Avant cela, les avertissements laissant la porte ouverte aux drames se faisaient nombreux, mais sans suite. Et il aura fallu qu'un joueur perde la vie dans un stade de foot pour que nos responsables, des plus hautes instances de l'Etat, se mobilisent enfin. Toutefois, sous fonds de parlotes et de débats stériles qui font de gros ravages dans l'environnement sportif. Beaucoup de promesses jamais tenues, des menaces, mais des sanctions au retentissement rare, jamais suivis d'effets. Ce doute qui subsiste quant à la capacité des dirigeants à contenir au lieu de contourner, sévir au lieu de simples menaces sans lendemain. En tout cas, même si beaucoup pensaient que le décès, tragique et condamnable, d'Albert Ebossé allait geler pour un bon bout de temps notre football, il faudra encore une fois repasser. La compétition officielle a repris ce week-end avec les matchs de Ligue 1 et Ligue 2 Mobilis notamment. Dans une ambiance funeste. Des gradins de la mort désespérément vides pour le club de Tizi Ouzou appelé à payer les pots cassés. Pour les autres. C'est la première mesure prise par la Ligue de football professionnel (LFP) présidée par Mahfoud Kerbadj. Une «sanction» qui s'étalera sur tout le reste de la saison pour les Canaris. La première parmi tant d'autres prévues «pour lutter durablement et intelligemment», comme le martèle Mohamed Tahmi, ministre des Sports, dans chacune des sorties médiatiques et réunions organisées avec tous les acteurs de la discipline, contre ce «pique» fulgurant de la violence que connaît notre football national. Un tournant dans la lutte contre la violence ? Cette fois, l'incident a fait le tour du monde. La mort d'Ebossé a été évoquée un peu partout sur la planète. On a pris l'habitude de laver le linge sale «en famille», mais cette fois, l'environnement footballistique du pays étant des plus délétères, sautait aux yeux et fera le tour de la planète. Tournera dans le mauvais sens. Mardi dernier, lors de sa réunion avec les 23 wilayas abritant les clubs de Ligues 1 et 2 professionnelles de football, Tahmi soulignait que : «L'incident ayant coûté la vie à Albert Ebossé (ex- joueur de la JSK) est dramatique, mais il ne s'agit pas de traiter ce cas en particulier. Notre but est de lutter intelligemment contre la violence dans les stades, et de manière durable car personne n'est à l'abri. Ce qui s'est passé à Tizi Ouzou peut se reproduire ailleurs, et c'est justement ce que nous cherchons à éviter.» Pour que cela ne se reproduise pas, de nouvelles directives, visant à lutter contre la violence dans les stades, ont été décidées lors de la dernière réunion interministérielle. Une affaire devenue celle de l'Etat désormais qui semble décidé à punir sévèrement les auteurs de troubles qui ternissent chaque week-end un peu plus l'image déjà singulièrement ternie du ballon rond algérien. Mieux, ne pas leurs donner l'opportunité de créer d'autres désordres faire, de nouveaux actes de vandalisme et protéger le sport roi d'une menace qui aurait pu le déchoir définitivement de sa couronne. S'ajoute au rang des «militants» les deux hautes structures du «sport à onze» algérien : la Fédération algérienne de football, présidée par Mohamed Raouraoua, et la LFP que Mahfoud Kerbadj dirige. La première instance a réitéré sa ferme intention d'éradique ces bêtises humaines à répétition et, dans ses récentes interventions médiatiques, Raouraou a tenu à affirmer que toute la famille du foot s'est engagée à combattre de la manière la plus ferme possible le fléau de la violence dans les stades: «Le code disciplinaire sera appliqué rigoureusement.Mieux, les sanctions seront aggravées. Il est temps de mettre un terme à ce fléau qui continue de porter préjudice au football algérien.» La loi devrait donc être durcie pour une thérapie plus profonde. Pour cela, la LFP a, pour sa part, préparé une code disciplinaire new-look et plus intransigeant sur le plan pénal. Une mouture soumise et adoptée lors de la réunion du bureau fédéral de la FAF jeudi dernier. Pas mal de démarches et d'intentions d'aller de l'avant afin d'éviter de nouveau drames. Vidéosurveillance, il était temps Il fut un temps où on parlait souvent trop... pour rien. Ne rien dire, ne rien faire. Laisser en l'état. Laisser pourrir. La résultante des discours creux aura finalement été dramatique. Sans précédant. Néanmoins, l'implication des autorités suprêmes dans cette énième tentative d'endiguer ce «désastre» pourrait faire pencher la balance et lui donner un aspect plus sérieux. Des décisions fermes. Le pénal s'y invite pour venir en aide à un organe de gestion souvent rattrapé par la réalité d'un sport pris en otage par des voyous qui ont souvent réussi à dicter leur loi malgré les efforts louables de la FAF surtout et les appels au calme fréquents. Cette fois, ceux qui pénètreront dans les enceintes footballistiques seront surveillés de près. Sous l'œil vigilant de caméras de surveillance dont ces dernières devraient être équipées bientôt. Auxquelles il faudra ajouter la formation de stadiers, en étroite collaboration avec la Dgsn. De nouvelles réglementations qui devront mettre néanmoins un certain temps pour être concrétisées. Le ministre des Sports le sait très bien. Toute thérapie a besoin de temps pour donner ses fruits et agir là où ça fait mal. La sécurité dans les stades est une nécessité pour le bon développement du foot. Cette discipline et rigueur derrière lesquelles on court depuis des lustres doivent être instaurées dans une société minée par des comportements indignes. Une rue de plus en plus violente qui a investi et infesté les stades censés être des lieux d'apaisement et de loisir. Hélas, beaucoup ne l'ont pas compris de cette manière. N'ont pas compris que le foot est un luxe. Les mentalités doivent changer pour espérer un jour que l'Algérie devienne une grande nation du football. Préserver au moins l'image positive que renvoie la sélection et prouver que derrière la vitrine, il y a aussi un peuple qui aime le football et prend du plaisir à le regarder. On peut mourir pour une passion, mais on ne peut pas ôter des vies pour un cuir. M. T.