Lamamra, qui a été l'hôte du Centre d'études stratégiques et internationales (CEIS), a donné un aperçu sur l'histoire et la profondeur des relations entre l'Algérie et les Etats-Unis, et a centré sa conférence sur la situation géostratégique actuelle dans ces deux espaces régionaux auxquels appartient l'Algérie. Dans ce cadre, il a évoqué les atouts géographiques, le potentiel économique et social ainsi que l'ancrage identitaire et la trajectoire de l'Algérie vis-à-vis des évolutions dans ces aires géopolitiques. S'agissant du Sahel, il a indiqué que l'Algérie a depuis toujours apporté son « appui » et son « soutien » et manifesté sa « solidarité » aux pays de cette région, en particulier dans la lutte contre la sécheresse, la famine, l'insécurité, le terrorisme et le crime organisé. Il a ajouté que l'action de l'Algérie est guidée par « le principe de non-ingérence » dans les affaires intérieures des Etats voisins sans pour autant se départir de son devoir d'assistance à ces pays en cas de péril ou de défis sécuritaires majeurs. « Forte de son expérience avérée en matière de lutte antiterroriste et de conduite d'un processus politique de réconciliation nationale, l'Algérie s'est érigée en acteur naturel et incontournable de stabilisation régionale et assure un rôle de leadership dans le règlement des crises au Mali et en Libye, grâce à sa politique de solidarité et de bon voisinage portée par des efforts diplomatiques proactifs », a-t-il expliqué. Sur le Mali, Lamamra a énuméré les initiatives en cours et le plan d'action politique, sécuritaire et économique entériné par l'accord des protagonistes maliens, lors des dernières négociations tenues en Algérie dans l'attente d'un nouveau round, destiné à renforcer davantage « la feuille de route » des négociations dans le cadre du processus d'Alger agréé en juillet dernier. « Les efforts de la médiation algérienne, à la tête d'une équipe composée de plusieurs pays et organisations régionales, ont été couronnés par une feuille de route et une déclaration de cessation des hostilités qui ont ouvert la voie à des négociations substantielles sur les questions politiques, institutionnelles de défense et de sécurité, ainsi que sur des aspects de développement et de la situation humanitaire, la justice traditionnelle et la réconciliation nationale », a-t-il précisé. Abordant la question sahraouie, il a rappelé la position traditionnelle de l'Algérie sur ce conflit qu'il a qualifiée de « test de crédibilité » vis-à-vis de la doctrine de décolonisation et des droits de l'Homme. Dans ce cadre, il a réaffirmé que l'Algérie, qui accueillait sur son territoire un grand nombre de réfugiés sahraouis, soutenait le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination. Tout en rappelant « l'appui » de l'Algérie aux efforts des envoyés spéciaux de l'ONU pour le Sahara occidental notamment, les responsables américains James Baker et Christopher Ross, Lamamra a indiqué que la responsabilité de l'impasse préoccupante actuelle du processus de paix est bien établie dans le dernier rapport de Ban Ki-moon. Au sujet de la situation en Tunisie, le chef de la diplomatie algérienne a mis en exergue « l'appui multiforme » de l'Algérie au parachèvement politique de transition dans ce pays, à travers les élections législatives et présidentielle d'octobre et novembre prochains. A propos de la Mauritanie, il a exprimé sa « satisfaction » quant à la qualité des relations d'amitié, de solidarité et de confiance mutuelle qu'entretiennent les deux pays. Sur la crise en Libye, il a réitéré le rejet de l'Algérie de toute intervention militaire étrangère ainsi que son attachement à une solution consensuelle à travers un processus politique inclusif. Lamamra a fait savoir que l'Algérie a été sollicitée par différentes parties libyennes pour « faciliter » l'amorce d'un dialogue interlibyen devant réunir autour d'une table, toutes les parties libyennes qui rejettent la violence et le terrorisme et acceptent le pluralisme démocratique comme moyen d'accès au pouvoir. S'agissant de la situation au Moyen-Orient, en particulier en Irak et en Syrie, il a expliqué que la « solution durable », au-delà de l'urgence sécuritaire, résidait dans le règlement des « causes sous-jacentes », telles que la « frustration profonde » engendrée et vécue au sein des peuples arabes lors des 51 jours de bombardements israéliens sur Ghaza. Abordant les relations algéro-américaines, Lamamra a relevé « la synergie » des efforts et l'existence d'une « vision commune » entre les deux pays sur plusieurs questions qui se développe, a-t-il dit, dans le cadre de consultations stratégiques visant à concevoir et élargir la coopération bilatérale dans différents domaines.