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«L'Etat islamique en Irak» ou le trouble jeu
De plus en plus présent en Syrie et en Irak
Publié dans La Tribune le 15 - 07 - 2014

«L'Etat islamique en Irak et au Levant» est une organisation djihadiste sunnite que l'on désigne surtout par ses acronymes arabe (Daech), anglais (Isis),) ou français (Eiil). En Irak, où elle rassemblerait 5 000 combattants, elle est en passe de devenir le fer de lance d'une coalition qui affronte le gouvernement accusé de favoriser les chiites. En Syrie, le groupe à l'origine trouble, combat à la fois le régime en place et les autres composantes de la rébellion, il compterait de 6 000 à 12 000 hommes, selon les estimations des spécialistes. Comment est né ce mouvement qui fait aujourd'hui particulièrement parler de lui ? À l'origine la principale composante était la branche irakienne d'Al-Qaïda, mais aussi des tribus irakiennes et d'autres groupes djihadistes. Au moment où le conflit en Syrie prenait une évolution ascendante, le chef de l'Etat islamique d'Irak envoie un de ses lieutenants en Syrie. À la tête d'un groupe du nom de Jabhat an-Nosra, comme couverture médiatique et sécuritaire des activités de l'EII en Syrie. Mais une dissidence de Jabhat an-Nosra a voulu prendre son autonomie. Pour saborder ces desseins, l'EII a révélé au monde en avril 2013 que Jabhat an-Nosra était en fait un produit de l'EII, et que maintenant, les deux noms «Jabhat an-Nosra» et «EII» ne feraient plus
qu'un: «L'Etat islamique en Irak et au Levant.» Al-Nosra refuse d'adhérer à cette nouvelle entité et les deux groupes finissent par se livrer une guerre fratricide. Confirmant de la sorte les accusations du régime syrien. «L'Eiil a réussi à tirer profit de ses réseaux et de ses capacités en Irak pour avoir une présence forte en Syrie, et il a utilisé sa présence en Syrie pour renforcer ses positions en Irak», estiment un certain nombre de spécialistes des mouvements terroristes. L'objectif de ce mouvement est d'instaurer son «ordre» dans le chaos actuel dans plusieurs pays du Proche Orient. En Irak, les provinces d'Anbar et aussi de Ninive sont d'une importance cruciale en raison de leurs liens directs avec l'est de la Syrie. Selon le Washington Post l'Eiil prélèverait des taxes sur les sunnites d'Irak, estimant que le mouvement récoltait en un mois 8 millions de dollars soit près de 100 millions de dollars par an. Leurs financements proviendraient aussi de vols, kidnappings et banditisme. En Syrie l'échiquier est plus complexe que prévu.
Un agenda international
L'Eiil garde une vraie méfiance à l'égard des brigades de l'Armée syrienne libre les soupçonnant d'entretenir des liens avec les services secrets occidentaux. Mais l'Eiil semble avoir un agenda beaucoup plus international que le Front al-Nosra, et attire de ce fait une bonne partie des jeunes européens venus faire le «djihad». Dès lors, il entre en concurrence avec Al-Qaïda dont il n'a jamais reconnu le leadership. Finalement, c'est le Front al-Nosra qui est reconnu comme la branche officielle d'Al-Qaïda en Syrie. Au départ, l'Eiil a été bien accueilli par la plupart des rebelles syriens, qui se réjouissaient d'avoir le soutien d'un groupe bien formé et équipé face à l'armée syrienne. C'est sa volonté hégémonique et les atrocités commises, notamment l'enlèvement et l'exécution de civils et de rebelles de mouvements rivaux, qui ont poussé l'ensemble des coalitions rebelles à retourner leurs armes contre lui. Début juillet l'Etat islamique en Irak et au Levant a largement fait parler de lui en s'emparant de la province pétrolière de Ninive et de Mossoul, une ville de deux millions d'habitants en Irak. Il contrôle depuis près de six mois la grande ville de Falloudja avec ses 320 000 habitants. Sont tombés aussi dans son escarcelle des quartiers et l'université de Ramadi, le chef-lieu de la province d'Al-Anbar, ville symbole de l'insurrection sunnite. L'image d'Aboubakr al-Baghdadi du nom de guerre du chef de l'organisation fait le tour du monde. Qui est ce trouble personnage rendu célèbre par cette photo du FBI qui a circulé sur internet ? Né en 1971, à Samara, il a étudié à l'Université de Baghdad où il a obtenu un doctorat en sciences islamiques. Aboubakr al-Baghdadi est arrêté le 4 juin 2004 et détenu pendant quelques mois par les Américains. Une parenthèse qui reste empreinte de trouble et entourée de mystère. En 2003, lors de l'invasion américaine en Irak, est fondé «l'Etat islamique en Irak», qui multiplie les attentats à la fois contre l'armée américaine et les quartiers chiites de Baghdad, faisant des milliers de victimes. Ses deux premiers chefs ayant été éliminés par les Américains, Aboubakr al-Baghdadi, alors inconnu du bataillon, prend la tête du mouvement. L'annonce de l'établissement du califat par ces djihadistes, accusés des pires atrocités, a suscité plus d'indignation que de ralliement. Mais assurément le renforcement de ces mouvements à l'origine trouble augure des lendemains difficiles pour la Syrie et l'Irak, deux des plus importants pays arabes.
M. B


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