L'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), qui a pris le contrôle de la province de Mossoul et de secteurs d'autres provinces irakiennes mardi, est un groupe djihadiste radical, également très présent en Syrie, qui est parvenu à recruter des milliers de combattants. Il s'agit d'une émanation de l'Etat islamique en Irak (ISI), branche irakienne d'Al Qaîda dirigée par Abou Bakr Al Baghdadi. En avril 2013, Baghdadi annonce que l'ISI et le Front Al Nosra, groupe djihadiste présent en Syrie, fusionnent pour devenir l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Mais Al Nosra refuse d'adhérer à cette nouvelle entité et les deux groupes commencent à opérer de façon séparée, avant qu'une guerre généralisée ne les oppose à partir de janvier 2014. L'EIIL a ouvertement contesté l'autorité du chef d'Al Qaîda, Ayman Al Zawahiri, et rejeté sa demande de se concentrer sur l'Irak et de laisser la Syrie à Al Nosra. Mais si l'EIIL n'a jamais fait allégeance au chef d'Al Qaîda, le groupe revendique toutefois la même idéologie djihadiste, et veut installer un Etat islamique dans une région située entre la Syrie et l'Irak. Un effectif de 7000 hommes Charles Lister, chercheur au Brookings Doha Center, estime que l'EIIL compte de 5000 à 6000 combattants en Irak et de 6000 à 7000 combattants en Syrie. Ces chiffres n'ont pu être cependant corroborés par d'autres sources. En Syrie, la plupart des combattants sur le terrain sont des Syriens, mais ses commandants viennent souvent de l'étranger, et ont fait leurs armes en Irak, Tchétchénie, Afghanistan et sur d'autres fronts. En Irak, la plupart de ses combattants sont irakiens. Selon l'islamologue Romain Caillet, de l'Institut français du Proche-Orient, nombre de ses chefs militaires sont des Irakiens ou des Libyens, tandis que ses meneurs religieux sont plutôt des Saoudiens ou Tunisiens. Il compterait même dans ses rangs d'anciens membres des services secrets irakiens sous Saddam Hussein.L'EIIL compte aussi des centaines de combattants francophones, dont des Français, des Belges et des Maghrébins. Présence sur le terrain L'EIIL a pris en janvier, avec d'autres groupes insurgés, le contrôle de Fallouja et de secteurs de Ramadi, à l'ouest de Baghdad. Depuis la semaine passée, il a lancé de nombreuses attaques en Irak et est parvenu mardi à prendre avec d'autres djihadistes le contrôle de la province de Ninive, dont fait partie Mossoul (2e ville d'Irak) et de secteurs des provinces de Kirkouk et de Salaheddine. En Syrie, il est considéré comme la force combattante la plus efficace contre le régime du président Bachar Al Assad. Mais après avoir été initialement bien accueilli par certains rebelles syriens, sa volonté d'hégémonie et les atrocités qui lui sont attribuées, notamment l'enlèvement et l'exécution de civils et de rebelles de mouvements rivaux, ont poussé l'ensemble des coalitions rebelles à retourner leurs armes contre lui. Autre fait à signaler : l'EIIL ne semble pas bénéficier du soutien ouvert d'un Etat, et selon des analystes, le groupe reçoit la majorité de son soutien de la part de donateurs individuels, la plupart dans le Golfe. En Irak, le groupe dépend en outre de personnalités tribales locales.