Photo : S. Zoheir Par Bahia Aliouche En dépit du déficit en ressources en eaux, en Algérie, ces dernières années, le gouvernement affiche la volonté de poursuivre l'accroissement des superficies irriguées. Les objectifs retenus par le département de Rachid Benaïssa portent ainsi le total des superficies irriguées à deux millions d'hectares à l'horizon 2015/2020, soit 25% des surfaces arables. A moyen terme, la superficie des terres agricoles, irriguées, estimée actuellement à 900 000 ha, passera à plus de 1,6 million d'ha. Le ministère de l'Agriculture et du Développement rural a ainsi mis en place tout un dispositif de soutien, par le biais du Fonds national de développement de l'investissement agricole (Fndia), pour la promotion des systèmes d'irrigation économiseurs d'eau à la parcelle. Ledit dispositif s'adresse aux porteurs de projets parmi les agriculteurs et les éleveurs, à titre individuel ou organisés en coopératives ou groupements d'intérêt commun, aux entreprises économiques intervenant dans les activités de production agricole, de valorisation et/ou d'exportation des produits agricoles et agroalimentaires, ainsi qu'aux fermes pilotes. Pour les agriculteurs et les éleveurs porteurs de projets organisés en coopératives ou groupements d'intérêt commun, le financement accordé est situé à hauteur de 60% du coût des équipements d'irrigation acquis, contre 50% pour ceux exerçant à titre individuel. Notons que les wilayas du grand Sud (Adrar, Tamanrasset, Illizi, Béchar, Ghardaïa et Tindouf) bénéficient, au titre de cette décision, d'une majoration de 10% et, ce, vu les charges élevées pour les investissements au niveau de ces wilayas. L'irrigation, faut-il le souligner, se fera en recourant à des ressources non conventionnelles, telles que la réutilisation des eaux épurées ou le dessalement de l'eau de mer. Un programme ambitieux visant l'utilisation optimale des eaux épurées a été ainsi décidé par la tutelle en collaboration avec le ministère des Ressources en Eau. Il concerne, selon le premier responsable du secteur de l'agriculture, une superficie pilote estimée à environ 4 500 hectares englobant les wilayas de Tlemcen (1 000 ha), Oran (350 ha), Boumerdès (350 ha), Bordj Bou Arréridj (250 ha), Sétif (800 ha ), Constantine (600 ha), Mascara (300 ha) et Ouargla (800 ha). Le programme sera élargi à une superficie de 200 000 ha avec l'utilisation de 1,2 milliard m3 à l'horizon 2020. Rappelons, dans ce cadre, que le programme quinquennal de développement 2010/2014 prévoit la réalisation de 40 stations de traitement de 1,2 milliard m3 d'eaux usées dans les dix prochaines années. Grâce à ce programme et à la généralisation des systèmes d'irrigation, l'écueil du stress hydrique pourra être surmonté, notamment dans la région ouest du pays soumise à l'irrégularité de la pluviométrie. Dans la wilaya de Tlemcen, à titre d'exemple, les pouvoirs publics se sont efforcés de résoudre l'épineuse équation entre les ressources en eaux et la satisfaction des besoins en eaux de la population, de l'industrie et de l'irrigation et ce, en recourant à l'utilisation des eaux dessalées à partir des deux stations de Honaïne et de Souk Tleta d'une capacité de 200 000 m3 cubes par jour chacune. Quant à la wilaya d'Aïn Témouchent, elle verra, cette année, ses capacités d'irrigation agricole renforcées par la réalisation, en cours, de deux petits barrages inscrits au titre des plans sectoriels de développement (PSD) de l'exercice 2011. Ces deux projets sont implantés, respectivement, dans les localités d'Oued Besbès (commune de Sidi Boumediène) et Ouizert (Ouled Boujemâa). Ils assureront à la wilaya des quantités supplémentaires destinées à l'irrigation de l'ordre d'un million de m3 pour le premier ouvrage et 964 000 m3 pour le second. Une fois achevés, ces petits barrages porteront les capacités des retenues collinaires et petits barrages de la wilaya d'Ain Témouchent à 10 millions de m3 que totaliseront les sept petits barrages et trois retenues collinaires, existantes. Actuellement, cette quantité totale est estimée à 8 millions de m3. Ces capacités seront doublées, à terme, avec la concrétisation du projet de barrage de Oued Berkèche, d'une capacité de retenue de 13 millions de m3. Il en est de même pour la wilaya de Mascara dont les eaux des barrages seront affectées à l'irrigation agricole après l'achèvement du raccordement de la région au complexe «Mostaganem-Arzew-Oran» (MAO) au réseau d'alimentation en eau potable, selon le ministre des Ressources en Eau, M. Hocine Necib. Une décision qui vient en réponse à un groupe d'agriculteurs ayant déploré l'insuffisance d'eau destinée à l'irrigation de leurs terres à la plaine «Hebra».