M. Mohamed Abdelaziz, président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) et secrétaire général du Front Polisario, s'est dit hier, surpris de l'accueil par le roi du Maroc du ministre ivoirien de l'Intérieur et de la Sécurité à Dakhla. Il dénoncera par la même occasion l'exploitation médiatique de cette visite par le Maroc dans le but «vain d'essayer de faire entériner l'occupation illégale de notre pays». La Côte d'Ivoire, note le responsable sahraoui, «s'est distinguée depuis le début du conflit par sa position positive et constructive», dans une lettre adressée à son homologue ivoirien, Alassane Dramane Ouatara, diffusée lundi par l'agence de presse sahraouie SPS et relayée par l'agence de presse algérienne APS. «On se souvient parfaitement de l'ancien ministre des Affaires étrangères ivoirien, M. Siméon Aké, qui a dirigé la mission d'enquête des Nations unies au cours de la période de colonisation espagnole de notre pays en 1975 et dont le rapport insiste clairement sur l'impérieuse nécessité d'organiser un référendum d'autodétermination par lequel le peuple sahraoui décidera souverainement de son sort», a-t-il rappelé. «Nous avions été surpris par les informations rapportées, ce vendredi par les médias officiels marocains relatives à l'accueil réservé par le roi Mohamed VI au ministre ivoirien de l'Intérieur et de la Sécurité à Dakhla, partie du territoire de la Rasd, occupée par le Maroc», a encore indiqué le président sahraoui dans sa lettre. «Le gouvernement de la Rasd n'a aucun inconvénient, ni dans le passé, ni dans le présent et encore moins dans l'avenir à ce que les relations existant entre votre pays et le Maroc se raffermissent et se consolident davantage», a-t-il estimé. Cependant, «il serait inconcevable d'accepter que ces relations soient en contradiction avec le droit international dès lors qu'elles encouragent ou cautionnent la politique marocaine d'occupation de notre pays», a-t-il dit. «Vous n'êtes pas sans savoir que le Sahara occidental est un territoire non autonome qui relève de la responsabilité de l'ONU et que son occupation militaire par le Maroc depuis le 31 octobre 1975 est une atteinte grave au droit international, à la Charte et aux résolutions de l'ONU et de l'Union africaine dont la Rasd est un pays fondateur», a rappelé le président Abdelaziz, précisant que «le royaume du Maroc essaie, malheureusement, d'imposer l'occupation illégale du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, comme un fait accompli alors que cette question est un problème de décolonisation». «Le royaume du Maroc use de tous les moyens, y compris les relations diplomatiques le liant à d'autres pays pour les impliquer à reconnaître son occupation du Sahara occidental ou dans le bradage de ses richesses naturelles, ce qui est en soi contraire aux principes pertinents du droit international», a-t-il affirmé. «Une telle visite à une ville sous occupation marocaine, le calendrier et le contexte dans lequel elle a été organisée n'honorent en rien le peuple de la République de Côte d' Ivoire, ni son gouvernement, ni son président, élu démocratiquement en la personne de M. Alassane Ouattara», a-t-il soutenu. «Suite à cette visite, nous voudrions vous transmettre notre vive protestation officielle», a-t-il écrit dans sa lettre au président ivoirien, ajoutant «notre vœu le plus cher est que la République de Côte d'Ivoire demeure loin des manœuvres dilatoires, attachée fermement à une attitude positive qui préserve la Charte et les résolutions de l'Organisation des Nations unies et l'Union africaine». La missive du responsable sahraoui a le mérite d'être claire. Si les Marocains sont dans leurs manœuvres habituelles, les autres Etats se doivent de respecter la légalité internationale. Le Polisario rappelle que la réponse à toute invitation sur son sol occupé ne serait pas seulement de l'ordre de l'inamicale mais sera désormais perçue comme une violation au droit international et une hostilité manifeste envers le peuple sahraoui et sa cause juste. M. S./APS