En présentant son projet, Ali Benflis "n'a pas invité l'ex-FIS", a affirmé Abdelkader Sallat. En revanche, "les victimes de la tragédie ne seront pas exclues du débat politique", a-t-il précisé. "Il est impossible d'envisager le retour de l'ex-FIS." Voilà qui devrait probablement mettre un terme à la polémique née des déclarations d'Ali Benflis à Bouira et à Mila et pour lesquelles on lui a attribué, à tort ou à raison, l'intention, s'il venait à être élu, de réhabiliter le parti dissous. "Benflis n'a jamais adressé une invitation à quiconque pour le rejoindre. Il prend acte de toutes les lois élaborées en faveur de la paix, comme la loi sur la Rahma, la Concorde civile et la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. La charte nationale a besoin d'être approfondie car il y a des engagements de l'Etat qui n'ont pas été honorés", a expliqué hier le directeur de campagne d'Ali Benflis, Abdelkader Sallat, invité du Forum du journal gouvernemental El Moudjahid. "Les gens qui se sont rendus coupables de crime, ayant du sang sur les mains, leur retour à la scène politique est exclu. Il n'est pas question qu'ils reviennent", a-t-il assuré. Lors de ses meetings, notamment à Bouira et à Mila, l'ex-chef du gouvernement, candidat à la présidentielle, Ali Benflis, a estimé que "la crise que vit l'Algérie depuis 25 ans a pour cause l'exclusion d'une partie du peuple algérien de l'activité politique". Une déclaration décryptée par certains observateurs et la presse notamment comme un appel du pied de Benflis aux dirigeants du parti dissous. "L'ex-FIS a été dissous par une décision de justice irréversible, mais sa base est une réalité que l'on ne peut nier. Ses militants doivent inscrire leur activité dans un cadre légal et doivent s'engager à rejeter la violence. En présentant son projet, Benflis n'a pas invité l'ex-FIS, en revanche, les victimes de la tragédie ne seront pas exclues du débat politique", a affirmé Abdelkader Sallat. Benflis dont le silence pendant 10 ans est expliqué par "le choix de la sagesse" auquel il a opté "pour éviter au pays l'embrasement" après l'échec à l'élection de 2004 ne cautionne-t-il pas un processus électoral biaisé et un scrutin joué d'avance ? "Dire que le jeu est fermé et qu'il va vers l'échec, c'est méconnaître Benflis. Il présente un programme car il considère que le pays est dans un virage dangereux. Il considère que le changement est une demande populaire. Il est donc décidé à aller au combat quel que soit le résultat. Il y va pour proposer une alternative", explique l'ex-ministre de la Justice. "Si certains prennent le parti de la fraude, ils assumeront leur responsabilité", avertit-il, toutefois, en annonçant que leurs partisans seront présents dans tous les bureaux. Mais il a récusé que Benflis ait brandi la menace de sortir dans la rue en cas de fraude lors du scrutin prochain. "Quand il a dit ‘nous ne tairons pas', cela veut dire que le combat politique va continuer." Mais d'ores et déjà, le staff de campagne de Benflis ne manque pas de relever les multiples dépassements dont sont coupables les partisans du Président-candidat. Un gouvernement transformé en staff de campagne au profit du Président-candidat, "ce n'est pas un honneur à la République", un membre d'un Conseil constitutionnel qui assiste à un meeting et un ministre de l'Education qui affirme avec assurance que leur candidat passera — "qu'attendez-vous de l'école qu'il parraine", ironise-t-il — sont autant de dépassements relevés par les partisans de Benflis. "Les dépassements sont nombreux", soutient Sallat. À la question sur les accusations portées par le staff de Bouteflika contre les partisans de Benflis après certains incidents qui ont émaillé leurs meetings, notamment à Ouargla et à Marseille, Abdelkader Sallat s'est livré à une série d'interrogations. "Pourquoi les accusations sont dirigées contre Benflis ? Quelques sont les preuves que ces perturbateurs sont proches de Benflis ? Quels sont les preuves qu'ils ont été actionnés par Benflis ?". "Que peuvent-ils attendre lorsqu'ils insultent le peuple et développent un discours médiocre", ironise-t-il. Selon lui, "cette campagne contre Benflis, un poid lourd, vise à le souiller". Enfin, sur la visite de John Kerry en Algérie, l'ex-ministre de la Justice estime que les "Etats-Unis, comme tous nos partenaires, ont le droit de s'informer". "C'est une visite programmée depuis longtemps. C'est aller vite en besogne que de croire qu'elle est liée au calendrier électoral. Les élections ne se décident pas ailleurs." K. K. Nom Adresse email