La Russie a proposé à la Chine sa participation dans le cluster de Vankor qui est le plus grand actif du pétrolier Rosneft, a déclaré le 1er septembre le président Vladimir Poutine à la cérémonie solennelle d'ouverture du chantier du gazoduc Sila Sibiri qui reliera la Russie à la Chine. «Ce projet devient possible grâce à un haut niveau de coopération entre la Russie et la Chine. Je profite de cette occasion pour exprimer ma gratitude à la direction chinoise et au président Xi Jinping pour leur soutien direct de nos efforts communs», avait affirmé le Président russe. Le nouveau gazoduc aura une longueur de près de 4 000 km et son débit annuel sera de 61 milliards de m3. Il longera l'oléoduc existant de grand diamètre «Sibérie de l'Est – Pacifique», ce qui permettra d'optimiser les frais d'infrastructure et d'approvisionnement en énergie. Le coût du projet est d'environ 770 milliards de roubles. Alexandre Passetchnik, directeur du département analytique du Fonds de sécurité énergétique nationale, estime que ce projet est d'un grand intérêt tant pour la Russie que pour la Chine : «Le projet est très vaste et rentable du point de vue des investisseurs du moment que Gazprom a reçu la première tranche du prépaiement chinois. Les accords sont signés et le financement sera assuré par Gazprom et les partenaires chinois. Si le gazoduc se prolonge plus à l'Est, il y aura sans doute des partenaires japonais et coréens. Tout dépendra de la situation dans les années 2018-2019 y compris en ce qui concerne les montants des investissements et leur faisabilité». La Compagnie nationale chinoise Cnpc peut recevoir jusqu'à 10% de participations dans la société anonyme russe Vankorneft, ce qui correspond à 1 milliard de dollars. Pour les Chinois, il était très important d'avoir une participation dans la production parce qu'ils veulent aller au-delà des simples livraisons. La Russie a donné suite à la demande de la partie chinoise pour souligner le caractère exceptionnel de la coopération avec le RPC. C'est la première fois que Moscou a fait un tel cadeau à une société étrangère. Dmitri Alexandrov, directeur de département à l'Institut russe d'études stratégiques, apprécie hautement le nouveau projet russo-chinois : «Pour la Russie, c'est plus que la possibilité d'accentuer son orientation vers l'Est. Nous en parlons depuis longtemps, à partir du début des années 2000. Et non pas depuis deux ans à cause des divergences avec l'Europe. Il faut tout simplement passer aux exportations plus équilibrées qui étaient jusqu'ici axées sur l'Occident». La Russie et la Chine peuvent signer un accord intergouvernemental sur les livraisons de gaz par la route Est en novembre 2014. Quant au contrat sur les livraisons par la route Ouest, il peut être signé en novembre lors du Sommet russo-chinois. Le fait que les contrats pétrogaziers russo-chinois aient coïncidé avec le relèvement de la note de la Russie qui a grimpé de 11 points, s'établissant à la 53e place dans le classement de compétitivité globale préparé par le Forum économique mondial, n'a donc rien d'un hasard. R. E.