Dix-sept Peuls musulmans ont été tués lundi dans le centre de la Centrafrique par des jeunes gens armés se réclamant des milices chrétiennes anti-Balaka. Des responsables de ces milices ont nié toute implication, imputant ces tueries à des «jeunes incontrôlés». «Certains corps ont été mutilés et brûlés par les assaillants», a indiqué un officier de la force de l'Union africaine en Centrafrique (Misca). Le massacre, perpétré dans la ville de Bambari, a entraîné des «actes de représailles» de combattants de l'ex-rébellion Séléka, majoritairement musulmane, a-t-il précisé. «Des tirs ont été entendus dans certains quartiers, faisant quelques morts ainsi que des blessés et fuir au moins 6 000 personnes à l'évêché, à la cathédrale Saint-Joseph notamment», a-t-il expliqué. Des soldats français de l'opération Sangaris ont ensuite pris position pour faire baisser la tension dans Bambari, ville où la Séléka a installé son nouvel état-major depuis son départ en janvier de la capitale, Bangui, sous la contrainte des militaires français et africains. Interrogés sur ces nouvelles violences, des responsables anti-Balaka à Bangui ont nié que leurs miliciens en aient été à l'origine, affirmant ne pas reconnaître «ces jeunes incontrôlés agissant de leur propre chef pour des raisons inavouées et qui multiplient de tels actes dans la région». Depuis le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par la Séléka, la Centrafrique vit une crise sans précédent, marquée par de terribles violences. Les exactions des groupes armés contre les civils ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés. Dans un rapport publié hier, la Fédération internationale des ligues des droits de l'Homme (Fidh) souligne que des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité ont été commis et sont toujours commis en Centrafrique dans un «conflit de l'impunité», les auteurs échappant à toute poursuite du fait de la faillite de l'Etat. «C'est un conflit politico-ethnique pour le contrôle du pouvoir qui a progressivement pris une dimension religieuse. Ceux qui donnent les ordres aujourd'hui sont en train de se rendre responsables d'une épuration et de commettre des crimes internationaux dont ils devront rendre compte», dénonce la Fidh, qui demande à la procureure de la Cour pénale internationale (CPI) «d'ouvrir rapidement une enquête».