L'étendard vert-blanc-rouge, à l'étoile cerclée du croissant de l'islam et Qassaman, l'hymne vibrant des Algériens et les valeurs consubstantielles ne sont pas ringardes dans l'Algérie de 2014. Ils ont même été magnifiés par le football. Sublimés par les Verts de Vahid Halilhodzic au Brésil où la sélection nationale a brillé tout en faisant scintiller de mille feux les valeurs de l'amour de la patrie-mère et de la terre des racines ancestrales. Au pays du football-roi, des Algériens de la terre natale et de la diaspora, nationaux et binationaux, ont montré un attachement viscéral, sacrément religieux à l'Algérie. Ils l'ont fait à travers le cordon ombilical d'un jeu qui est à la fois art et combat sur le gazon de tous les sacrifices, le terrain de la plus profonde des solidarités. Ces Fennecs-là, étaient des moudjahid. Au Brésil, sur les terrains de la performance sportive et du dépassement de soi au service du coéquipier fraternel, le drapeau et l'hymne national ont eu une fonction de rassemblement patriotique, une valeur de communion fraternelle. L'expression même de l'attachement à la nation. Avec des drapeaux brandis par centaines ou encore peints sur les visages, les supporters algériens, à l'unisson avec les joueurs, ont montré au moment de l'exécution de l'hymne algérien, que la bannière tricolore nationale renvoyait à la mémoire de l'émancipation du colonialisme, au vert de nos prairies et de nos montagnes, au rouge du sang des martyrs et au blanc des cimes drapées d'un blanc-burnous. Le drapeau et l'hymne algériens sont ainsi l'association du sang, du sacrifice et de l'unité du peuple. Triptyque qui raconte l'histoire des luttes de la nation, exprime ses valeurs et ses aspirations ou, encore plus beau, reflète l'âme du peuple. Autour du drapeau, l'hymne national exprime le mieux, par la force des émotions exaltées, l'appartenance nationale, magnifiée et fétichisée, quand bien même certains de nos joueurs soient nés à l'étranger ou titulaires d'un autre passeport. Cette façon d'être sur le terrain, à un moment propice à l'effusion des émotions fortes et à l'expression de l'attachement à la nation, n'est pas propre aux Algériens, même si ces derniers l'ont exprimé avec une certaine rage patriotique. L'hymne, c'est donc le fier bonheur d'être et de le dire avec une grande ferveur. En Inde, par exemple, le très philosophique hymne Jana-Gana-Mana restitue admirablement ce que le drapeau et l'hymne national symbolisent comme attachement à la terre des racines communes. On s'en rend compte quand on entend ce chant patriotique dire de l'Inde qu'elle est le pays «souverain de toutes les âmes». En Italie, il exprime la fraternité nationale ; il s'intitule sobrement, mais sublimement «Fratelli D'Italia», frères d'Italie. Au Liban, à l'ombre du cèdre, symbole national, les Libanais sont, dans les paroles de l'hymne «koullouna lil watan, lil oûla lil âlam», c'est-à-dire, tous pour le pays, pour sa gloire et son drapeau. En Norvège, autre exemple, les citoyens chantent «Ja, vi elsker, dette landet», oui, nous aimons notre pays, tout simplement dirions-nous. Cette profession de foi, qui est une belle preuve d'amour patriotique, on la retrouve aussi dans le beau «Somos libres, séamoslo siempré», nous sommes libres, restons-le à jamais. Au petit royaume du Vanuatu, l'hymne national glorifie le moi collectif, exprimé ici dans la triple affirmation du Yumi, yumi, yumi, le «trois fois nous». On le voit donc, le drapeau et l'hymne sont l'ADN du patriotisme comme l'a montré cette fois-ci encore la Coupe du Monde de football. C'est, en quelque sorte, le fil rouge de l'appartenance collective à une nation. Surtout quand tout un peuple communie dans la liesse populaire lorsque la performance sportive est associée à un comportement exemplaire, comme ce fut le cas de notre sélection nationale de football au Brésil. Moment exceptionnel où les Algériens du pays et de l'exil ont exprimé tout le bonheur et toute la fierté d'être qui on est et ce que l'on est. On a vu alors que la fierté permanente ou retrouvée d'être algérien, d'être de son pays de naissance ou de racines parentales, se mesurait au nombre de drapeaux déployés, de chants entonnés, de danses exécutées, de klaxons de voitures actionnés, de cris de joie lancés et de larmes versées en Algérie et dans les pays d'implantation de certains de nos compatriotes. En Algérie comme ailleurs, la fonction du drapeau et de l'hymne est de maintenir, en permanence, un double contact. De ce point de vue, la nation affiche sa présence pour tous, le citoyen pavoise, exprime son adhésion, manifeste sa fierté et revendique son appartenance. Ce n'est donc pas par hasard que la Constitution de 1976 a énoncé les principes du drapeau et de l'hymne national. Par la suite, le Code pénal, amendé en 1982 et le décret du 13 novembre 1984 sanctionnent quiconque attenterait aux deux symboles de la souveraineté nationale et de l'appartenance à la nation. Au Brésil, nos Fennecs ont ravivé les trois couleurs de l'étendard et donné à Qassaman des vibrations planétaires. N. K.