Des relations algéro-américaines toujours au beau fixe Il a exclu toute intervention de l'armée algérienne sur le territoire libyen pour aider à rétablir l'ordre. La polémique a enflé ces derniers jours à propos d'une éventuelle intervention militaire de l'Algérie en Libye. A partir de Washington (USA) où il a pris part au Sommet US-Afrique, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, qui a représenté le président Bouteflika, a mis les points sur les «i». Il a exclu toute intervention de l'armée algérienne sur le territoire libyen pour aider à rétablir l'ordre alors que les combats entre milices rivales y font rage dans un climat de profondes divergences politiques. «Il faut parvenir à créer un consensus pour mettre en place un gouvernement et des institutions capables de diriger le pays» mais «aller avec nos forces pour rétablir la situation n'est pas une solution et ne peut constituer une solution», a déclaré M.Sellal à l'APS, rappelant que la Constitution algérienne «interdit à nos troupes de traverser les frontières». «Notre vision est claire sur cette affaire, nous n'acceptons pas d'interventions étrangères à nos frontières, nous privilégions un règlement régional», a-t-il insisté, évoquant une situation «très difficile» en Libye «qui ne dispose ni d'une armée ni d'une police pour rétablir l'ordre». M.Sellal a réitéré le soutien de l'Algérie à la Libye et sa disposition à l'accompagner dans les domaines de la sécurité et de la justice. Il a rappelé que le Premier ministre libyen, Abdallah Al-Theni, l'avait sollicité pour une formation rapide des forces d'intervention militaire et policière de son pays. M.Sellal a abordé également la question libyenne à l'occasion d'un entretien avec le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. Il s'est aussi entretenu avec son homologue libyen auquel il a exprimé la volonté de l'Algérie de mettre fin à la crise qui secoue la Libye dans le cadre du dispositif des pays limitrophes mis en place en juillet dernier à Tunis. Mercredi dernier, l'Algérie, l'Egypte, la Libye, le Maroc, la Tunisie et les Etats-Unis ont exprimé, dans une déclaration commune à Washington, leur inquiétude face à la violence qui a créé une crise humanitaire tragique en Libye. Les six pays ont partagé la vision de l'Algérie de trouver une solution dans le cadre du dispositif de Tunis, appelant toutes les parties à adopter un cessez-le-feu immédiat et à engager des négociations en vue de trouver une solution à la crise. La force ne peut pas tout régler A l'occasion du Sommet US-Afrique, le Premier ministre algérien a participé aux débats consacrés à la sécurité et à la paix en Afrique. Dans son intervention, M.Sellal s'est employé à expliquer l'approche algérienne en matière de règlement des conflits régionaux. «L'expérience algérienne sur le Mali a été bien appréciée (lors de ce sommet) il n'y a pas mieux que le dialogue pour régler les problèmes sécuritaires», a-t-il dit, soutenant que cette approche «a porté haut l'image de l'Algérie qui a réussi à créer un climat de négociation entre les différents protagonistes». «Nous avons porté le message, que la force seule ne peut pas régler les problèmes sécuritaires. Tout le monde a compris l'expérience algérienne dans la lutte antiterroriste qui n'a pas réglé la question sécuritaire uniquement par l'usage de la force», a-t-il encore expliqué, faisant référence à la politique de la Réconciliation nationale adoptée en Algérie. Le Premier ministre a indiqué avoir insisté, lors de ces débats auxquels a pris part le président Barack Obama, sur la sécurité en Afrique qui doit être prise en charge par les Africains. Il a fait savoir que la partie américaine a bien compris cette revendication et a même dégagé un budget de 110 millions de dollars pour participer au financement de la création d'une force africaine d'intervention rapide. M.Sellal a plaidé pour le renforcement les capacités africaines de résolution des conflits, appelant à une coopération accrue avec les Etats-Unis dans les domaines du renseignement, de la formation et d'équipements spécifiques à la lutte anti-terroriste A propos des travaux du premier sommet Etat-Unis-Afrique, il a souligné que la rencontre lui a permis d'aborder avec le président Obama la situation en Afrique et les relations entre l'Algérie et les Etats-Unis. «On en a tiré de bons résultats, l'image de l'Algérie est bien appréciée par le monde politique américain et également celui des affaires», a-t-il estimé. L'appel de l'Algérie à Washington Dans sa déclaration au Sommet Etats-Unis-Afrique, l'Algérie a appelé à Washington au renforcement du partenariat afro-américain dans le domaine de la sécurité pour mieux répondre aux besoins du continent, où le paiement des rançons a accru la capacité de nuisance des groupes terroristes. «Le partenariat avec les Etats-Unis d'Amérique en matière de paix et de sécurité qui a déjà à son actif des résultats positifs devrait être renforcé pour mieux répondre aux priorités et besoins de l'Afrique», lit-on dans la déclaration de l'Algérie. Pour l'Algérie, la nature de la violence sur le continent a évolué ces dernières années avec la multiplication des groupes terroristes et leur jonction avec des réseaux de trafiquants de drogue, d'armes et d'êtres humains. Les revenus tirés de ces trafics, de la piraterie et du paiement des rançons, ont accru les capacités de nuisance des groupes terroristes, a relevé, à ce titre, le document.