La Coupe du Monde approche à grands pas cramponnés. L'événement tient en halène tous les amoureux de la balle ronde qui ont déjà les yeux braqués sur le Brésil. Pays du football et du roi Pelé, la nation retient son souffle au fur et à mesures que le tournoi universel avance. Un Mondial où les enjeux politico-sportifs ont déjà commencé avec les voix de contestations qui ne cessent de s'élever pour dénoncer les sommes exorbitantes dépensées pour abriter la 20e messe universelle alors que la situation sociale au pays est jugée précaire. Seul un sacre de la sélection pourrait faire oublier ce portefeuille pesant consacré pour la circonstance. La «Seleçao» jouera donc avec ce fardeau qui sera certainement lourd à porter dans une poule «A» où figurent le Cameroun, le Mexique et la Croatie. Un quatuor qu'on va tenter de décortiquer. Le Brésil, l'éternel favori Les Brésiliens vont quand même participer à leur 20e Coupe du Monde en... 20 éditions. Qui dit mieux ? Personne sans doute! Le Brésil de Scolari, le sélectionneur qui est un adepte du beau jeu et de la prise d'initiatives. Avec des éléments comme le prodigieux Neymar qui épaulera l'expérimenté et l'ancien lyonnais Fred ou encore le «héros» Hulk, on a eu le droit à un prologue l'été dernier à l'occasion de la Coupe des Confédérations. Au milieu on retrouve des joueurs de talent comme Oscar et Willian. Des footballeurs à la palette technique hors-pair qui seront soutenu par les Paulinho et Luiz Gustavo. Des récupérateurs aux énormes capacités physiques dont la fusion peut faire des étincelles et permettre aux «Auriverde» d'avoir les clés des rencontres sachant que, de nos jours, la bataille du milieu de terrain peut en décider de l'issue. Derrière, la défense ne peut être mieux garnie. Avec une charnière composée de Thiago Silva et David Luiz, des latéraux de prestige à l'image de Daniel Alves et Marcelo, l'équipe brésilienne aura fière allure au point de se permettre de se passer des services de Felipe Luiz qui évolue à l'Atlético Madrid... rien que ça. Beaucoup d'atouts pour le quintuple champion du monde qui pourra compter sur sa coqueluche Neymar Junior. Elu meilleur joueur sud-américain de l'année en 2011 et 2012, meilleur buteur de la Seleçao en 2013, il constitue certainement le plus gros espoir du foot brésilien. Le Barcelonais a clairement fait de la Coupe du Monde un objectif. Avec 27 buts en 46 matchs, le numéro 10 possède déjà de bonnes statistiques en sélection. Dans l'ombre de Messi en club, il sera cette fois la vedette et tentera de porter l'attaque brésilienne durant le Mondial. Aura-t-il les épaules assez solides pour le faire ? Ça reste à vérifier. Cependant, comme toute équipe, le Brésil peut avoir un point faible. Hormis Neymar, on ne pourra dire que l'effectif de Scolari compte un attaquant de renom dans ses rangs. Et pourtant, le talentueux Diego Costa, «soufflé» par l'Espagne, aurait facilement pu se faire une place sur l'échiquier de l'entraîneur. En outre, et même s'il a laissé une bonne impression lors de la Coupe des Confédérations, le vieillissant Julio Cesar (34 ans) est l'autre faille à exploiter. Malgré ces quelques «imperfections», les Brésiliens devraient atteindre au minimum le dernier carré. Le Cameroun ou l'Eto'o-dépendance Après être sortis du groupe de qualification le plus difficile du continent africain, les Lions Indomptables, qui ont pris part 7 fois au tournoi planétaire, tenteront d'éviter trois autres pièges au Pays de la Samba. Lors des éliminatoires, le Cameroun a utilisé 19 joueurs évoluant en Ligue 1 française (avec les Nkoulou, Bedimo ou encore Aboubakar), ce qui en fait, après la France la sélection la plus représentée du championnat français. Malgré l'arrivée de pas mal de nouveaux noms, Eto'o Samuel reste la star de la cette sélection camerounaise. L'ancien joueur de l'Inter et de l'Anzhi est un véritable leader en plus d'être un excellent joueur. Même si son rendement a baissé et son engagement avec la sélection de son pays a été remis en question plusieurs fois, le joueur aux 112 caps (55 buts) est sans doute le joueur à suivre. Après avoir annoncé, pour la énième fois, sa retraite internationale, car il ne s'entendait pas avec le sélectionneur Finke, c'est le président Biya qui aurait convaincu le numéro 9 de revenir sous les couleurs du Cameroun. Heureusement d'ailleurs car les Lions Indomptables ne sont pas aussi fort sans lui. En attaque, Aboubakar n'obtient pas encore le rendement qu'il a en club, donc le Cameroun compte principalement sur Eto'o pour marquer des buts. Qui a parlé d'Eto'o- dépendance ? Encore, sa présence sera-t-elle suffisante pour permettre aux siens de sortir indemnes de ce groupe ? Pour ce qui est des pronostics, les héritiers de Patrick M'boma sont promis à une élimination en phase de poules. Il faudra avoir du cran et des crocs pour dicter sa loi sur le rectangle vert. Le Mexique : ce miraculé Le Mexique, qui pèse 15 participations a bien failli ne pas participer à cette Coupe du Monde! En effet, les poulains de Miguel Herrera ont été les 31es et avant dernier qualifié pour le Mondial. Qualification arrachée en barrage contre la Nouvelle-Zélande, en marquant 9 buts sur l'ensemble des deux matchs alors qu'ils n'avaient marqué au total que 7 buts en 10 matchs lors des qualifications. On peut dire qu'ils ont tout donné sur les barrages. En comptant sur des joueurs bien connus du public français, et pour cause, il y a 4 ans en Afrique du Sud, Chicharito avait crucifié l'équipe de France lors du premier tour de la compétition pour offrir le billet en huitièmes pour son pays. Depuis, à Manchester United, l'avant-centre souffre de la concurrence de Van Persie et de Rooney devant et joue beaucoup moins alors qu'en sélection, il est le joueur qui a été le plus utilisé lors des qualifications (16 matchs au total, mais seulement 5 buts). Il sera certainement titulaire sur le front de l'attaque mexicaine lors du Mondial. Le Mexique reste une énigme pour bons nombre d'observateurs. 46 joueurs au total ont été utilisés durant les qualifications (dont 5 gardiens). Nul doute que cette équipe se cherche encore et ne compte pas vraiment de cadres sur lesquels compter. Seront t-il prêts pour relever le défi? Beaucoup de doutes qui envoient les Mexicains à la trappe. Leur mission parait difficile, mais au football rien n'est impossible. La Croatie pour la résurrection La Croatie (4 phases finales) a, elle aussi, dû passer par les barrages pour se qualifier pour la Coupe du Monde. Et pour cause, dans son groupe elle a affronté une équipe de Belgique qui a terminé avec 9 points d'avance au classement du groupe. Rien que ça... Les Croates n'ont pas eu la tâche facile lors des barrages avec une confrontation contre l'Islande qui a vu son dénouement lors du match retour, seulement. Malgré le parcours difficile lors des éliminatoires, les «Damiers» ont du talent à revendre surtout dans l'entre-jeu. Mais c'est bien le Mozart du foot croate que nous avons choisi, en la personne de Luka Modric. Le joueur du Real Madrid s'éclate cette saison (depuis le départ d'Ozil) sous les ordres d'Ancelotti. Ses prestations en club le destinent à être le véritable métronome de sa sélection lors de la Coupe du Monde. Avec un bon Rakitic à ses côtés, il faudra prendre la Croatie au sérieux dans cette compétition. Seul petit bémol, elle a peu marqué lors des matchs de qualifications. Pourtant dans ses rangs, elle compte l'attaquant du Bayern, Mario Mandzukic. À lui seul, le Bavarois a mis 4 des 12 buts croates. Le parcours dépendra grandement du rendement de sa gâchette même si la qualification à l'étape suivante semble dans les cordes des Croates qui étaient, rappelons le, absents de la dernière édition abritée par l'Afrique du Sud. Le Croatie- Mexique risque d'être décisif pour la suite de la campagne. Si le pays hôte a forcément et logiquement les faveurs des pronostics, le second ticket attisera les convoitises. Un sésame pour trois... ça promet. M. T.