Israël a finalement été contraint d'accepter un accord avec les représentants de la résistance à Ghaza engagés depuis des semaines dans des pourparlers ardus dans la capitale égyptienne. L'accord sur un cessez-le-feu permanent a été trouvé après 50 jours d'une agression sanglante qui a fait plus de deux milliers de morts et de blessés parmi les Palestiniens et causant des destructions parfois irréversibles. Les Palestiniens ont fêté cette grande victoire sur l'occupant israélien après l'entrée en vigueur de la trêve suite à une guerre dévastatrice qui a fait 2 143 morts palestiniens. Une guerre qui a été menée avec vaillance par les militants de la résistance palestinienne semant le doute dans les quartiers généraux de l'armée de l'occupant. L'accord en question prévoit notamment l'ouverture des passages avec l'extérieur et un allègement de l'inhumain blocus imposé depuis 2006 par Israël et qui asphyxie les 1,8 million d'habitants de l'enclave, bafouant de la sorte la légalité internationale. Les questions les plus sensibles, comme la libération des centaines de prisonniers palestiniens, l'ouverture d'un aéroport à Ghaza ou encore la fameuse «démilitarisation» de l'enclave palestinienne voulue par Israël, doivent être discutées lors de pourparlers prévus au Caire dans un mois. Bien que le cessez-le-feu en vigueur suscite de nombreux espoirs, les points de divergence sont loin d'avoir été levés. Israël, l'histoire l'a démonté, reste un interlocuteur particulièrement fourbe et ne respectant aucun pacte. Faisant abstraction de ces détails, les Palestiniens ont célébré leur victoire contre un ennemi arrogant et bénéficiant d'une impunité inédite. Le mouvement de résistance Hamas, qui a infligé à l'armée israélienne ses plus lourdes pertes depuis 2006 avec 64 soldats tués, est sorti finalement victorieux du bras de fer avec Israël. C'est surtout l'option de la résistance qui en sort grandie après les douloureux sacrifices. La résistance a assuré avoir «défait la légende de l'armée israélienne qui se dit invincible» et obtenu l'allègement du blocus, revendication légitime des Palestiniens. Les responsables israéliens auront beau signifier que le Hamas «n'a rien gagné» et qu'il aura «subi des coups fatals», la réalité sur le terrain se suffit à elle-même. Loin des satisfecit du gouvernement, la presse israélienne était plutôt plus réaliste. «Trop peu et trop tard», estime le journal israélien Yédiot Aharonot à propos du bilan de l'opération meurtrière lancée le 8 juillet. L'accord de cessez-le-feu aura également provoqué une mésentente au sein des décideurs israéliens. «Israël a donné l'impression que nous voulions le calme à n'importe quel prix ce qui a diminué notre pouvoir de dissuasion», fera remarquer un ministre. Sur le plan international, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a salué l'accord, espérant que cette nouvelle trêve tienne, tout comme le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, qui a espéré que le cessez-le-feu sera un «prélude à un processus politique». L'Iran a salué la victoire des Palestiniens qui «a mis à genoux le régime sioniste». Sur le terrain il devrait immédiatement entrer en vigueur, «l'ouverture des passages pour des besoins humanitaires et des vivres, pour du matériel médical et tout ce qui va permettre de réparer les systèmes d'eau, d'électricité et de téléphonie mobile». La limitation de la zone de pêche à 3 milles nautiques devrait être levée pour passer à 6 milles (11km) puis à 12. La question de la réouverture (reconstruction ?) de l'aéroport et l'édification d'un port maritime restent en suspens. La reprise des importations de matériel de construction à Ghaza sont toujours sujet à discutions. La reconstruction des dégâts causés par Israël à Ghaza prendra des mois sinon des années. Près de 55 000 maisons ont été touchées par les bombardements dont au moins 17 200 totalement ou quasi-totalement détruites, selon le Bureau de coordination des Affaires humanitaires de l'ONU. M. B./Agences