Pour l'ex-Chef du gouvernement qui a officiellement obtenu 12,30% des suffrages, ces résultats sont loin de refléter la réalité. Selon ses dires, il est le gagnant de cette élection avec pas loin de 4 millions de voix sur un total de 6 millions de votants. Ali Benflis, qui conteste donc les résultats officiels, affirme également que le taux de participation a été gonflé. Et afin de permettre à l'ensemble des citoyens d'être aux faits de la fraude, le conférencier a annoncé que d'ici une quinzaine de jours, il rendra public un «Livre Blanc» où sera consigné l'ensemble des cas de fraude et les résultats réels de l'élection du 17 avril dernier. Le Livre Blanc, en plus qu'il sera transmis à l'ensemble des médias, sera disponible sur Internet, a annoncé Ali Benflis. Ce dernier affirme, dans le même sillage, que ce n'est pas la première fois que le Conseil constitutionnel «s'écarte de sa mission». Il rappelle à ce propos, le cautionnement en 2008 par cette institution du «viol caractérisé de la Constitution qui a supprimé la limitation des mandats». Le principal rival d'Abdelaziz Bouteflika lors de la présidentielle a même affirmé que trois membres du Conseil constitutionnel qui ont validé les candidatures et proclamé les résultats «ont fait campagne électorale pour un candidat». Il s'est posé ensuite plusieurs questions sur la neutralité du Conseil constitutionnel à la tête duquel le Président «a nommé un proche parmi les proches». Il s'est demandé, entre autres questionnements, comment cette institution a accepté «une candidature dont le dossier médical est manifestement contraire à la réalité connue de tous». Il a conclu après ces interrogations, «pour toutes ces raisons, je ne reconnais pas les résultats proclamés par le Conseil constitutionnel que je considère dépourvus de réalité matérielle et d'effets politiques ou légaux». Ali Benflis a dit clairement : «Mes droits ont été lésés. Je suis le vainqueur politique et moral de ce scrutin présidentiel.» Déterminé à poursuivre son combat, l'ex-Chef du gouvernement a annoncé la création de son parti politique afin de mener le combat pour la concrétisation de son projet de «renouveau national». Mais pas seulement, il a annoncé également qu'il s'engage aux côtés de «toutes les autres forces vives de la nation à réhabiliter le gouvernement du peuple, c'est-à-dire le système politique émanant de la volonté populaire». Il reste convaincu qu'avec l'ensemble de ces forces vives, «il nous est possible de créer un espace de concertation et de jeter les bases d'une initiative politique commune qui aura pour cadre le rassemblement de toutes les forces politiques et sociales attachées à l'objectif du changement comme issue à la crise du régime que connaît notre pays». En évoquant les forces vives de la nation, Ali Benflis a annoncé qu'une coordination est en cours avec les 25 partis qui ont constitué un pôle pour appeler à une transition. Il a également fait état d'une réunion prochaine avec le pôle des boycotteurs. Questionné sur son refus de faire appel à l'intervention de l'armée à l'instar d'autres hommes politiques, l'ex-Chef du gouvernement a dit avoir pris acte du communiqué de Gaïd Salah, le chef d'état-major des armées qui a promis la neutralité de cette institution, «l'ANP est restée spectatrice. Elle a laissé l'administration voler les voix du peuple». Quant à ces actions futures qui permettront de réhabiliter le peuple comme seul décideur dans ce pays, Ali Benflis a expliqué, «je suis un homme politique. J'aurai pu faire beaucoup de choses, mais je considère que quand la violence commence, il n'y a plus place à la politique. Je n'ai pas de pouvoir magique, mais je reprendrai mon bâton de pèlerin pour convaincre le peuple de la nécessité du changement». Ali Benflis ne manquera pas, avant de clôturer sa conférence de presse, en s'adressant à «celles et ceux qui m'ont aidé à porter le projet pour le renouveau» pour leur annoncer «la préparation de la création d'une formation politique (...) Ce parti sera à votre seul service car je le conçois comme le réceptacle de vos attentes, comme cadre de votre mobilisation et comme instrument de réalisation du changement (...) Nous livrerons ensemble le combat (...) sur le terrain politique. (...)». Et afin de réussir son projet, Ali Benflis demande à ses fidèles de rester mobilisés, «la formation politique dont je projette la constitution dans un délai très proche commande que vous restiez mobilisés et organisés (...) cette formation est la vôtre, travaillez pour vous l'approprier». H. Y.