Quarante personnes, 38 combattants et deux civils, ont été tuées lors des combats qui opposent, depuis lundi, l'armée ukrainienne aux insurgés pro-russes pour le contrôle de l'aéroport de Donetsk, dans l'Est séparatiste, a annoncé le maire de la ville. Parallèlement, les autorités de Kiev ont affirmé avoir repris le contrôle total de l'aéroport, théâtre lundi de combats violents. Au cours de l'opération «anti-terroriste», deux civils et 38 participants aux combats ont été tués, a déclaré à des journalistes le maire de la ville, Olexandre Loukiantchenko, qui tient ses informations des services médicaux. La situation reste très tendue. Hier matin, 31 personnes étaient encore soignées à l'hôpital, dont quatre habitants, a ajouté le maire. Les combats ont fait rage dans l'enceinte de l'aéroport international de Donetsk depuis le début de l'après-midi de lundi. L'armée a déployé hélicoptères, avions de combat et parachutistes pour reprendre le contrôle de l'aéroport, un site stratégique pour l'accès à l'est du pays, que les séparatistes avaient investi sans violences dans la nuit de dimanche à lundi. «L'aéroport est sous notre contrôle total. L'adversaire a essuyé de lourdes pertes et nous n'avons pas de pertes», a affirmé le ministre ukrainien de l'Intérieur, Arsene Avakov. Le 25 mai, l'oligarque Petro Porochenko a été élu dès le premier tour à la présidence de l'Ukraine, avec près de 55 % des votes. Le taux de participation a été élevé au niveau national, sauf à l'est du pays en raison des violences et des intimidations séparatistes. S'exprimant devant ses partisans à son siège de campagne, il a affirmé que sa première priorité serait d'en finir avec «la guerre et le chaos» et de restaurer la paix. Mais il a également annoncé que l'Ukraine ne reconnaîtrait jamais le référendum qui a conduit en mars à l'annexion de la Crimée par la Russie et a rejeté cette «occupation». Après avoir glissé son bulletin de l'urne, il avait aussi dénoncé «les terroristes qui veulent transformer le Donbass en Somalie». Premier oligarque à avoir soutenu le soulèvement pro-européen contre Viktor Ianoukovitch, qui a débuté fin novembre à Kiev, le «roi du chocolat», âgé de 48 ans, est donné vainqueur avec un score de 55,9 %. Lors de la campagne, il avait mis en garde contre les risques de nouvelles violences si un deuxième tour devait être organisé trois semaines plus tard. L'élection présidentielle de dimanche était présentée par les autorités provisoires, en place à Kiev depuis la chute de Viktor Ianoukovitch, comme une étape essentielle pour doter le pays d'un pouvoir à la légitimité incontestable face aux séparatistes de l'est du pays. Mais les opérations de vote ont été largement entravées dans les provinces orientales de Donetsk et Louhansk, où les séparatistes, qui ont proclamé le 11 mai dernier des «républiques populaires» indépendantes, ont bloqué la quasi-totalité des bureaux de vote. D'après les responsables chargés de l'organisation du scrutin, moins d'un bureau de vote sur cinq a pu recevoir les électeurs inscrits dans ces deux provinces formant le Donbass. Dans la ville même de Donetsk, une cité industrielle d'un million d'habitants dont les rues ont été désertées par crainte de violences, aucun bureau de vote n'a ouvert. Les autorités s'attendaient à ce qu'environ cinq millions d'électeurs aient le plus grand mal à voter, soit un peu moins de 15% des 36 millions d'électeurs inscrits en Ukraine. R. I.