«Les efforts de médiation algérienne pour trouver une solution politique à la crise malienne permettent aujourd'hui d'entrevoir une lueur d'espoir», a affirmé, mardi, le ministre des Affaires étrangères Ramtane Lamamra. Lors d'une conférence de presse au siège du ministère, en présence du président de la Commission de la Communauté des Etats de l'Afrique de l'ouest (Cédéao), M. Lamamra a indiqué qu'avec le concours des pays et des institutions de la région à l'instar de la Cédéao, «l'Algérie entend renforcer cette dynamique de paix au mali». Ramtane Lamamra fera état, dans ce sens, de visiteurs non annoncés qui sont reçus à Alger, en annonçant également qu'à la demande du président Bouteflika il fera un nouveau périple dans les pays du Sahel dans quelques jours, au cours duquel il prendra part, le 18 mai prochain, à une nouvelle session du Comité stratégique bilatéral algéro-malien, et à une réunion des pays du Sahel. Affirmant que les efforts conjoints de l'Algérie et la Cédéao n'ont jamais cessé dans le dialogue avec les groupes armés au Nord Mali pour trouver une solution à la crise dans ce pays, Ramtane Lamamra a tenu à préciser que les groupes terroristes sont exclus de ce processus. Il a estimé que la légitimité malienne, issue des élections qui ont doté le pays d'un Président en la personne d'Ibrahim Boubacar Keita, et d'un gouvernement, doit être assistée par tous pour asseoir dans le pays une paix mais aussi un développement durable. «La médiation algérienne dans le conflit malien est ancrée dans l'histoire», a déclaré le ministre algérien des A E, qui a indiqué qu'il y a aujourd'hui place à la coordination des efforts entre les différents pays et institutions de la région en faisant remarquer, pour autant, qu'«il n'y a aucune compétition ni concurrence entre l'Algérie et la Cédéao concernant la médiation dans ce pays». Il a estimé, en revanche, que «le rôle que doit jouer l'Algérie pour trouver une solution à la crise malienne n'est pas une option, mais une nécessité», et ce, avant d'afficher son optimisme en affirmant que «la solution à la crise au Mali est à notre portée». «Pour tout problème politique, il faut trouver une solution politique», a affirmé pour sa part, M. Kadré Désiré Ouédraogo, qui a expliqué que la Cédéao a, dans son intervention au Mali, agit en deux volets. Le premier était destiné à répondre à la menace terroriste, et en deuxième lieu, de régler le problème de transition politique. Après avoir expliqué que la Cédéao a accompagné le Mali à travers sa médiation, jusqu'à la tenue d'élections présidentielle et législatives, il a précisé que les efforts de l'organisation qu'il dirige étaient d'achever cette transition et de poursuivre le processus, notamment l'engagement d'un dialogue inclusif. Le président de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo a affirmé toutefois, qu'à partir du moment où le Mali dispose d'institutions républicaines élues, notre rôle est d'être à la disposition de ces autorités pour engager un dialogue visant à trouver une solution à la crise dans ce pays. Au cours de la conférence, qui a été surtout dédiée à l'expérience de la Cédéao, en tant qu'exemple d'intégration économique et politique, le président de la commission de cette organisation régionale qui englobe 16 pays de l'Afrique de l'Ouest, a énuméré ses priorités, mais aussi les raisons de sa visite à la tête d'une délégation en Algérie. Le président Ouédraogo, indiquera, que sa venue en Algérie est destinée à «remercier le gouvernement et le peuple algérien pour le soutien dont la Cédéao a bénéficié de l'Algérie, durant toute la période où il a eu à gérer dans la sous région, l'effort de recherche de la paix, et aussi bien au Mali qu'en Guinée-Bissau», ajoutant que «l'Algérie a toujours été à nos côtés à la recherche de solutions». Il a affirmé que cette visite se veut aussi l'occasion pour «présenter la stratégie de développement accéléré de l'espace sahélien», adoptée par la Cédéao en expliquant qu'elle vise à «faire en sorte que cette région ne soit plus une source d'instabilité», pour que par un développement harmonieux elle soit une zone de paix et de coexistence pacifique. Ce faisant, cette stratégie repose sur trois axes majeurs, a-t-il dit, notamment le désenclavement de cette zone, en la reliant à son voisinage du Nord et du Sud par des infrastructures appropriées de communication et d'énergie. Il s'agit en outre de soutenir le pastoralisme et l'irrigation dans cette zone et, enfin, l'éducation «pour faire en sorte que la jeunesse soit bien éduquée», «la mettre hors de portée des vendeurs de rêves», et «empêcher qu'elle soit embarquée dans des activités néfastes». À cela s'ajoute un axe transversal, qui concerne la paix et la sécurité, sans lequel aucun développement n'est envisagé. Or, «cette stratégie ne peut être menée à terme uniquement par les pays de la Cédéao, nous avons besoin de tous les pays voisins et partenaires», dira le président de la Commission, en rappelant avoir organisé à Washington un échange avec toutes les parties prenantes du Sahel. Il a réitéré, à ce sujet, la demande de concours de l'Algérie pour la réalisation de cette stratégie. En abordant les réalisations de la Cédéao, son commissaire a fait état de l'établissement d'un passeport commun pour 15 pays sur 16, l'abolition des visas entre pays membres qui envisageraient la mise en place d'une carte d'identité biométrique commune, et les prélèvements communautaires pour le financement des activités de l'organisation ainsi que la force d'attente. Parmi les contraintes, il fera état, notamment, du manque d'infrastructures, des lenteurs de mise en œuvre des décisions et la faiblesse de la production agricole. A. R.