président du Rassemblement pour la culture et la démocratie, Saïd Sadi, a pris la parole, hier, à Tizi Ouzou à l'issue de la marche organisée par son parti sous le mot d'ordre «Un boycott pour une refondation». Devant les quelque 2 000 personnes qui ont répondu à l'appel de ce parti, Saïd Sadi, qui a multiplié les sorties médiatiques ces dernières semaines, n'a pas manqué de souligner le poids de la Kabylie sur l'échiquier politique en Algérie. «Si la Kabylie boycotte, le système sera mis à genou», a-t-il lancé devant les présents, dont plusieurs dizaines sont des militants du MAK qui se sont joints à la manifestation. À la veille d'une révision de la Constitution, Saïd Sadi s'est aussi dit convaincu que le boycott en Kabylie arrachera la constitutionnalisation du caractère officiel de la langue amazighe. L'ex-président du RCD a également évoqué dans son intervention l'action menée par son parti avec des islamistes pour expliquer que le RCD n'a pas opéré un changement idéologique. «Nous leur avons expliqué qu'une victoire électorale n'est pas un diplôme pour une dictature. Aujourd'hui, ils disent Djazaïr hourra democratia», a-t-il affirmé pour signifier que ce sont les islamistes qui ont changé d'attitude et non le RCD. Sadi abordera la présidentielle de demain jeudi et dénoncera la fraude déjà en cours. Pour lui, «le fichier national électoral est une mine d'or pour les fraudeurs. Les militaires votent dans les villes où ils exercent et aussi dans leurs villages d'origine. Les morts continuent à être convoqués pour voter». Auparavant, l'actuel président du parti, Mohcine Belabès, lancera d'emblée que «cette action de rue ne sera pas la dernière». «Nous allons sortir encore !», a-t-il lancé, avant d'expliquer lui aussi la participation de son parti au front du boycott aux côtés des partis islamistes. «Même si nous ne partageons pas tout avec nos partenaires, nous devons nous entendre parce que notre pays a besoin de nouvelles fondations» a-t-il justifié et d'ajouter que «pour changer le système, il nous faut construire un rapport de force». Dans le même ordre d'idées, le président du RCD indiquera que son parti «n'acceptera pas que quelqu'un utilise la religion en politique. D'ailleurs, ils commencent à comprendre», a-t-il estimé avant de s'en prendre au concept de «main de l'étranger» utilisé pendant la campagne électorale pour la présidentielle et affirmer que «la main de l'étranger est à El Mouradia». «C'est nous qui sauverons ce pays, pas les Français. Pas John Kerry ni l'émir du Qatar», dira encore Belabès non sans tirer sur Bouteflika dont la candidature «a été appuyée par la France». Comme Saïd Sadi, Mohcine Belabès se réjouit que les autres régions du pays «commencent à se réveiller», rendant hommage aux manifestants qui ont marché hier à Batna, mais aussi aux wilayas du sud du pays Ouargla, Ghardaïa, Tamanrasset et Illizi où les citoyens manifestent pour réclamer leurs droits. Il exprimera sa conviction que les manifestations revendicatives se propageront dans toutes les wilayas du pays et non seulement en Kabylie. M. B.