Le vote par le Parlement d'une résolution sollicitant une intervention militaire étrangère urgente en Libye a donné lieu à de nombreuses manifestations à travers le pays. Des milliers de personnes sont sorties vendredi et hier dans les rues pour manifester leur mécontentement contre un éventuel retour des forces armées étrangères sur le sol libyen pour régler la crise sécuritaire, en constante dégradation depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Les protestations ont touché les principales villes libyennes, Tobrouk, Benghazi, Zouara, Misrata et Tripoli où les manifestants ont désapprouvé aussi le changement du lieu de la tenue des réunions du Parlement. L'Assemblée libyenne, issue des législatives du 25 juin 2014, tient ses réunions à Tobrouk, dans l'est libyen, en raison des violences armées qui se poursuivent dans la capitale Tripoli, où des tirs de roquettes ont été signalés vendredi et hier autour de l'aéroport international, actuellement occupé par les milices laïques Zenten. Pour une partie des Libyens, l'appel des députés à une intervention étrangère constitue «une trahison pour tous ceux qui ont versé leur sang pour la liberté de la Libye et la démocratie», ont rapporté les journaux locaux Libya el-youm, Al-Moustakbel et Akhbar Libya. «L'ingérence étrangère dans la crise est une atteinte à notre souveraineté nationale», ont dénoncé les manifestants, qui ont demandé un retrait de confiance à cette assemblée, ont rapporté les médias locaux. Les opposants aux décisions du Parlement ont par ailleurs affiché leur soutien à ce qui est appelé le Conseil consultatif de la révolution. Les médias libyens ont affirmé que des contre-manifestations ont eu lieu dans les mêmes villes, en guise de soutien aux actions du Parlement, qui a adopté à la majorité (111 voix sur 124) l'option d'une intervention militaire étrangère pour mettre fin à la guerre civile en procédant notamment au désarmement de toutes les milices et en luttant contre les groupes islamistes, dont Ansar al-Charia, un des plus dangereux mouvements terroristes aussi bien en Libye qu'en Tunisie. Jeudi soir, le Secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, a annoncé la nomination du diplomate espagnol Bernardino Léon en tant qu'envoyé spécial en Libye, où il dirigera la mission locale de l'ONU. M. Léon, auparavant envoyé spécial de l'Union européenne en Libye, va succéder au Libanais Tarek Mitri, arrivé à la tête de la mission de soutien à la Libye (Unsmil) en 2012. L'Unsmil a été mise en place en 2011 par l'ONU à la demande de Tripoli, pour l'aider à mener à bien la transition politique de l'après Kadhafi. Aujourd'hui, avec la dégradation de la situation sécuritaire, qui a contraint les étrangers à quitter la Libye, il ne sera pas facile à Bernardino Léon de mener sa mission, les milices et les groupes islamistes refusant tout cessez-le-feu proposé par le gouvernement de transition. L. M.