De notre correspondant à Sidi Bel Abbès Mohamed Medjahdi Sidi Bel Abbès, grande ville de l'ouest du pays, située à 80 km au sud-ouest d'Oran, et s'étendant sur une superficie de 8 300 km⊃2;, semble enregistrer un taux de chômage important dont l'importance peut se mesurer par l'ampleur du phénomène de l'économie informelle qui bat son plein. On entrevoit les contours de la crise économique et la situation d'une jeunesse en proie à des difficultés sans équivalents. Lors de notre enquête, nous avons constaté, et les spécialistes le confirment, que le secteur informel s'est développé au point de concurrencer, à son avantage, le secteur formel. La disponibilité des produits et la demande évolutive en raison de leurs prix abordables et de la faiblesse du pouvoir d'achat du citoyen sont les deux principaux facteurs qui ont fortement contribué à l'explosion de ces activités commerciales parallèles. Le rapport vendeur/acheteur, au-delà de la relation économique, est également renforcé par une convivialité absente dans le secteur formel et où les prix ne donnent pas lieu à des négociations. Et ce, bien que les travailleurs au noir ne bénéficient d'aucune protection sociale et les consommateurs d'aucune garantie sur le produit. A noter que la baisse croissante du pouvoir d'achat des salariés incite aussi les ménages à rechercher des revenus complémentaires dans le secteur informel pour joindre les deux bouts et faire face aux dépenses du mois. Tout se vend à Sidi Bel Abbès. Le visiteur n'a qu'à faire un tour aux quartiers de Graba et de Bendadi pour se plonger dans ce marché parallèle qui procure des gains faciles à certains et des pertes sèches à d'autres. En effet, l'évasion fiscale et le travail au noir pénalisent grandement les commerçants respectueux de la loi et de la réglementation -même si le commerçant «honnête» est aujourd'hui devenu une perle rare- qui perdent des clients. Il est donc clair que, dans la wilaya de Sidi Bel Abbès, le secteur informel est devenu une source de régulation pour les opportunités d'emploi tant pour les nouveaux chercheurs d'emploi, y compris les diplômés, que pour les chômeurs sans qualification. Cette activité illégale et ce commerce parallèle couvrent une large gamme de produits qui peut s'étendre encore à la commande. A peine formulée, la demande est satisfaite ; sinon, il vous est proposé de passer commande de l'objet qu'on vous rapportera sans faute dans des délais plus ou moins courts, selon les arrivages et les livraisons assurés par les trabendistes. Dans ces quartiers populaires et populeux, les vendeurs squattent les trottoirs pour y vendre de tout, effets vestimentaires, parfums, chaussures, téléphones cellulaires, téléviseurs, CD, DVD, etc. Dans cette région, l'économie informelle occupe une place importante dans la société. Elle est, selon des économistes, une réponse à une économie planifiée qui produit pénuries et chômage. Le marché parallèle est alimenté par des produits importés de manière plus ou moins illégale. Cette économie informelle est financée par une masse monétaire fiduciaire et le marché parallèle des devises qui a épousé la courbe d'évolution de cette économie. Pris en charge par les migrants puis par les cambistes au noir. Dans ces quartiers, les étals de vendeurs, qui sont venus squatter les bords des ruelles aux endroits stratégiques, ont fini par boucher le passage, gâchant le décor. La vente et l'achat se font au comptant. Mais pour faire face à la concurrence, le paiement à tempérament contre un chèque de garantie est parfois accepté, dans les cas où le client est connu (voisin, membre de famille, ami), généralement. A Sidi Bel Abbès, les responsables locaux s'accordent à dire que l'informel, devenu incontournable, doit être maîtrisé pour vraiment assurer à cette contrée des chances de succès dans ses efforts de développement. L'ouverture de débats sur ce phénomène, ses liens avec la contrebande et les activités de piratage, et sur les moyens de lutte contre le chômage est primordiale afin d'éradiquer cette activité. Même si cette économie reste un secteur qui absorbe le chômage, certains ont expliqué la nécessité de proposer des solutions de rechange pour tous les jeunes et les familles qui en vivent. Ainsi, les autorités de la wilaya de Sidi Bel Abbès doivent penser aux moyens d'intéresser les chômeurs à la création de PME ou à d'autres activités, telle l'agriculture.