Désormais, le FLN mettra le cap sur son 10e congrès, devant avoir lieu au premier semestre de 2015, suite à la désignation, hier, d'une commission de préparation composée des 272 membres du comité central, réuni hier en session ordinaire à l'hôtel El Aurassi. Cette session de la plus haute instance entre deux congrès, aura permis également de conforter Amar Saâdani à son poste de secrétaire général du parti, n'en déplaise à ses détracteurs, qui ont inlassablement, mais vainement tenté d'y intégrer un point à l'ordre du jour des travaux, à même de recourir à l'arbitrage des urnes, afin de régler la question de légitimité de la direction. La fronde, conduite par l'ancien secrétaire général du parti, Abdelaziz Belkhadem, destitué suite à un vote de confiance en sa défaveur, en janvier de l'année dernière, a donné lieu à un spectacle désolant. Une foire d'empoigne, avec des scènes de pugilat qui ont éclaté aux portes de l'hôtel, où Amar Saâdani présidait la réunion des membres du comité central. Cela a eu lieu au moment où des membres se réclamant de cette instance, à leur tête Belkhadem, ont tenté de forcer l'accès à la salle dans une indescriptible cacophonie, donnant lieu à une foire d'empoigne entre ces derniers et les vigiles qui tenaient l'entrée. Les auteurs de cette tentative d'intrusion par la force, huit membres du parti, notamment l'ancien coordinateur du parti, Abderrahmane Belayat et Kassa Aïssi, ancien porte-parole du FLN, qui avaient été interdits d'assister à ces travaux avant leur passage devant la commission de discipline. Présents dès les premières heures du matin, les détracteurs de Saâdani ont affirmé pourtant avoir récolté plus de 120 signatures pour intégrer le point relatif à un vote de confiance à l'ordre du jour, pour la destitution de Saâdani. Mal leur a pris, puisque la réunion en question a eu lieu en présence de 272 membres et 10 procurations. Parmi eux, il y avait les membres qui sont restés fidèles à Saâdani, amis aussi, ceux qui se réclamaient, il y a peu, du mouvement de l'authenticité et du redressement du parti, animé par Abdelkrim Abada, et l'ancien secrétaire d'Etat, Boukerzaza, et d'anciens ministres, qui ont jugé, «tardive», parce qu'intervenant à six mois seulement du congrès, et surtout «inutile», la demande d'élection d'un nouveau secrétaire général du parti. Cela étant affirmé publiquement, mais en coulisses des gorges profondes mettent en évidence leur désaffection pour la personne de Belkhadem. En rapport, dit-on, avec ses ambitions présidentielles futures, en vue d'user de la capacité de mobilisation de l'appareil du FLN. Une décision qui apporte de l'eau au moulin de Saâdani, en sus que cela conforte son assise sur le parti. Lors de son discours prononcé devant une assistance acquise à sa cause, le SG du FLN, Amar Saâdani, a saisi au vol la question pour s'attaquer frontalement et nommément à Belkhadem, qu'il accusera de nourrir le vœu de revenir aux commandes du parti, avec des desseins inavoués. S'adonnant à des révélations fracassantes, Saâdani dévoilera que «Belkhadem était la première personne que j'avais consultée, de plus chez lui, et que, Belkhadem tout en m'assurant de son soutien, m'avait recommandé d'exclure les ministres du parti». Sur sa lancée, il a indiqué que «Belkhadem lui même n'était ni membre du comité central, ni du bureau politique, lorsqu'il avait été désigné secrétaire général du parti, en 2004, contrairement au règlement intérieur, mais tout le monde avait fermé les yeux». Selon lui, «Belkhadem a ramené sa légitimité de Djelfa», en référence à une réunion du mouvement de redressement du FLN, et dans son déballage, Saâdani n'a pas épargné de ses critiques les ex-coordinateurs du parti, Belayat et Kassa Aïssi, qui sont épinglés pour usurpation d'identité, l'un pour s'être proclamé «coordinateur à vie», et le second pour «utilisation frauduleuse du cachet et du fax du parti». «La tradition chez le FLN est qu'aucun secrétaire général n'avait retrouvé son poste après l'avoir quitté, pourquoi veut-il y retourner lui ? Pour qu'il prenne le parti chez lui ?», s'est interrogé ainsi Saâdani. En s'en prenant avec vigueur à certains des ministres qui soutiennent l'ancien secrétaire général, qui sont coupables, à ses yeux, de «ne rien avoir fait pour le parti pendant vingt ans qu'ils étaient ministres, mais, une fois évincés, ils se retournent contre le parti et ses hommes». Et de lancer envers ses détracteurs, «le monopole est terminé», en s'engageant à œuvrer pour que «la prochaine direction soit constituée de vrais militants. Pas des arrivistes». Il devait saisir l'occasion de la mise en place de la commission de préparation du congrès pour formuler le vœu d'aller vers «un congrès rassembleur» et de sortir avec des résultats qui consacrent «l'avis des militants de base». «Il n'est pas dans notre intérêt de pratiquer la marginalisation. Mais le règlement doit être appliqué à tous. La direction n'a pas intérêt non plus à laisser régner le désordre au sein du parti. Notre responsabilité est entièrement engagée», a-t-il indiqué. Sur ce, Saâdani lancera une invitation à «ceux qui ont des avis contraires à venir les exprimer devant les instances du parti, mais pas en dehors d'elles», en visant surtout Belkhadem qu'il invitera, mais seul, à l'exclusion de son groupe, à une confrontation publique. Si cette crise venait à perdurer, ses conséquences seraient désastreuses pour le FLN, selon son SG, aussi, devait-il appeler à faire sortir le parti des «labyrinthes de la politique». Aussi, il s'est engagé à œuvrer pour l'unité des rangs du parti, «sans exclusion, ni marginalisation». Outre la commission de préparation du 10e congrès ordinaire, souligne-t-on, la suite des travaux de la session du CC, a été marquée par l'adoption du bilan des activités du 1er semestre 2014 et du rapport financier, ainsi que la déclaration politique. Le FLN a réitéré son soutien au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en réitérant sa disposition à œuvrer pour la mise en œuvre de son programme, dans le but de «parachever le chantier des réformes pour la construction d'un Etat de droit». M. Saâdani a aussi rendu un vibrant hommage à l'Armée nationale populaire (ANP) qui est restée, a-t-il dit, «fidèle à sa mission constitutionnelle et à l'unité nationale du pays». Notons enfin, l'appel lancé par le comité central du FLN aux militants à œuvrer pour la réussite du 10e congrès prévu à la date susmentionnée. A. R.