De notre correspondant à Tizi Ouzou Lakhdar Siad Le froid et les protestations répétées des élèves et parents d'élèves au sujet de l'absence de chauffage dans les salles de classe et de sécurité aux alentours des écoles dévoilent toute l'incompétence des responsables du secteur de l'éducation et met à nu le bricolage qui caractérise la gestion des affaires publiques dans la wilaya de Tizi Ouzou, notamment en matière de développement économique et social. Les très mauvaises conditions d'études des élèves constituent, à l'arrivée de l'hiver, le sujet d'actualité de bon nombre d'établissements, dont le manque de chauffage et de repas chauds est mis en avant par les enfants qui en souffrent, en plus du manque de transport scolaire et de prise en charge médicale. Les localités du sud de Tizi Ouzou, et tant d'autres situées dans les parties les plus déshéritées de Kabylie, rappellent chaque hiver les conséquences négatives, sur le niveau des résultats scolaires et la santé, que subissent les élèves dans les salles de classe censées être un endroit propice à l'acquisition du savoir. La commune d'Aït Yahia Moussa a montré ces derniers jours combien sont dures les heures que vivent les écoliers dans l'enceinte de leur établissement. En l'espace d'une semaine, lycéens et collégiens du chef-lieu de cette commune (daïa de Draa El Mizan) située à une trentaine de kilomètres au sud de Tizi Ouzou, parmi les plus pauvres de la wilaya ont quitté volontairement les bancs d'école pour manifester leur colère de l'absence de chauffage. Des parents d'élèves avaient prévenu de cette situation au début de l'année scolaire en cours (2008-2009) mais aucune suite n'a été donnée à leurs doléances. Les élèves du «nouveau lycée» d'Aït Yahia Moussa étaient déterminés, samedi dernier, à procéder à la fermeture de la RN 25, dans le but d'exprimer leur ras-le-bol quant aux difficultés d'étudier sans chauffage et de consommer des repas froids en hiver. «Comment voulez-vous que des gamins de cet âge puissent étudier normalement dans un tel froid ? Comment peuvent-ils se concentrer ? Ils ont, durant tout le temps qu'ils passent à l'école, terriblement froid. Cela est insupportable. Pourtant, nous avons, dès le mois d'octobre dernier, attiré l'attention de la tutelle sur le froid glacial qui fait souffrir nos enfants en hiver», affirme un parent d'élève, qui soutient le mécontentement affiché par les camarades de son enfant. L'absence d'un réseau de gaz dans ce périmètre fait que la cantine ne sert pas de repas chauds aux élèves, obligés de se nourrir de pain et de fromage au repas de midi, selon ce même parent d'élève. Les collégiens du CEM Lallalen, dans la même commune, ont perdu patience de voir la même situation perdurer depuis le début de l'hiver. Inaugurée l'an dernier, la cantine du CEM ne prépare pas de repas chauds aux élèves en raison de l'absence de gaz. «Pourquoi dépense-t-on de l'argent pour construire de tels établissements sans prévoir dans le plan de développement local la résorption du problème de gaz de ville ?» s'interroge un parent d'élève. Dans beaucoup d'établissements scolaires de la wilaya, des centaines d'enfants, inscrits en demi-pension, sont jetés à la rue de midi jusqu'en début d'après-midi, sans surveillance ni loisirs. Ces cas s'aggravent, surtout en période hivernale, où les écoliers grelottent de froid dans l'attente de la reprise de cours. Des élèves habitant à plusieurs kilomètres de leur établissement ne sont pas encadrés durant environ deux heures et sont ainsi soumis aux hasards de l'environnement et aux caprices de la nature.