Le mois sacré du Ramadhan a été bien garni en animation culturelle nocturne. La direction locale de la culture et les collectivités locales ont cassé la tirelire pour étoffer la scène avec une grille variée qui a permis de voir défiler plusieurs troupes et artistes. Dire que tout le monde a trouvé son compte et que les spectacles ont satisfait tous les goûts durant ces vingt jours d'animation serait exagéré, voir mensonger. Les productions artistiques ont frôlé l'essence du mois sans pour autant avoir une touche d'innovation. Catalogue, contact et milliards et le tour est joué pour tirer des dépliants et les bourrer de manifestations parfois doublons. Bien évidemment cette évaluation ne fait pas l'unanimité chez quelques organisateurs, malgré le baromètre d'audience parfois disparate par soirée. «Nous avons touché à tous les goûts. Quoiqu'il ait fallu programmer des spectacles allant de concert avec la caractéristique du mois de jeûne», se félicite un des animateurs. Pour sa part, l'Office communal pour la promotion des activités culturelles et artistiques de l'APC de Constantine, qui a décroché un bon fonds pour l'animation des soirées s'étalant jusqu'après le Ramadhan, a ratissé large et inclus pêle-mêle des pléiades d'artistes dans le souci de présenter diverses expressions, et toucher ainsi le maximum de monde. Mais quantité ne rime pas forcément avec qualité. L'idée de faire d'un programme artistique un fourre-tout n'a pas fonctionné et n'a pas eu l'impact escompté. Les soirées ont draîné des spectateurs, certes, mais à fréquence irrégulière au niveau du théâtre de verdure à Zouaghi Mohamed Ouchen. «60% du large éventail était digest. Pour le reste, c'est du remplissage, du déjà-entendu, avec aucune nouveauté», estime un jeune habitué des manifestations culturelle. Le Palais de la culture Malek-Haddad et le mythique Théâtre régional (TRC) ont connu de multiples présentations théâtrales et musicales depuis leur démarrage dès la deuxième semaine de Ramadhan. Le public était distinct en nombre étant donnée la qualité du show du jour. La majorité des individus ont pu pour la plupart trouver une gamme qui leur convient. Comme à l'accoutumée le malouf a prédominé les soirées. Mais le chant moderne comme les genres chaoui, aïssaoua, sraoui, raï et chaâbi, les styles tunisien, libanais et les madihs avaient également eu leur place et étaient au rendez-vous dans le cadre de la troisième édition de «Layali Cirta». Pour que la diffusion soit large, les responsables ont œuvré cette année au profit de la proximité. C'est ainsi que certaines contrées reculées à Constantine ont pu profiter de quelques représentations annexes de la septième édition du Festival national culturel du malouf qui a été organisé du 17 au 25 juillet dernier. A vrai dire, les artistes locaux et nationaux et même étrangers ont pu profiter pleinement de cet éventail budgétaire. Partant du principe que chaque artiste chanteur ou comédien doit être rémunérer selon ses prouesses, les commissariats et offices culturels ont partagé la manne destinée aux activités sans faire de jaloux en matière de cachet, du moins pas beaucoup, car il s'en trouve toujours qui dira, à tort ou à raison, qu'il est sous-payé. Et la qualité des troupes des prestations dans tout cela ? De l'avis de certains mélomanes et connaisseurs, le niveau était appréciable. «Les associations qui se sont succédées lors de cette édition 2013 du festival du malouf étaient à la hauteur et ont représenté fidèlement ce style musical», ont-ils estimé. En dehors de l'aspect compétitif du festival, les familles ont pu vivre et apprécier de bons moments. Preuve en est, au regard du nombre de spectateurs enregistré ailleurs dans la région, la salle du Palais de la culture Malek-Haddad était la plus gâtée en matière d'affluence durant cette semaine purement andalouse. En revanche, certaines soirées se sont déroulées presque à vide. Cela s'est passé au théâtre de verdure où les organisateurs se sont retrouvés avec une simultanéité de genre musical. «C'était absurde de programmer sans se soucier de ce qui se passe ailleurs dans les salles», a soutenu un membre d'une association musicale. Toutefois, la critique est rejetée par l'Office communal qui argue qu'il a voulu lui aussi diversifier sa grille et offrir aux citoyens habitant les environs de Zouaghi et de la nouvelle-ville une soirée comme il s'en faisait ailleurs. Autrement dit, il y a suffisamment de monde à Constantine pour satisfaire plus que deux scènes. Ce n'est pas pour autant qu'on a eu l'impact recherché, malgré les gros budgets déployés. La question qui se pose est de savoir ce qui n'a pas fonctionné. La décision d'élargir l'horizon en allant dans les communes éloignées est une bonne initiative qui a permis de couvrir largement la wilaya de manifestations culturelles. Les soirées du Ramadhan 2013 qui se sont enrichies en puisant dans la diversité, ont égayé, même épisodiquement, la cité millénaire. Et si on n'a pas toujours eu grande foule, c'est sans doute parce que les gens avaient autre chose à faire ou ne savaient pas, d'où la nécessité de sortir de l'animation épisodique. Quant au Ramadhan 2013, c'est, dans l'ensemble, un pari réussi pour les organisateurs qui se targuent d'avoir enregistré un afflux honorable. «Il y a des carences à corriger à l'avenir. Toutefois, l'essentiel demeure cette force d'animation omniprésente qui a caractérisé Constantine durant cette vingtaine de soirées ou plus», estime la direction de la culture. Désormais, des bilans devraient être faits pour déterminer l'impact et la réceptivité de tous les spectacles musicaux et les représentations scéniques organisés et financés. Il s'agit de sortir de ces traditionnels satisfecit, en prenant en compte la réelle valeur de ce qui a été fait. Jusque-là l'impact a été rarement analysé. Une autre vision du financement de l'acte culturel devra être développée, avec un intérêt particulier pour le professionnalisme. Il ne s'agit pas d'organiser n'importe quoi pour remplir un programme ni de financer n'importe quel programme pour remplir un bilan. N. H.