À mi-chemin de la clôture de la 9e édition du Festival national du théâtre professionnel, c'est le grand lauréat de l'édition précédente qui est entré en lice, le Théâtre régional de Mascara avec une œuvre plus au moins étonnante intitulée Le cercle jaune ou el qorss el asfar. Ecrite par le jeune Fethi Kafi, une adaptation libre d'un texte du regretté Federico Garcia Lorca, la pièce est mise en scéne par Rabie Kechi. D'une durée d'une heure, cette œuvre nous propulse dans un futur sombre, plus précisément à sept siècles d'aujourd'hui dans un univers froid où le soleil n'existe plus. En effet, dans ce monde, il n'y a plus de place pour le soleil, une terrible réalité qui donne des conséquences désastreuses sur la condition de l'être humain. Dans un décor futuriste conçu par le scénographe Abderrahmane Zaâboubi, le metteur en scène nous plonge au cœur d'un conflit entre Eva qui s'est complètement livrée aux ténèbres et son neveu qui fait partie des «warm light» un groupe d'êtres qui aspire un futur meilleur où le soleil reparaîtra et apaisera tous les maux. Dans ce monde glacial, le cannibalisme fait des ravages et la nourriture est réduite à des comprimés incapables de rassasier les êtres. Dans cette pièce, la dualité entre le bien et le mal est représentée par le clan d'Eva qui s'est dévêtue de toute humanité et le clan d'Adele «warm light». S'inscrivant dans le genre expérimental, cette pièce théâtrale assez originale a réussi à capter l'attention du public et cela grâce à son écriture dramaturgique bien pensée et cadrée. La chorégraphie conçue par le jeune Aïssa Chouat a également bien porté le spectacle et a ouvert le champ à une meilleure interprétation des comédiens. Concernant ces derniers, ils étaient vingt-deux sur scène entre jeunes et anciens comédiens de différents théâtres régionaux. Mais celui qui a volé la vedette c'est sans doute le brillant Abdellah Djellab dans le rôle d'un clone sage. S'agissant de l'éclairage, il a été réduit, comme l'entend la pièce, à une lumière très faible installant ainsi une ambiance froide et lugubre. Avec cette nouvelle expérience théâtrale, le metteur en scène ainsi que l'auteur ont montré qu'ils n'ont pas froid aux yeux en s'aventurant dans ce thème futuriste avec des clins d'œil au genre science-fiction qui ont beaucoup plu au public. À J-1 de la clôture de cette 9e édition, le public retiendra sans doute la diversité qui a marqué les pièces présentées, mais surtout la récurrence des thèmes de l'enfermement et de l'aliénation. La condition humaine a aussi été portée sur les planches montrant ainsi une sérieuse réflexion de la part des artistes et théâtres régionaux sur ces sujets. W. S. M.