Les candidats en lice pour l'élection présidentielle de dimanche en Ukraine ont mis fin à leur campagne conformément à la loi régissant un scrutin dont Kiev espère qu'il esquissera une sortie de crise mais qui se déroulera sous très grande tension dans les régions séparatistes. Dans le sud et l'est du pays, les pro-russes entendent entraver autant que possible les opérations de vote. Selon Konstantin Hivrenko, de la commission centrale des élections, cinq des douze circonscriptions électorales de Donetsk sont bloquées par les séparatistes. Les électeurs qui y sont inscrits devront se rendre dans l'aéroport de la ville pour pouvoir déposer leur bulletin dans l'urne. Vendredi, de nouveaux combats entre séparatistes pro-russes et miliciens favorables aux nouvelles autorités au pouvoir à Kiev depuis la fuite de Viktor Ianoukovitch en février ont fait au moins deux morts près de Donetsk. La veille, une attaque contre des soldats ukrainiens a fait 17 morts dans les rangs de l'armée. Les opérations de vote débuteront dimanche à 08h00 (05h00 GMT) et se dérouleront jusqu'à 20h00 (17h00 GMT). Des sondages sortie des urnes donneront les premières tendances mais les résultats définitifs ne devraient pas être annoncés avant lundi, quand le millier d'observateurs de l'OSCE, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, auront rendu leur verdict sur les conditions du scrutin. POUTINE S'ENGAGE À RESPECTER L'ISSUE DU SCRUTIN Les autorités mises en place en février à Kiev après le soulèvement des pro-Européens de "Maïdan" espèrent que cette élection présidentielle anticipée contribuera à stabiliser la vie politique du pays. Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'Union européenne, qui se retrouveront mardi pour faire le point après les élections européennes en cours, profiteront également de cette occasion pour évaluer la possibilité d'enclencher de nouvelles sanctions contre la Russie s'ils estiment que Moscou a entravé la tenue de la présidentielle ukrainienne. Vladimir Poutine, qui avait déjà surpris les observateurs en appelant, en vain, les séparatistes du Donbass à repousser leur référendum d'autodétermination du 11 mai dernier, s'est engagé vendredi à reconnaître le résultat de la présidentielle. "Nous traiterons le choix du peuple ukrainien avec respect", a assuré le président russe devant des investisseurs réunis pour le Forum économique de Saint-Pétersbourg. "Une guerre civile fait déjà rage en Ukraine", a-t-il toutefois ajouté. Les autorités ukrainiennes ont promis une suspension des opérations contre les séparatistes le temps de l'élection, que Kiev qualifie d'événement le plus important depuis l'indépendance, en 1991. "Nous sommes déterminés à ce que des élections honnêtes et transparentes aient lieu", s'est engagé le chef du gouvernement provisoire, Arseni Iatseniouk. Mais les affrontements observés vendredi font craindre de nouvelles violences. Samedi matin, un journaliste de Reuters a vu deux cadavres à un check-point situé à l'ouest de Donetsk où des coups de feu ont été échangés pendant trois heures. Le favori du scrutin, Petro Porochenko, un magnat qui a fait fortune dans la confiserie, a exhorté les électeurs à assurer sa victoire dès le premier tour. Si un second tour, prévu le 15 juin, s'avère nécessaire, Porochenko redoute qu'il ne puisse se tenir du fait d'une dégradation supplémentaire de la situation.