Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a eu un agenda chargé ce week-end lors de sa visite aux Etats-Unis. Il s'y est entretenu avec son homologue américain sur la coopération internationale contre le terrorisme ainsi que sur les crises en Libye, dans le Sahel, en Irak et en Syrie, a appris l'APS de source diplomatique. Les deux ministres ont également évoqué la question palestinienne, a ajouté cette source, soulignant qu'ils se sont en outre, «félicités» de l'évolution positive que connaît le partenariat économique entre les deux pays. Le secrétaire d'Etat américain a mis en valeur «l'importance» des relations algéro-américaines ainsi que le «rôle positif» de l'Algérie sur les scènes régionale et internationale, mettant en évidence sa «contribution précieuse» à la lutte contre le terrorisme. Le chef de la diplomatie algérienne a souligné que l'Algérie est l'un des pays qui ont réussi à défaire le terrorisme en consentant de lourds sacrifices, ajoutant que son engagement dans cette lutte se traduisait par ses efforts pour asseoir la sécurité et la stabilité des pays voisins et bien au-delà de ses frontières. Ramtane Lamamra s'est également entretenu avec la conseillère à la sécurité nationale du président américain, Susan Rice. L'entretien a porté particulièrement sur la situation prévalant dans les régions du Maghreb et du Sahel et les efforts qu'entreprend l'Algérie pour le règlement pacifique et consensuel des crises qui secouent ces deux régions, notamment au Mali et en Libye, a-t-on précisé. Le chef de la diplomatie algérienne a, également, évoqué avec son interlocutrice d'autres questions internationales, y compris les défis posés par l'épidémie Ebola à l'Afrique et à la communauté internationale, a-t-on ajouté. Ramtane Lamamra a eu à développer, lors d'une conférence-débat à Washington, le rôle de l'Algérie en matière de sécurité au Maghreb et au Sahel, ainsi que les relations algéro-américaines. M. Lamamra, qui a été l'hôte du Centre d'études stratégiques et internationales (Ceis), a donné un aperçu sur l'histoire et la profondeur des relations entre l'Algérie et les Etats-Unis, et centré sa conférence sur la situation géostratégique actuelle dans ces deux espaces régionaux auxquels appartient l'Algérie. Dans ce cadre, il a évoqué les atouts géographiques, le potentiel économique et social ainsi que l'ancrage identitaire et la trajectoire de l'Algérie vis-à-vis des évolutions dans ces aires géopolitiques. S'agissant du Sahel, il a indiqué que l'Algérie a depuis toujours, apporté son «appui» et son «soutien» et manifesté sa «solidarité» aux pays de cette région, en particulier dans la lutte contre la sécheresse, la famine, l'insécurité, le terrorisme et le crime organisé. Il a ajouté que l'action de l'Algérie est guidée par «le principe de non-ingérence» dans les affaires intérieures des Etats voisins sans pour autant se départir de son devoir d'assistance à ces pays en cas de péril ou de défis sécuritaires majeurs. «Forte de son expérience avérée en matière de lutte antiterroriste et de conduite d'un processus politique de réconciliation nationale, l'Algérie s'est érigée en acteur naturel et incontournable de stabilisation régionale et assure un rôle de leadership dans le règlement des crises au Mali et en Libye, grâce à sa politique de solidarité et de bon voisinage portée par des efforts diplomatiques proactifs», a-t-il expliqué. Sur le Mali, M. Lamamra a affirmé que «les efforts de la médiation algérienne à la tête d'une équipe composée de plusieurs pays et organisations régionales, ont été couronnés par une feuille de route et une Déclaration de cessation des hostilités qui ont ouvert la voie à des négociations substantielles sur les questions politiques, institutionnelles, de défense et de sécurité, ainsi que sur des aspects de développement et de situation humanitaire, la justice traditionnelle et la réconciliation nationale», a-t-il précisé. Abordant la question sahraouie, il a rappelé la position traditionnelle de l'Algérie sur ce conflit qu'il a qualifiée de «test de crédibilité» vis-à-vis de la doctrine de décolonisation et des droits de l'Homme. Dans ce cadre, il a réaffirmé que l'Algérie qui accueillait sur son territoire un grand nombre de réfugiés sahraouis, soutenait le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Tout en rappelant «l'appui» de l'Algérie aux efforts des envoyés spéciaux de l'ONU pour le Sahara occidental, notamment les responsables américains James Baker et Christopher Ross, M. Lamamra a indiqué que la responsabilité de l'impasse préoccupante actuelle du processus de paix est bien établie dans le dernier rapport de M. Ban Ki-moon. Au sujet de la situation en Tunisie, le chef de la diplomatie algérienne a mis en exergue «l'appui multiforme» de l'Algérie au parachèvement politique de transition dans ce pays, à travers les élections législatives et présidentielle d'octobre et novembre prochains. Sur la crise en Libye, il a réitéré le rejet de l'Algérie de toute intervention militaire étrangère ainsi que son attachement à une solution consensuelle à travers un processus politique inclusif. M. Lamamra a fait savoir que l'Algérie a été sollicitée par différentes parties libyennes pour «faciliter» l'amorce d'un dialogue inter-libyen devant réunir autour d'une table toutes les parties libyennes qui rejettent la violence et le terrorisme et acceptent le pluralisme démocratique comme moyen d'accès au pouvoir. Abordant enfin, les relations algéro-américaines, M. Lamamra a relevé «la synergie» des efforts et l'existence d'une «vision commune» entre les deux pays sur plusieurs questions qui se développe, a-t-il dit, dans le cadre de consultations stratégiques visant à concevoir et élargir la coopération bilatérale dans différents domaines. A. E.