Nasser Hannachi L'animation artistique de proximité est au programme à Constantine, et à grande échelle, conformément aux directives de la ministre de Culture, Mme Nadia Labidi. Les organisateurs tablent sur une audience conséquente pour donner à l'action artistique une nouvelle direction, celle de rapprocher la scène du public. Plusieurs spectacles sont ainsi programmés comprenant divers styles et cadrant avec les caractéristiques du mois sacré. «La rotation des troupes permettra à chaque localité de casser la monotonie», ambitionne le responsable du Palais de la culture Malek-Haddad. La traditionnelle grille spéciale soirées ramadanesques a été entérinée par la direction de la culture et les autres organismes dont le théâtre et l'office communal. Il a fallu réviser le dispatching des programmes pour ne pas rater ce rendez-vous classique destiné à l'animation nocturne. Et pour cause, la ville poursuit la réhabilitation de tous ces espaces potentiels en perspective de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015». Le théâtre régional et le Palais de la culture Malek-Haddad, qui sont les scènes les plus sollicitées par les organisateurs d'événements culturels sont en plein chantier, ce qui a contraint dès lors, depuis plusieurs mois, les gestionnaires à délocaliser les quelques timides spectacles organisés à Constantine vers d'autres municipalités dont El Khroub, qui dispose d'un espace acceptable dans le Centre culturel M'hamed-Yazid. D'un autre côté, ce sera une aubaine pour les responsables en charge du secteur de jauger les localités alentours quant à leurs capacités réelles d'organiser des spectacles ou du moins d'en abriter et d'accueillir des artistes, conditions sine qua none pour la promotion de cette culture de proximité si chère à la ministre. Pour la présente édition spéciale Ramadhan 2014, les responsables, en étroite collaboration avec quelques associations et artistes locaux, ont dressé une panoplie festive qui va de concert avec les aspirations du public et surtout collant aux caractéristiques du Ramadhan. «Nous avons peaufiné une affiche variée qui répond aux us et aux attentes de la population durant ce mois sacré. Plusieurs formations artistiques ont paraphé chacune leur contrat pour se produire dans les huit communes de la wilaya», nous dira le directeur du Palais de la culture, Amar Aziez. Il notera que le choix des artistes s'est articulé sur la variété pour toucher un large public. Ainsi trouvera-t-on dans le listing divers genres qui seront animés par diverses troupes : chaabi, malouf, aïssaoua, moderne... Des chants qui devront retentir d'une soirée à une autre du chef-lieu (Filali, Boumerzoug, la nouvelle ville Ali-Mendjeli) aux municipalités dont Ouled Rahmoune, Aïn Abid, Didouche Mourad et Messaoud Boudjeriou. «Dans chaque localité nous avons œuvré en étroite collaboration avec les responsables pour garantir lune belle prestation en ce qui concerne la sonorisation dans les salles désignées et devant accueillir les troupes», précise notre interlocuteur avant d'énumérer quelques figures artistiques appelées à se produire : Bouda, association Errachidia, kamel Bouchama, Fouad Ghanem, Benabdallah. En plus des maisons dites ‘d'el wasfane' de Bernou et de Bahri. Le Gnawa sera du programme puisqu'il détient son audience à Constantine en témoignent les multiples prestations organisées antérieurement dans le cadre des festivités annuelles. Pour sa part la direction de la culture a opté pour les «Andaloussiates de Constantine» un évènement qui se tiendra au palais Ahmed-Bey. Plusieurs troupes excellant dans ce style animeront les soirées durant ce mois. A vrai dire, la programmation de 2014 ne diffère pas de celles des années précédentes. A l'exception de l'utilisation du palais du bey comme substitut salutaire pour teinter «naturellement» les soirées, les menus se ressemblent avec en prime une sollicitation optimale des communes pour servir leur population respective, souvent en marge des grandes manifestations tenues au chef-lieu. Le pari de la socialisation culturelle et artistique n'est pas encore gagné. Il est nécessaire d'attendre la confirmation du baromètre d'audience. Cela dit en dépit du fait du vœu manifesté par la tutelle et ses relais via les directions et offices de la culture de rapprocher l'acte culturel des citoyens, il reste un défi à relever : celui de persuader la population de priser les lieux lettrés. C'est par-dessus tout l'œuvre en off qui doit être assurée par les ressources humaines et associations. En plus, faudra-t-il attribuer une autre dimension aux festivités programmées en dehors du cœur de la cité. La qualité y est autant requise pour se targuer de la réussite d'un quelconque évènement dit de proximité ou de rapprochement. Sur papier du moins, pour les soirées arrêtées, il y a un petit déséquilibre dans les gammes proposées. Une nuance qui risque de lester la donne de proximité. Il importe de convaincre les stars de se produire dans ces endroits excentrés, et pour ce faire, il faut se donner les moyens pour assurer ce qui doit l'être en termes de cachet, d'accueil, de conditions de travail... C'est le passage obligé pour attribuer aux délocalisations artistiques une touche gagnante. Difficile réorientation si l'on sait que le réflexe de priser à tout bout de champ le chef-lieu est bien ancré depuis des lustres. La tradition de délocalisation pourrait bien prendre du temps pour s'ancrer dans l'usage. N. H.