L'évaluation des festivités du 30e anniversaire de la République arabe sahraouie démocratique à Tifariti, dans une partie des territoires libérés du Sahara occidental, a été au menu hier au siège de l'ambassade de la RASD à Alger. D'emblée, le diplomate sahraoui, Mohamed Islem Beïssat, s'est expliqué sur cette histoire de “zone tampon” répandue par les forces d'occupation marocaine. “La RASD a tous les droits d'organiser des festivités sur les territoires libérés, les accords du cessez-le-feu n'empêchent aucunement des activités dans ces territoires. Tifariti est située à 300 km du territoire algérien, elle ne se trouve pas aux frontières algéro-sahraouies, mais plutôt aux frontières mauritano-sahraouies. La région de Tifariti n'est pas une zone tampon, car elle est distante de 80 km du mur, c'est-à-dire qu'elle est conforme à la norme internationale”, a déclaré l'ambassadeur sahraoui, en révélant “la volonté du Maroc de nuire à l'Algérie”. Le diplomate a carrément parlé d'“hystérie” de Rabat, qui a usé de “mensonges” et de “fausses allégations”, sans parvenir finalement à décourager les 800 invités étrangers et les milliers de Sahraouis à se rendre sur la terre de Tifariti, le 27 février dernier. M. Beïssat a même qualifié l'événement commémoratif et ses répercussions politiques de “réussite”. D'après lui, le message délivré ce jour-là au monde entier est on ne peut plus clair : la recherche d'une solution incluant la tenue d'un référendum sous les auspices de l'ONU, conforme à la légalité internationale. “Les Sahraouis ont le droit d'exercer leur droit à l'autodétermination. Il ne peut y avoir d'autre démarche politique ou diplomatique, parce que l'autonomie est une des options du référendum, au même titre que l'intégration au Maroc et l'indépendance”, a-t-il souligné. L'ambassadeur de la RASD à Alger a d'ailleurs estimé que la proposition de l'autonomie n'est rien d'autre qu'un “habillage du fait accompli”. “Aucun pays ni organisation internationale ne reconnaissent l'occupation illégale du territoire sahraoui par le Maroc”, a-t-il encore indiqué, non sans rappeler l'Intifada des Sahraouis dans les territoires occupés “pour s'opposer à cette occupation”. Au cours de la rencontre, d'autres points ont été abordés ou complétés par le conférencier. Ce dernier a en effet indiqué que le retour aux armes est exclu “maintenant, à l'instant même où je vous parle” par les autorités de la RASD et le Front Polisario, lesquels privilégient la voie “pacifique et démocratique”. Malgré les sacrifices et les nombreuses concessions, les Sahraouis restent toujours attachés à leurs “droits naturels et légitimes”, a néanmoins précisé Mohamed Beïssat. Sur ce chapitre, il a rappelé que le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination est un droit accepté par le Maroc en 1982 à Nairobi, en 1991 à Genève et en 1997 à Houston. “À nos voisins marocains de comprendre que rien n'a changé en ce qui concerne la nature du conflit”, a affirmé le diplomate, invitant plus loin l'Occident, notamment la France et l'Espagne, à “retenir la leçon d'octobre 1975”. À propos des discussions qui se tiennent actuellement au Maroc autour de l'autonomie du territoire du Sahara, le sujet a été évacué par le conférencier, qui a attesté que le problème du Sahara occidental “est entre les mains des Nations unies” et que Sahraouis et Marocains sont les deux parties dans ce “conflit international”. L'ambassadeur de la RASD a même exprimé son optimisme, convaincu que le secrétariat général de l'ONU est chargé de trouver une solution qui ne contredise ni la charte des Nations unies ni les résolutions du Conseil de sécurité, fidèles au droit à l'autodétermination. Il a enfin rendu un grand hommage à “la position de principe” de l'Algérie et à “la lettre historique” que le président Bouteflika a envoyée à son homologue sahraoui, le 27 février 2006. Hafida Ameyar