Encore une fois, le Brésil s'est qualifié, mais a, comme attendu, souffert face à la Colombie. La Seleçao a gagné sa place dans le dernier carré, en s'imposant sur le score de 2 buts à 1, mais a perdu Neymar pour le reste du Mondial. Pas de prolongations cette fois, mais des sueurs froides pour les Brésiliens qui retrouveront l'Allemagne, tombeuse de la France (1-0) plus tôt dans l'après-midi, en demi-finales après demain à Belo Horizonte. Onze ! C'est le nombre de fois où la sélection quintuple championne du monde a figuré dans le carré d'as de la plus prestigieuse des compétitions footballistiques. Un héritage que la bande à Luiz Felipe Scolari a assumé tant bien que mal jusque là. Doucement, mais poussivement, Marcelo et consorts ont passé un nouvel écueil. Un «guêpier» colombien où ils y ont laissé des forces, mais surtout le prodigieux Neymar. Le passeur décisif sur le premier but de Thiago Silva (7') ne pourra pas prêter main forte à ses compères lors de la prochaine sortie face à la «Mannschaft» ni pour le match d'après (finale ou match de classement, on ne le sait pas encore) d'ailleurs. Avant la «tuile», le Brésil vivait la soirée parfaite. Surtout après que David Luiz ait fait le break sur un splendide coup franc dont lui seul a le secret à la 68e minute de jeu. Comme la trajectoire qu'a prise le cuir sur ce boulet de canon, le match a pris une autre tournure lorsque le génie qui se trouve dans le camp adverse, James Rodriguez, a réduit le score en transformant, avec classe et sang froid malgré ses 22 ans, le penalty obtenu par Bacca (80'). Le début de 10 minutes maudites et insoutenables. Pour ne rien arranger, Neymar a été percuté violemment par Zuniga à deux minutes de la fin de la partie. Ce qui semblait un contact anodin s'est avéré dramatique. Une vertèbre n'a pas résisté à la rudesse du choc et le joueur aux 4 réalisations (4 passes décisives aussi) dans cette Coupe du Monde devra faire l'impasse sur ce qui reste de cette aventure. «Ce n'est pas trop grave, cela empêche certains mouvements, mais il ne va plus pouvoir rejouer dans ce Mondial en raison d'une fracture à la troisième vertèbre lombaire. Il en a pour quatre à six semaines de récupération», a expliqué le médecin du Brésil, Rodrigo Lasmar. Pour son entraineur, Luiz Felipe Scolari, c'est «une très mauvaise nouvelle parce qu'on sait que Neymar est un joueur important pour l'équipe. Il nous a été d'une aide précieuse tout au long du parcours... On devra chercher des solutions.» Les alternatives, le technicien devra en trouver aussi dans la défense pour palier l'absence de son capitaine Thiago Silva. Le défenseur du Paris Saint-Germain manquera le match face aux Allemands pour cumul de cartons. En parlant de «biscottes», l'arbitrage de l'Espagnol Carlos Velasco, n'était pas vraiment du gout des Colombiens. James Rodriguez a félicité le Brésil pour sa qualification non sans se plaindre de certaines décisions arbitrales qui étaient en son désavantage : «Nous sommes tristes car nous voulions aller jusqu'au bout. Le Brésil mérite d'aller en demies même si l'arbitre a été de leur côté. J'ai pris beaucoup de coups, parfois six ou sept de suite. Mais on a une super génération et il faut regarder vers l'avant», a amèrement regretté le Monégasque courtisé par le real Madrid. Son sélectionneur, José Pekerman, s'est plus attardé sur l'aspect technique en déclarant : «On a toujours rêvé de passer. On a fait des erreurs et le Brésil a marqué sur ces occasions. Notre désir et notre volonté n'ont pas suffi. Nous avons fait une superbe Coupe du Monde. Le foot en Colombie a été mis en valeur. Ça a été une rencontre d'hommes, on savait qu'il y avait des bons joueurs sur le terrain, mais chacun voulait gagner les duels, les positions préférentielles et il y a donc eu des frictions. Le Brésil avait besoin de cette victoire donc ils ont mis de l'intensité. Nous, on a perdu un peu de fluidité dans notre jeu à cause de cette intensité.» Heureux du succès de son équipe, son homologue a déclaré : «On a travaillé ensemble depuis un an et demi. Personne ne croyait en nous, en notre équipe. Il y a dix jours, personne ne croyait qu'on irait en huitièmes de finale puis en quart. Maintenant, il faut aller plus loin. On a un match très dur, mais on sait qu'on peut le faire» en soulignant que : «Même si nous sommes dans une situation difficile pour cette demi-finale contre l'Allemagne, avec Dante, on fera ce qu'il faut. Et on aura un super match.» Après douze ans d'attente, la Seleçao retrouve les demies du tournoi universel. Il a fallu attendre que l'évènement soit organisé au pays de la Samba même pour voir les détenteurs de la dernière Coupe du Confédérations figurer dans le quatuor final de nouveau. Le destin a mis la bande à Joachim Löw sur le chemin des «Auriverde». Deux sélections qui pèsent 206 matchs en Coupe du Monde. Rien que ça. Et de quatre pour la «Mannschaf»... C'est sans nul doute la meilleure équipe de toute l'histoire de la Coupe du Monde. La plus constante et donc la plus expérimenté. Face à la France, l'Allemagne a usé d'expérience pour accrocher la 13e demi-finale de son histoire, la quatrième de suite s'il vous plait. Après avoir battu difficilement l'Algérie en huitièmes, la «Nationalelf» a eu besoin d'un seul but, celui de Matts Hummels à la 13e minute, pour composter son ticket. Les Teutons n'ont pas été inquiétés par les Bleus qui n'ont pas vraiment osé dans ce match. «On est déçu parce que l'aventure s'arrête-là. On a tout donné, mais on n'a pas réussi à mettre ce but. La première période a été assez difficile, on n'a pas assez tenté à mon goût. On est entré avec beaucoup plus d'impact en deuxième, on les a mis en danger, mais ils ont un très très bon gardien», a lâché l'attaquant, Karim Benzema, qui n'était pas vraiment en réussite dans cette partie à l'image de tous ses coéquipiers. Toni Kroos & Cie ont été plus précis et réalistes. Il est clair que le match n'était pas vraiment très intense à cause de la chaleur insoutenable et ce soleil de Rio de Janeiro. Le technicien allemand, Joachim Löw, n'a pas manqué de relever ce fait : «Déjà le match face à l'Algérie en huitièmes était difficile. Ce n'est jamais facile de jouer à 13h00 pour les équipes européennes, en plein soleil. Il faisait très, très chaud et on avait du mal à respirer. C'était compliqué de garder le contrôle du ballon et de mettre cette intensité nécessaire au haut niveau», a-t-il expliqué. Pour Löw, ses protégés peuvent «aller jusqu'au bout». Pour cela, il faudra battre le Brésil, qui n'a perdu aucun de ses 42 derniers matchs joués au pays. Mardi, le défi sera de taille, mais, on le sait très bien, l'impossible n'est pas Allemand. M. T.