La tension en Centrafrique est extrême après un attentat contre des militaires de la mission internationale (Misca) qui a perdu deux soldats tchadiens à Bangui. L'attaque a eu lieu lors d'affrontements dimanche soir avec des miliciens anti-balaka qui avaient, dans le même quartier, lynché puis mis à mort, trois civils, avait annoncé une source sécuritaire de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique (MISCA). "Une unité tchadienne de la Misca basée en province qui revenait à Bangui pour se ravitailler a été la cible de jets de grenade dimanche soir de la part d'anti-balaka", a indiqué le colonel Bengone Otsaga, chef de la police de la Misca. De son côté, le général Martin Tumenta, chef des opérations militaires de la Misca a précisé que "deux militaires ont été tués et un autre blessé dimanche par des grenades, au cours d'affrontements dans le quartier Combattant, où un autre soldat tchadien a été grièvement blessé lundi au cours de nouveaux accrochages". Selon le général Tumenta, les victimes ont été attaquées alors qu'elles se déplaçaient à pied dans le quartier. C'est dans ce même quartier que trois civils ont été tués samedi par une foule en colère qui avait stoppé leur véhicule avant de les exécuter. "Certaines populations, notamment la population musulmane, subissent une forte pression de certaines milices armées", a concédé lundi le général Soriano, tout en réaffirmant qu'il "n'y a pas de nettoyage ethnique" en Centrafrique. Certaines populations musulmanes centrafricaines "ont peur, certaines se sont déplacées dans la Centrafrique, d'autres en revanche sont restées, protégées par d'autres communautés", a-t-il estimé. Amnesty international avait mis en garde mi-février contre le "nettoyage ethnique" de civils musulmans qui se déroule selon cette organisation dans l'ouest de la Centrafrique et que les forces internationales ne "parviennent pas à empêcher". La Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) a condamné lundi le meurtre des trois civils musulmans perpétré samedi à Bangui, où l'insécurité et le chaos règnent depuis plusieurs mois. "Ceux qui utilisent la religion pour inciter à la violence et causer du tort à des civils innocents seront traités avec la fermeté requise", a affirmé la Misca dans un communiqué, assurant la population que "des efforts continueront à être déployés en vue de renforcer les mesures déjà en place pour protéger les civils". Face à la persistance des violences, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait appelé à déployer très vite plus de soldats et de policiers en Centrafrique pour secourir les populations livrées aux crimes de bandes armées, particulièrement dans les zones où aucune force de l'ordre ni administration n'est présente. Après le départ du président Michel Djotodia, contraint à la démission le 10 janvier, et le désarmement et le cantonnement des éléments de la rébellion Séléka menés par les soldats français de l'opération Sangaris, les anti-balaka s'en sont pris systématiquement aux civils, multipliant lynchages et pillages. A ce propos, la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Navi Pillay, avait affirmé que la plupart des attaques et des violations des droits de l'homme en République centrafricaine était le fait d'éléments du mouvement majoritairement chrétien anti-Balaka, qui prennent délibérément pour cible la population musulmane de ce pays africain. Ces crimes ont conduit la présidente de transition centrafricaine Catherine Samba Panza à annoncer une "guerre" contre les anti-balaka.