Devant le faible résultat de la campagne moisson-battage 2013-2014 que les services du ministère de l'Agriculture et du Développement rural imputent au fait de la rareté de la pluie durant les mois d'avril et de mai, période propice à la formation de l'épi, dans de nombreuses régions du pays où la céréaliculture est dominante, alors que l'on disait ici et là, à la fin de la campagne labours-semailles, qu'elle s'était déroulée dans d'excellentes conditions avec notamment des précipitions atmosphériques qui étaient au rendez-vous. Cela renvoi à dire que les risques climatiques peuvent fausser toutes les prévisions optimistes des résultats de récolte. On se rappelle en effet dans ce sens que le patron de L'Office algérien interprofessionnel des céréales (Oaic) avait déclaré à l'APS, au début du mois de mai dernier, qu'il prévoyait une hausse remarquable de la production au niveau national lors de la campagne de moisson-battage 2013-2014 compte tenu des bonnes conditions climatiques en début d'année. Or, au final c'est tout le contraire qui s'est passé. En somme la production céréalière du pays dépend beaucoup des conditions climatiques. C'est pour dire aussi que les bonnes conditions de campagne labours-semailles réunies, comme cité plus haut, ne suffisent pas car il faut également prendre en compte un autre paramètre qui est celui de la pluviométrie durant le printemps. Et quand on sait que, étant donnée la nature méditerranéenne du climat, 70% des pluies sont enregistrées en hiver, les céréaliculteurs ont donc tout intérêt s'ils veulent s'assurer d'obtenir des rendements à l'hectare significatifs de faire appel à l'irrigation d'appoint. Cela leur est tout à fait conseillé dans la mesure où, comme nous l'avons dit ci-dessus, les précipitations atmosphériques sont appelées à diminuer durant les prochaines années. C'est pourquoi les responsables de l'agriculture algérienne ont pris conscience de l'intérêt de développer une agriculture irriguée. Une orientation qui est devenu depuis quelques années une préoccupation majeure au sein du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. Elle s'est traduite (la préoccupation) sur le terrain par le lancement de plusieurs programmes de développement d'irrigation d'appoint. Des projets, pilotés par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural, axés sur la généralisation et l'extension des systèmes d'irrigation agricole, avec pour objectif d'irriguer 1,6 millions d'hectares à l'horizon 2014, contre près de 900 000 hectares actuellement. L'irrigation se fera en recourant à des ressources non conventionnelles, telles que la réutilisation des eaux épurées ou le dessalement de l'eau de mer. À propos de l'utilisation des eaux épurées, un programme ambitieux a été décidé par la tutelle en collaboration avec le ministère des Ressources en eau. Il va concerner, selon le premier responsable du secteur de l'agriculture, une superficie pilote estimée à environ 4 500 hectares englobant les wilayas de Tlemcen (1 000 ha), Oran (350 ha), Boumerdès (350 ha), Bordj Bou Arréridj (250 ha), Sétif (800 ha ), Constantine (600 ha), Mascara (300 ha) et Ouargla (800 ha). Toujours selon ce dernier, le programme sera élargi à une superficie de 200 000 hectares avec l'utilisation de 1,2 milliard m3 à l'horizon 2020. Rappelons, dans ce cadre, que le programme quinquennal de développement 2010-2014 prévoit la réalisation de 40 stations de traitement de 1,2 milliard m3 d'eaux usées dans les dix prochaines années. À retenir aussi que 27 nouvelles stations d'épuration des eaux usées ont été réceptionnées durant le quinquennal 2005-2009, alors que plusieurs périmètres irrigués ont été réceptionnés au cours du quinquennat précédent pour une superficie globale de 48 000 hectares. Pour ce qui est du quinquennat 2010-2014, les prévisions du ministère des Ressources en eau tablent sur une superficie des grands périmètres irrigués qui devrait atteindre 270 000 hectares en 2014, contre 157 000 hectares en 1999 et 219 000 hectares en 2009. Ceci dit, il y a lieu de souligner que la petite et moyenne hydraulique devraient passer à 1,2 million d'hectares à la même échéance, contre 350 000 hectares en 1999 et 914 000 hectares en 2009, alors que le nombre de retenues collinaires, selon les prévisions officielles, progressera à 581 en 2014, contre 304 il y a 11 ans et 407 en 2009. Par ailleurs il y a lieu de souligner en ce qui concerne l'encouragement à l'irrigation d'appoint, que le ministère de tutelle a mis en place tout un dispositif de soutien, par le biais du Fonds national de développement de l'investissement agricole (Fndia), pour la promotion des systèmes d'irrigation économiseurs d'eau à la parcelle. Il s'adresse aux porteurs de projets parmi les agriculteurs et les éleveurs, à titre individuel ou organisés en coopératives ou groupements d'intérêts communs, aux entreprises économiques intervenant dans les activités de production agricole, de valorisation et d'exportation des produits agricoles et agroalimentaires, ainsi qu'aux fermes pilotes. Pour les agriculteurs et les éleveurs porteurs de projets organisés en coopératives ou groupements d'intérêts communs, le financement accordé est situé à hauteur de 60% du coût des équipements d'irrigation acquis, contre 50% pour ceux exerçant à titre individuel. Notons que les wilayas du Grand Sud (Adrar, Tamanrasset, Illizi, Béchar, Ghardaïa et Tindouf) bénéficient, au titre de cette décision, d'une majoration de 10% vu les charges élevées pour les investissements au niveau de ces wilayas. Ces mesures d'encouragement visent la généralisation de l'utilisation des systèmes d'irrigation économiseurs d'eau. C'est pour dire, enfin, que grâce à tous ces programmes et à la généralisation des systèmes d'irrigation, l'écueil du stress hydrique pourra être surmonté et partant, la sécurité alimentaire du pays atteindre un taux de satisfaction appréciable qui nous mettra à l'abri des fortes fluctuations des prix des blés sur les marchés mondiaux. Z. A.