Le court-métrage Passage à niveau, du réalisateur algérien Anis Djaad a été projeté lundi passé, au Short Film Corner, un espace dédié aux professionnels en marge de la sélection officielle du 67e Festival international du cinéma de Cannes. Deuxième œuvre du réalisateur, Passage à niveau, film méditatif sur la solitude d'un garde-barrière de trains. Ce film de 23 mn montre la vie morne et répétitive d'un vieil employé interprété par Rachid Ben Allal, affecté à la sécurisation de jour comme de nuit d'un passage à niveau dans un village algérien et qui un jour reçoit une mystérieuse lettre qui va bouleverser ses habitudes. Avec très peu de dialogues, une technique de plus en plus prisée par les jeunes réalisateurs algériens qui privilégie l'image aux textes, et des plans qui jouent sur le contraste entre l'immensité des paysages autour de la gare et le réduit modeste du personnage. Le réalisateur s'attache à communiquer au spectateur l'isolement de ce vieil homme dont le seul lien avec le monde extérieur consiste à répondre aux appels annonçant le passage imminent d'un train. Analphabète, le héros va se lier avec un clochard incarné par Samir El Hakim pour lui demander de lui lire une lettre dont le contenu n'est pas dévoilé, mais que le cinéaste a choisi de suggérer par les textes de chansons de Dahmane El Harrachi et d'Ahmed Wahbi sur la trahison et la nostalgie. Cette œuvre sombre et mélancolique, à la trame narrative dépouillée, a réussi à susciter l'intérêt des quelques spectateurs présents grâce à une esthétique particulière qui tire sa force des atmosphères créées par le cinéaste. Connu en Algérie en tant que technicien du cinéma et réalisateur du film Si Muhand U M'hand, dédié à la vie du grand poète kabyle du 18e siècle, Rachid Ben Allal s'illustre dans ce film où il interprète avec sobriété et émotion son premier rôle au cinéma. Coproduit par l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (Aarc) et la société privée Nnaya Productions, Passage à niveau est le seul film algérien à avoir été projeté au 67e Festival de Cannes. Les autres productions algériennes sont uniquement présentées sous forme de bandes-annonces au Pavillon international et au Marché du film du Festival dans deux stands tenus par l'agence. Le 67e Festival de Cannes se poursuit jusqu'au 25 mai avec dix-huit longs métrages en compétition pour la Palme d'Or. R. C.