Une atroce ligne interminable de cadavres jonche le sol, les jihadistes se surpassant par une cruauté inouïe Plus de 160 soldats syriens ont été exécutés par l'EI qui s'est emparé d'une base clé en Syrie, selon une ONG tandis que le président Obama a indiqué qu'il ne fallait pas s'attendre à des frappes aériennes à court terme. Ailleurs dans le pays, 43 Casques bleus de l'ONU étaient détenus jeudi sur le plateau du Golan par des groupes armés rebelles et 75 autres sont bloqués dans deux localités de la région, a indiqué l'ONU, le Conseil de sécurité appelant à leur «libération immédiate». Face à la montée en puissance de l'EI, engagé également dans une offensive chez le voisin irakien où il a pris de larges pans de territoire depuis le 9 juin, le président américain Barack Obama a expliqué jeudi depuis la Maison Blanche n'avoir «pas encore de stratégie» ajoutant que les Etats-Unis n'avaient pas à faire un choix en Syrie entre le régime de Bachar al-Assad et l'Etat islamique et qu'il entendait «continuer à soutenir l'opposition modérée». Réputé pour sa cruauté, l'EI, groupe extrémiste sunnite né en 2006 en Irak sous un autre nom et réapparu avec toute sa force en 2013 en pleine guerre en Syrie, a proclamé fin juin un califat islamique sur les régions conquises dans ce pays et en Irak. Après avoir été accusé de décapitations, persécutions et crucifixions, il est de nouveau passé à l'acte en exécutant mercredi et jeudi plus de 160 soldats syriens dans la province de Raqqa (nord) qu'il contrôle, selon Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, basé en Grande- Bretagne). Au moment de cette annonce, une vidéo filmée par des jihadistes et mise en ligne sur des sites jihadistes montrait des hommes, présentés comme des soldats, capturés puis exécutés dans une zone désertique. Sur les premières images, des dizaines de jeunes gens marchent sur une route désertique, en sous-vêtements, pieds nus, mains sur la tête, encadrés par des jihadistes armés dont l'un porte l'étendard de l'EI. Ensuite, après un gros plan sur plusieurs corps empilés, la caméra filme un peu plus loin une interminable ligne de dizaines de corps gisant côte à côte, face contre le sol. Une dizaine d'hommes, qui semblent être des habitants de la région, les regardent. Selon M. Abdel Rahmane, les soldats abattus par balles ont été capturés lors de la prise de la base 17 à Raqqa fin juillet, de celle de l'aéroport militaire de Tabqa dimanche dans la même province, et lors de leur fuite de l'aéroport vers la localité d'Esraya, plus au sud. Après leur prise dimanche de la base de Tabqa, dernier bastion aux mains du régime à Raqqa, les jihadistes contrôlent toute la province. Dans l'est de la Syrie, près de Deir Ezzor, des chasseurs bombardiers syriens ont tué «plusieurs chefs de l'EI, religieux et militaires dans un raid de l'armée syrienne sur une maison où ils étaient réunis», a indiqué M. Abdel Rahmane. Selon le Washington Post, au moins quatre otages détenus à Raqqa par les jihadistes de l'Etat islamique, parmi lesquels James Foley, le journaliste américain exécuté par ce groupe, ont été soumis à la simulation de noyade. Cette technique a été utilisée par la CIA lors de ses interrogatoires de suspects après les attentats du 11-Septembre. Les jihadistes de l'EI occupent désormais le premier plan du conflit en Syrie qui a fait plus de 190.000 morts depuis mars 2011 selon l'ONU. L'EI y combat aussi bien les rebelles que le régime et la branche syrienne d'Al Qaîda, le Front Al-Nosra. Dans une conférence de presse à la Maison Blanche, le président américain Barack Obama a indiqué «n'avoir pas encore de stratégie», alors que Washington avait laissé entendre depuis plusieurs jours de possibles frappes aériennes en Syrie contre l'EI. Mais les Etats-Unis sont dans une position délicate dans la mesure où Washington et Damas se retrouveraient dans ce cas de figure face à un ennemi commun. «Nous continuerons à soutenir l'opposition modérée car nous devons offrir aux gens en Syrie une alternative à Assad ou l'EI», a poursuivi M.Obama qui a jugé que le dirigeant syrien avait perdu «toute légitimité» sur la scène internationale.