Cinquante-huit familles de la commune de Bologhine ont eu la chance d'être relogées, vendredi dernier, dans des appartements neufs à Ouled Chebel, à l'ouest d'Alger. Plus précisément à la nouvelle cité 3 216 logements sociaux locatifs. De nouveaux logements réceptionnés et livrés dans l'urgence, sans eau, ni électricité, ni gaz naturel, suite au violent séisme de 5,6 degré sur l'échelle de Richter. Ce dernier ayant secoué tout l'Algérois et au moins cinq wilayas avoisinantes. Une surprise pour les familles bénéficiaires, mais aussi pour les responsables locaux, à leur tête le wali d'Alger, Abdelkader Zoukh et, avant lui, le ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, Tayeb Belaïz. Tous les deux ont été contraints d'agir vite, sur instruction du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, par tous les moyens dont ils disposent pour la circonstance. Cela afin d'éviter l'effondrement de nouvelles bâtisses et, par conséquent, d'autres pertes humaines. Pour rappel, la Protection civile fait état de 6 morts, dont trois par arrêt cardiaque et 3 après s'être jetés par la fenêtre, ainsi que 420 blessés suite à des mouvements de panique et des bousculades. Le déménagement, comme d'habitude, a eu lieu la nuit, en raison notamment des difficultés de transport durant la journée. Tout a été à la charge de l'Etat, la wilaya d'Alger ayant fait appel aux services de certains transporteurs privés (camions et fourgons) pour les meubles des concernés. D'autres familles ont été évacuées dans les mêmes circonstances et pour les mêmes raisons (vieilles bâtisses menaçant ruine et constituant un danger réel pour les habitants) à Bab El Oued. La cellule de crise, installée le jour même et présidée par le ministre, Tayeb Belaïz, a décidé d'expertiser quelques 2 000 logements, dans les quatre communes de Bab El Oued, la Casbah, Belouizdad et Bordj El Kiffan. Trois équipes du CTC (Contrôle technique des constructions) ont été chargées de l'opération. Et pour chaque famille occupant une maison qui menace réellement ruine, la wilaya réserve un logement, sur un total de 84 000 prévus dans le cadre de l'éradication de l'habitat précaire. Jusqu'à présent, et depuis la mi-juin dernier, quelques 4 700 logements ont été distribués sur un ensemble de 25 000 annoncés jusqu'à la rentrée scolaire 2014-2015. 11 000 logements devraient être réceptionnés d'ici la fin de l'année. A El Hamiz, dans la commune de Dar El Beïda, le nombre des familles relogées à Larbâa, dans la wilaya de Blida, après des oppositions et des hésitations, à cause notamment du problème du transport, est de 424. La plupart s'y étaient opposées mais ont finalement cédé, n'ayant pas d'autre choix que d'accepter, d'autant que leur nouveau lieu de résidence dispose de toutes les commodités. Une fois les familles «transportées», le bidonville a été rasé, comme c'était le cas d'ailleurs, à Bologhine, Bab El Oued et autres, afin d'empêcher l'émergence de nouvelles baraques. Malheureusement, malgré tous les efforts faits dans ce sens, des problèmes persistent et des familles font pression sur les autorités locales. Peut-être qu'elles sont dans leur droit, surtout que cela devient pratiquement le seul moyen de faire décider les responsables locaux à agir positivement, mais cela s'avère parfois irresponsable et pas du tout convenable à un moment décisif : l'approche de la rentrée scolaire, avec tout son lot de problèmes. En effet, pas plus tard que samedi dernier, des familles de Bologhine, n'ayant pas eu la chance d'être relogées comme les autres, ont manifesté leur colère dans la rue et réclamé des logements, dans l'immédiat, sous prétexte que leurs maisons, elles aussi, menacent ruine. D'autres citoyens, à travers différentes localités de la wilaya d'Alger, menacent de même par peur, entre autres, de voir des logements qui leur reviennent de droit, changer de destination. Chacun y va de ses arguments et beaucoup ont raison de craindre pour l'avenir. Ceci dit, il s'agit d'une opération très difficile à gérer et la moindre agitation pourrait tout saper et provoquer des conséquences fâcheuses. A ce titre, il est à rappeler que 5 opérations de recasement ont eu lieu jusqu'à présent, dans la wilaya d'Alger, dans le cadre de l'éradication de l'habitat précaire. Les menaces de séisme et les répliques qui suivent ne sont pas pour arranger les choses. La plupart des familles ont été relogées à Blida. Heureusement que cela s'est produit pendant les vacances scolaires, disons les vacances simplement. Façon de dire que les familles ont tout le temps de procéder aux changements nécessaires dans leur rythme de vie quotidien et surtout en ce qui concerne la scolarité de leurs enfants. La crise de la surcharge des classes, suite aux relogements effectués à Birtouta, il y a cinq à six ans, ne doit plus se reproduire. K. M.