La fièvre aphteuse affectant le cheptel bovin se propage sur le territoire national à grande vitesse. Jusqu'à samedi dernier, l'épizootie de fièvre aphteuse s'est étendue à neuf wilayas du pays, à savoir Sétif, Batna, Bouira, Médéa, Béjaïa, Tizi Ouzou, Constantine, Alger et Khenchela. Selon ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Abdelouahab Nouri, cette propagation est due à l'acquisition, par les éleveurs de ces wilayas, de bovins qui leur ont été vendus par les éleveurs de la daïra de Bir El Arch (Sétif), premier foyer de fièvre aphteuse découvert. Le premier cas de fièvre aphteuse a été ainsi découvert, fin juillet dernier, dans la daïra de Bir El Arch. Et ce, suite à une introduction frauduleuse sur le territoire national de bovins de Tunisie qui ont contaminé le cheptel local. Selon le directeur des services vétérinaires au ministère, Karim Boughanem, plus de 400 cas d'infection de bovins par la fièvre aphteuse ont été enregistrés au cours des derniers jours dans la wilaya de Sétif où 15 000 bovins ont été à ce jour vaccinés sur un cheptel bovin total de 130 000 têtes. Toutefois, en dépit des mesures prises pour éviter la propagation de la maladie, cette dernière continue à se propager touchant, outre Sétif, d'autres wilayas. C'est le cas de la wilaya de Tizi Ouzou qui s'approvisionne principalement en bovins à partir de la wilaya de Sétif. L'inspection vétérinaire de la dite wilaya a enregistré 17 foyers de fièvre aphteuse et 111 bovins contaminés par cette maladie, selon M. Kedour Hachemi Karim, inspecteur vétérinaire de wilaya. Ces 17 foyers sont répartis sur 13 communes. Sur les 111 bovins contaminés, 57 ont déjà fait l'objet d'un abattage sanitaire au niveau de trois abattoirs, retenus à cet effet, à savoir ceux de Tizi Ouzou, Boghni et Azazga. Le wali avait signé, jeudi passé, un arrêté portant interdiction de la tenue des marchés à bestiaux et de déplacement du cheptel, sauf pour abattage. Des cellules de veille, présidées par les chefs de daïras, et composées des présidents d'APC et de représentants des services agricoles et de l'inspection vétérinaire, sont installées au niveau de chaque chef-lieu de daïra. Parallèlement, une campagne de sensibilisation est menée auprès des éleveurs et des maquignons pour arrêter tout mouvement d'animaux et éviter d'introduire dans la wilaya le bétail. Dans la wilaya de Bouira, le bilan de la fièvre aphteuse s'est élevé à 40 cas, selon les données fournies, dimanche dernier, par la Direction des services agricoles (DSA). Selon le même responsable, des dizaines de nouveaux cas ont été enregistrés, ces derniers jours, dans plusieurs communes de la wilaya, à savoir notamment Aïn Tork, Guerrouma (ouest), Haïzer et Chorfa (est) et Oued El-Bardi (sud). Les autorités locales ont ainsi décidé de suspendre toute activité de vente au niveau des marchés à bestiaux, dont celui à caractère régional, sis à la sortie de la ville de Bouira, et d'interdire tout mouvement d'animaux parallèlement au renforcement du contrôle. L'inspection vétérinaire de Béjaïa a enregistré, quant à elle, quelque 65 cas de fièvre aphteuse les journées de mercredi à jeudi. Ces cas, confirmés ont été recensés au niveau de neuf communes, essaimés au niveau des quatre coins de la wilaya. En effet, on a dénombré ces cas dans les communes de l'est de la wilaya, à savoir Boukhelifa, Tichy et Darguina, mais également au sud-ouest de Béjaïa, en l'occurrence Semaoune, Beni Maouche, Seddouk, Akbou et Tazmalt. Le cheptel touché, en l'occurrence 58 bovins, 5 caprins et 2 ovins, a été localisé principalement dans des zones rurales. Selon les déclarations de l'inspecteur vétérinaire de Béjaïa sur les ondes de la radio locale, quelques 56 têtes de bêtes atteintes de ce virus ont été abattues dans des abattoirs et leurs abattis incinérés. Il a indiqué qu'après l'apparition de cette maladie, des mesures préventives ont été prises afin de stopper la propagation d'où la fermeture des marchés à bestiaux, suivie d'une part par le lancement d'une campagne de sensibilisation à l'adresse des éleveurs ; et d'autre part, par des contrôles de l'ensemble des élevages d'engraissement. C'est la raison pour laquelle des points de contrôle ont été installés aux frontières de la wilaya, à Kherrata, Melbou et Tazmalt, pour examiner tout mouvement de cheptel. À Constantine, des prélèvements ont été opérés sur du cheptel, jeudi dernier, par la Direction des services agricoles (DSA) de la wilaya qui suspectait des cas de fièvre aphteuse dans des exploitations agricoles situées dans deux communes, à savoir Aïn Abid et El Khroub. Le wali de Constantine, M. Hocine Ouadah, a ainsi pris la décision de fermer les marchés de bétail pour éviter une éventuelle contamination du cheptel par la fièvre aphteuse. Pour sa part, la Direction des services agricoles de la wilaya a mobilisé tout le personnel vétérinaire pour effectuer des opérations de contrôle au niveau de toutes les fermes disséminées à travers le territoire de la wilaya. Par ailleurs, 30 000 têtes de cheptel ont été vaccinées durant le mois de juillet dernier, sur un total de 52 960 que compte la wilaya, selon les responsables du service vétérinaire. La fièvre aphteuse a également touché la wilaya d'Alger, selon le Directeur général des services vétérinaires du ministère de l'Agriculture et du Développement rural. C'est exactement à Zéralda et Bouchaoui, à l'ouest Alger, qu'il a été ainsi enregistré, depuis dimanche dernier, des cas de fièvre aphteuse et 18 bovins ont été abattus pour empêcher la propagation de la maladie. Au total, 150 vaches ont été abattues, selon M. Boughalem qui conseille aux éleveurs de ne pas déplacer leur cheptel en direction des marchés ou vers d'autres régions. À signaler que le ministère de l'Agriculture a mis à disposition 35 000 vaccins destinés aux zones affectées et les zones avoisinantes en attente de réception de 900 000 vaccins le 9 août prochain. Près de 10 000 vétérinaires sont mobilisés à faire des prospections dans les élevages pour prendre les mesures nécessaires, c'est-à-dire, l'abattage immédiat des animaux affectés, la désinfection et la vaccination autour des foyers. L'Algérie n'a pas connu cette maladie depuis 1999 grâce à des campagnes de vaccination régulières. B. A.