Plus de 95 tonnes de résine de cannabis ont été saisies durant les six premiers mois de l'année en cours, soit une hausse de 25 tonnes de la quantité saisie durant la même période de l'année dernière représentant une augmentation de 36%, selon l'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Onldt). Le directeur général par intérim de l'Office, Mohamed Benhalla, a indiqué hier dans un entretien à l'APS que «toute la quantité de résine de cannabis saisie vient du Maroc» estimant que la situation «reste très inquiétante notamment pour la santé des Algériens et l'évolution de la criminalité». En effet, la quantité de drogue saisie englobe plus d'un kilo de cocaïne (1 191,126 grammes) contre 217,778 grammes saisis à la même période de l'année 2013, comme l'a précisé M. Benhalla tout en ajoutant qu'il y a également eu la découverte et l'éradication de 2 060 plants de cannabis et 7 470 plants d'opium. Les services de lutte ont également saisi 667 931 comprimés de substances psychotropes de différentes marques (une hausse de 14% des quantités saisies par rapport à la même période de l'année 2013). Pour le responsable de l'Office «les substances psychotropes saisies dénotent que les trafiquants de drogue font transiter ces substances par les frontières sud du pays. Il s'agit d'une importation illicite de laboratoires clandestins gérés par des trafiquants de drogue». L'Algérie est face à un danger réel du fait que le Maroc reste le principal pays producteur et exportateur de drogue au niveau mondial. Selon le rapport de l'ONU sur les drogues en 2014, le Maroc a produit 38 000 tonnes de cannabis, devançant l'Afghanistan, l'Ukraine et l'Azerbaïdjan. Selon un rapport de l'Office des Nations unies pour la drogue et le crime (Onudc) pour l'année 2014, la superficie consacrée à la culture de cannabis au Maroc est estimée à «57 000 hectares alors qu'elle avoisine 10 000 hectares en Afghanistan». Ces chiffres viennent conforter le rapport élaboré par l'Observatoire européen de toxicomanie et drogue pour l'année 2014 et publié à l'occasion de la Journée mondiale de lutte contre la drogue et le trafic illicite. Selon le document, le Maroc a maintenu sa place en tant que principal pays exportateur de résine de cannabis (Hachich) vers les pays européens. Le Royaume chérifien constitue à côté de l'Afghanistan le plus grand exportateur de cannabis dans le monde destiné notamment, vers les marchés de l'Europe de l'ouest et centre à travers les canaux de l'Espagne et le Portugal, a fait ressortir le rapport. Le Maroc ne semble plus se suffire d'inonder ses voisins et d'autres régions du monde par ses poisons en toute impunité puisqu'il pense même légaliser cette production. Ainsi et après les associations en 2008, des parlementaires de l'Istiqlal et du Parti de l'authenticité et de la modernité sont revenus à la charge et ont relancé le débat sur la législation du cannabis. Des projets de loi ont été déposés par les deux formations politiques pour demander la légalisation de la culture à des fins thérapeutiques et industrielles et solliciter l'amnistie pour les 48 000 cultivateurs qui vivent en semi-clandestinité dans le nord du pays. L'Istiqlal propose que la culture du cannabis soit limitée à cinq régions, Al Hoceima, Chefchaouen, Ouazzane, Tétouan et Taounate, tandis qu'une agence étatique devrait se charger de contrôler l'exploitation et la commercialisation ! Au Maroc, la culture du cannabis est officiellement prohibée, mais elle demeure la source principale de revenus pour les paysans. Une situation saugrenue où la culture n'est ni totalement interdite ni totalement légale. Face à ce danger, l'Algérie multiplie les moyens de lutte et déploie des efforts colossaux pour lutter contre ce phénomène. Près de 9 000 individus, dont 118 étrangers ont été interpellés par les services de lutte, durant les six premiers mois de l'année 2014 pour des affaires liées à la détention, trafic ou commercialisation de la drogue. En 2013, ce sont plus de 23 000 personnes qui ont été condamnées par la justice pour des affaires liées à la drogue. En plus de la lutte contre les trafiquants, l'Algérie débourse énormément d'argent pour la prise en charge des toxicomanes dont plus de 4 500 ont bénéficié d'une prise en charge dans des centres de traitement relevant du secteur de la santé durant uniquement le premier trimestre de cette année. H. Y.