L'Algérie n'interviendra pas en Libye. Cette question, qui fait polémique, a été définitivement tranchée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lors d'un entretien accordé à l'APS, en marge du Sommet Etats-Unis-Afrique qui s'est déroulé à Washington les 5 et 6 août. «Notre vision est claire sur cette affaire, nous n'acceptons pas d'interventions» en dehors des frontières, a-t-il réaffirmé. «Nous privilégions un règlement régional», a-t-il encore suggéré, estimant que la solution finale émanerait de l'intérieur même de ce pays, déchiré par une guerre civile depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, tué fin 2011. «Il faut parvenir à créer un consensus pour mettre en place un gouvernement et des institutions capables de diriger le pays, mais aller avec nos forces pour rétablir la situation n'est pas une solution et ne peut constituer une solution», a déclaré M. Sellal, rappelant au passage que «de toute manière la Constitution algérienne est claire sur ce type de situation, elle interdit à nos troupes, de traverser les frontières qui sont toutefois soumises à une surveillance renforcée de l'armée et des gendarmes garde-frontières». Le Premier ministre a insisté sur la résolution du conflit libyen par la voie du dialogue politique, seul, selon lui, à amener les milices et les islamistes armés à trouver une issue de secours. M. Sellal a défendu ce qu'il a appelé «l'approche algérienne», auprès des autorités américaines et des chefs d'Etat africains qui ont pris part au Sommet de Washington. «L'expérience algérienne sur le Mali a été bien appréciée (lors de ce sommet) il n'y a pas mieux que le dialogue pour régler les problèmes sécuritaires», a-t-il dit, en relevant que cette approche «a porté haut l'image de l'Algérie qui a réussi à créer un climat de négociation entre les différents protagonistes», a repris l'APS. «Nous avons porté le message que la force seule ne peut pas régler les problèmes sécuritaires. Tout le monde a compris l'expérience algérienne dans la lutte antiterroriste qui n'a pas réglé la question sécuritaire uniquement par l'usage de la force. C'était l'intelligence du président de la République de recourir à la politique de réconciliation», a-t-il souligné, concédant tout de même que la «question libyenne est très difficile». L'Algérie n'est pas le seul pays voisin de la Libye qui refuse toute intervention militaire sur le sol libyen. L'Egypte a aussi démenti toutes les informations faisant état d'une intervention armée en Libye. «Il n'a jamais été question d'intervenir militairement en Libye car notre armée est concernée uniquement par le maintien de la sécurité et de la stabilité de l'Egypte», a déclaré le ministre des Affaires étrangères égyptien, Sameh Choukri, rappelant lui aussi que «l'armée égyptienne a pour seule mission le maintien de la sécurité en Egypte», a rapporté la presse égyptienne. La Tunisie, le Tchad et le Niger sont sur la même longueur d'ondes que l'Algérie et l'Egypte, préférant par la mise en place d'un processus de paix qui réunira autour d'une même table tous les belligérants et les partis politiques, ainsi que les chefs de tribus influents en Libye. Pour rappel, les chefs de la diplomatie des pays limitrophes de la Libye ont rendu public un document de travail, à l'issue d'une réunion qui s'est tenue, les 13 et 14 juillet dernier à Hammamet, en Tunisie. Il a été clairement énoncé dans ce document que «la nécessité de respecter l'unité de la Libye, sa souveraineté et son unité territoriale, d'y arrêter toutes les opérations militaires, et d'inciter les protagonistes politiques à aplanir leurs différends à travers le dialogue et en optant pour le processus consensuel». Dans l'immédiat, mettre en place ce processus de discussions semble être impossible, en raison du refus des milices et des groupes islamistes à déposer les armes. Les combats se poursuivent toujours dans plusieurs villes libyennes, notamment dans la capitale Tripoli et à Benghazi, faisant depuis mai des centaines de morts et plus d'un millier de blessés. Les violences ont aussi contraint des milliers de personnes à fuir vers les frontières tunisiennes et égyptiennes. Les travailleurs étrangers ont également quitté la Libye où plusieurs pays ont décidé de fermer leurs ambassades jusqu'à nouvel ordre. L. M.