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«Prospecter de nouvelles ressources pour assurer l'irrigation agricole» M. Abdenacer Kheireddine, directeur au ministère de l'Agriculture et du Développement rural à la Tribune :
La Tribune: Le développement de l'agriculture irriguée constitue une préoccupation majeure des pouvoirs publics. Qu'en dites-vous ? M. Abdenacer Kheireddine: Le développement économique et social ne peut se faire sans le développement de l'agriculture. Et dans le cas de notre pays, dominé par une agriculture pluviale et se trouvant dans beaucoup de cas confronté à une rareté et/ou à une distribution irrégulière des pluies dans le temps et l'espace, la maîtrise de l'irrigation est une nécessité absolue, d'autant que l'Algérie aspire à améliorer sa sécurité alimentaire. Aussi, du fait que notre pays est marqué par un taux de croissance démographique, cela nécessite l'augmentation de la productivité agricole et le besoin de mettre en valeur l'irrigation qui ne cessera de croitre, ce qui induira une intense mobilisation des ressources hydriques en vue de la satisfaction des besoins alimentaires, fondamentaux et du relèvement du mieux-être d'une grande proportion de la population.
L'objectif visé, à ce titre, est d'atteindre 1-6 million d'hectares de terres irriguées à l'horizon 2014. Qu'est-ce qui a été réalisé jusqu'à maintenant ? L'objectif global visé, et qui s'inscrit dans le cadre de la politique du renouveau agricole et rural, est l'accroissement de l'irriguation pour atteindre une superficie irriguée de 1 640 000 ha à l'horizon 2014, avec la généralisation des systèmes d'irrigation économiseurs d'eau sur 900 000 ha, ainsi que l'introduction de l'utilisation des eaux non conventionnelles dans l'agriculture (les eaux usées, épurées, le dessalement d'eau de mer…). Aussi, il est visé la sécurisation à hauteur de 70% de nos besoins alimentaires, le tout pour un besoin en eau incompressible de l'ordre de 12 milliards de m3. Tout en valorisant les ressources en eaux existantes et en prospectant pour de nouvelles ressources en eaux conventionnelles et non conventionnelles.Il faut savoir que l'irrigation ne cesse de se développer, d'où la nécessité de prospecter davantage sur les possibilités des ressources hydriques pouvant répondre à ce besoin dans le futur. A titre de comparaison, nous remarquerons une nette évolution du potentiel en terres irriguées qui, ces dernières années, a permis une extension significative de la superficie irriguée. Cette dernière est passée de 350 000 ha en 2000 à 1 million d'ha à fin 2011, soit une augmentation de 650 000 ha, avec une superficie équipée par les systèmes d'irrigation économiseurs d'eau qui est passée de 75 000 ha en 2000 à 450 000 ha à fin 2011, soit une augmentation de 375 000 ha (En goutte-à-goutte et aspersion).De cette évolution, il est à signaler l'effort consenti par les pouvoirs publics qui a permi d'accroître les superficies irriguées et qui s'explique, surtout, par les efforts enregistrés et la dynamique remarquée pour la mobilisation de la ressource en eau et l'introduction de nouvelles techniques d'irrigation, telle que le localisé (le goutte-à-goutte) et, ce, grâce au programme de soutien de l'Etat, notamment en matière de soutien à la réalisation des ouvrages de mobilisation des eaux souterraines et de surface et à leur équipement, l'acquisition des systèmes d'irrigation économiseurs d'eau et l'encadrement par la formation et la vulgarisation.
L'état des lieux des perspectives en terre et en eau montre une pression grandissante exercée par la ville et l'industrie sur l'eau mobilisée pour l'agriculture. Ceci limite les possibilités de développer l'agriculture irriguée. Qu'en dites-vous ? Tout programme de développement (urbanisme, industrie, etc) devra prendre en considération la rareté comme étant un fait et non pas un phénomène dans le temps, car les ressources naturelles (eau et sol) sont affectées en permanence et leur préservation devenues primordiales. A cet effet, la maîtrise et la gestion rationnelle de ces ressources s'avèrent indispensables, surtout dans les régions reconnues par leur haut potentiel naturel.S'agissant des possibilités de développer l'agriculture irriguée, qui ne peuvent être considérées limitées, dans la mesure où le constat sur les ressources naturelles, disponibles et exploitables fait ressortir, parfois, en grande dimension, le manque de maîtrise dans l'exploitation, l'utilisation irrationnelle sans économie quelconque, tout cela conjugué avec un contexte d'aridité fait que le système de production ne soit pas stable et performant puisque largement dépendant de la pluviométrie qui est fortement aléatoire. Cet état de fait a poussé les pouvoirs publics, notamment le secteur agricole, à se prononcer sur les priorités dans l'affectation de ces ressources et les moyens nécessaires pour leur préservation et valorisation, stratégie traduite dans la politique du renouveau agricole et rural.
Quelles sont, ainsi, les mesures menées par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural pour lever cette pression ? Le secteur agricole, qui connait depuis une décennie une dynamique de développement qui tend à répondre aux impératifs de l'adaptation aux changements climatiques et de sécurité alimentaire, nationale, s'est toujours préparé à relever les défis majeurs, traduits par la politique de renouveau agricole et rural et, de cette conviction de la situation, le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a, depuis 2008, élaboré et mis en application, en concertation avec le secteur des ressources en eaux, le programme de l'économie de l'eau. Lequel vise notamment l'extension de la superficie irriguée et la rationalisation de l'utilisation des ressources hydriques, seules garantes de la stabilisation du système de production nationale et, par conséquent, l'amélioration du niveau de sécurité alimentaire, la protection et la valorisation des ressources naturelles et de garantir un développement harmonieux et équilibré des territoires agricoles et ruraux.Il y a lieu de souligner que l'eau reste l'élément primordial et ressource rare, difficilement mobilisable et parfois non renouvelable, l'eau d'irrigation doit être destinée à des spéculations plus rentables : celles constituant la base alimentaire et celles de grande plus-value qui permettraient plus ou moins d'équilibrer la balance entre les coûts d'investissement et la rentabilité socioéconomique, dans la vision d'un développement durable respectueux de l'environnement.
Les contraintes climatiques et structurelles qui pèsent sur l'agriculture irriguée en Algérie imposent une gestion rigoureuse en eau. Quelle est la politique du ministère de l'Agriculture et du Développement rural pour le développement de l'irrigation d'appoint ? La céréaliculture en Algérie étant totalement conduite en système pluvial, elle demeure, de ce fait, dépendante de conditions agroclimatiques aléatoires et de phénomènes récurrents, extrêmes qui menacent la production céréalière et, par conséquent, la sécurité alimentaire nationale.Afin de sécuriser cette production, quelles que soient les conditions climatiques, le recours à la pratique de l'irrigation d'appoint des céréales devient incontournable comme l'une des alternatives les plus appropriées pour assurer un minimum stratégique de production.Il faut souligner que depuis 2008, la relance par le secteur de l'agriculture du programme spécifique d'amélioration de la productivité des céréales par l'irrigation, dans ce sens des actions ont déjà été initiées à partir de la campagne agricole 2008/2009 avec plus de 30 000 ha de céréales menés par cette pratique pour atteindre près de 120 000 ha en 2011/2012, avec sa généralisation à quarante-trois wilayas pour un objectif fixé, pour 2014, de 600 000 ha. Mais bien que le degré de sensibilisation à la nécessité de l'irrigation d'appoint des céréales soit devenue, désormais, perceptible, il n'en demeure pas moins que la marge d'effort restant à accomplir est considérable, en comparaison avec le potentiel existant.