Le terrorisme menace le processus de transition politique en Tunisie, à la veille de la présidentielle d'octobre prochain, ont indiqué plusieurs rapports des services de renseignements locaux et étrangers, selon la presse tunisienne. Des groupes armés, affiliés à Ansar al-Charia, se préparent à commettre plusieurs attaques ciblées contre des institutions publiques et sécuritaires, non pas seulement à l'intérieur du pays, mais aussi dans les grandes villes et la capitale, Tunis, a rapporté Ech-Chorouk, un quotidien tunisien en langue arabe. Des enlèvements de personnalités politiques et du monde des affaires, ainsi que des rapts de syndicalistes et journalistes font partie de ce plan diabolique dont l'objectif est de négocier des rançons pour le financement des activités terroristes d'Ansar al-Charia. L'assassinat de certaines personnalités n'est pas à écarter, selon des sources sécuritaires tunisiennes qui se préparent à parer au pire. Les mêmes rapports ont précisé que les cibles visées par les terroristes, qui ont intensifié ces derniers mois leurs mouvements dans l'ouest et le sud-ouest tunisiens, sont les sièges des ministères, des administrations publiques, des commissariats de police et les détachements militaires, sans oublier les aéroports. Les banques et autres institutions financières sont aussi dans le viseur d'Ansar al-Charia, dont un des chefs, Afif Lamouri, a été arrêté jeudi à Sidi Bouzid, lors d'une opération des unités anti-terroristes, a indiqué hier un communiqué du ministère de l'Intérieur. «Trois mandats de recherche avaient été émis à son encontre (Afif Lamouri), pour son implication dans des affaires terroristes et des attentats», a précisé ce communiqué, dont des extraits ont été publiés par le journal en ligne Tunisie14.tn. Cette arrestation est intervenue parallèlement à l'arrestation, en l'espace de 24 heures, de 52 personnes, toutes recherchées pour terrorisme, a indiqué le ministère de l'Intérieur tunisien, dont les unités de lutte contre le terrorisme ont réussi à «démanteler une cellule terroriste spécialisée dans l'envoi et le recrutement des djihadistes dans des camps d'entraînement en Libye». Le retour de ces djihadistes en Tunisie a déjà soulevé l'inquiétude des autorités tunisiennes qui ont affiché également leur crainte d'un retour massif des Tunisiens partis combattre aux côtés des mouvements islamistes radicaux, en Syrie et en Irak, où ces derniers contrôlent de larges territoires des provinces frontalières entre ces deux pays. La récente déclaration d'Ansar al-Charia, qui a ouvertement affirmé son intention de mettre en place un Califat en Tunisie, comme cela vient d'être le cas dans les zones contrôlées par l'Etat Islamique en Syrie et l'Etat islamique en Irak et au Levant, confirme ces inquiétudes. La Tunisie court en effet un réel danger qui risque de compromettre le processus de transition politique, entamé depuis la chute de l'ancien régime de Ben Ali fin 2010. Les terroristes comptent agir en commettant des attentats-suicides dans les espaces publics, les métros, les trains, les marchés, les cafés et les restaurants, pour faire un maximum de victimes, civiles et policières. Les autorités tunisiennes ont récemment appelé les civils à les soutenir dans la collecte des informations afin de procéder à l'arrestation des personnes susceptibles d'appartenir aux groupes terroristes ou de les soutenir dans leurs plans de déstabilisation sécuritaire du pays. La Tunisie a également fait appel à l'aide de l'Algérie dans sa lutte contre le terrorisme qui, pour le moment, se concentre dans les zones frontalières avec l'Algérie. La dégradation de la situation sécuritaire en Libye constitue un élément d'inquiétudes pour les services de sécurité et l'armée tunisiens, qui ont besoin de moyens humains et matériels pour faire face au pire des scénarios dans les semaines et mois à venir. A noter que l'armée tunisienne poursuit toujours, dans plusieurs localités montagneuses des villes intérieures, sa traque des éléments terroristes d'Ansar al-Charia et des groupuscules se réclamant d'Al Qaïda au Maghreb islamique. L. M.